Dominik Stolz, après un quadruplé contre Rosport qui a fait le buzz, a posé une main ferme sur le classement des buteurs. À 31 ans, il porte littéralement le Swift.
Ce devait être un duel des meilleurs buteurs de BGL Ligue entre le revenant Soladio et un Stolz inarrêtable. Finalement, Rosport – Swift a été un solo. Un remarquable numéro : quadruplé pour l’Allemand, qui émarge désormais à neuf buts inscrits en 2022 en seulement cinq rencontres, soit 65 % des buts du Swift cette année. «Ils n’étaient même pas très beaux, dimanche», se marre Clément Couturier, qui lui a délivré deux passes décisives le long de la Sûre, «mais en ce moment, tout tombe sur lui. On le voit moins dans le jeu, il fait moins de différences individuelles, perd même quelques ballons qu’il ne perdait pas avant, mais il est chirurgical !».
Au point qu’on a l’impression qu’en devenant trentenaire et en passant du F91 au Swift, Stolz a opéré une mue spectaculaire. Les statistiques sont formelles : il est passé de 28 buts en 75 matches de DN sur quatre saisons avec le club dudelangeois à 36 buts en 49 matches et deux saisons avec Hesperange. «Pourtant c’est le même !», assure Kevin Malget, qui l’a fréquenté au stade Jos-Nosbaum. «Mais ici, il joue plus haut, un peu comme deuxième attaquant.» «Et il n’a pas dans les pattes tous les joueurs potentiellement à 20 buts ou plus qu’on avait au F91, prolonge Mickaël Garos, autre «ex». Il a plus de responsabilités au Swift et surtout, on a évolué dans le jeu ces dernières semaines. En fin d’année dernière, on n’était pas patients et on balançait vite devant en espérant qu’il fasse seul la différence. Aujourd’hui, c’est plus construit.»
Ah si on lui laisse tirer les penalties, pourquoi pas 30 buts ? Parce que ça fait facilement dans les sept buts par saison, ça !
Le malheureux accident de la route de Dave Turpel (qui continue de se préparer pour revenir éventuellement en début de saison prochaine), en octobre 2020, puis la baisse de régime d’Hakim Abdallah en fin de saison dernière autant que la non-émergence de tous ceux qui auraient pu s’installer en pointe, auraient-ils laissé à l’Allemand l’espace qu’il lui fallait pour s’exprimer enfin ? Sa demi-volée fulgurante contre le Milan AC à San Siro (5-2), en novembre 2018, avait laissé entrevoir une capacité de finition sous-exploitée. Et c’est un fait qu’elle explose au grand jour actuellement, alors que la concurrence est moindre, malgré l’apport bienvenu de Mokulu. Au point d’aller taquiner les 30 buts, comme Turpel en 2018 (32) ou Zachary Hadji en 2021 (33) ? «Ah si on lui laisse tirer tous les penalties, pourquoi pas ?, hasarde Malget. Parce que ça fait facilement dans les sept buts par saison, ça !»
Venant d’un garçon qui avait mis huit, trois et cinq buts sur ses trois dernières saisons dudelangeoises, cet exploit serait aussi étonnant qu’avait été le sacre de meilleur buteur du pays d’Hadji, la saison passée. «Mais il a désormais sa petite vie au Luxembourg. Il est marié. Ça joue peut-être, indique Couturier. Et puis là, il n’évolue presque plus qu’avec des francophones, il est obligé de s’ouvrir un peu plus. C’est un Allemand. Droit. Froid. Mais je crois qu’il apprend le français. Quand on était à Dudelange, je ne le connaissais pas vraiment. Aujourd’hui, beaucoup plus. Et entre lui et moi, ça se ressent sur le terrain.» Mickaël Garos aussi, croit à l’hypothèse d’un Stolz qui va finir la saison en boulet de canon absolu tout simplement parce qu’il sait gérer son corps. Il rigole : «Depuis Dudelange, il n’a pas vraiment changé : tu ne le vois pas trop à l’entraînement. Il se gère et les coaches ne sont pas trop derrière lui. Attention, il fait tout comme nous, hein, mais disons qu’il ne va pas trop forcer non plus.» Et voilà comment on plante 19 buts en 20 matches.