Le Fola accueille Wiltz, ce mercredi soir. S’il gagne, il reprend la tête avec un goal-average d’au moins trois buts d’avance sur le Swift. Qui va vivre une soirée stressante.
«Je m’en fous, je regarderai après l’entraînement.» Tom Schnell n’est pas dupe. À 35 ans et quelques courses au titre derrière lui, le défenseur hesperangeois sait parfaitement que la séance de ce soir ne sera pas normale, même s’il fait comme si. Pendant que Pascal Carzaniga et ses joueurs se prépareront pour leur dernier match de la saison, un déplacement périlleux à Differdange qui pourrait valoir un titre, ils auront un curieux sentiment. Ils pourraient commencer leurs exercices dans le costume du leader et les terminer dans celui du dauphin, en fonction de ce qui se passera au Galgenberg.
Fola – Wiltz aurait dû se jouer le 21 avril. Le coronavirus qui a frappé le vestiaire nordiste en a décidé autrement et aujourd’hui, une grande partie de la course au titre va se jouer au stade Émile-Mayrisch. Comment les Hesperangeois n’en auraient-ils pas la boule au ventre ? «Oui, c’est certain, des coéquipiers vont forcément chercher à se tenir informés pendant la séance», admet Schnell, qui aurait plus que quiconque le droit de papillonner puisqu’il sera suspendu dimanche. «Mais je n’ai pas d’angoisse particulière pour ce Fola – Wiltz. Si on a de la chance, Wiltz fera un bon résultat. Mais dans la logique… le Fola va l’emporter.»
La question du goal-average est centrale
Du fatalisme ? Du défaitisme ? Cela transpirait déjà de la fin de rencontre du week-end dernier, après la victoire pourtant large, 4-0, contre Rodange. Parce que le Fola l’avait, lui, emporté 5-0, reprenant un petit but d’avance supplémentaire au goal-average. Il est à +2 ce soir mais s’il bat Wiltz, il sera au moins à +3 dimanche. Ex æquo au nombre de points avant la 30e journée, mais avec un retard de trois buts au coup d’envoi, le Swift ne partirait plus avec les faveurs des pronostics et il le sait. «À Differdange, il faudra déjà penser à gagner parce qu’ils ne nous feront pas plus de cadeaux que le Fola n’en aura contre la Jeunesse», pense savoir Schnell, qui sait ce que ça fait de gagner un titre au goal-average – il l’a fait deux fois avec le F91 –, mais pas de le perdre. «Je crois savoir que Differdange, qu’on avait battu au goal-average la dernière fois (NDLR : en 2017), l’a encore en travers de la gorge.»
Alors pour exorciser, l’ancien international anticipe déjà une éventuelle fin de championnat en queue de poisson. «On n’a plus perdu depuis la 5e journée. Mais on a fait beaucoup trop de matches nuls. Si tu te fais reprendre par Hamm ou Mondorf quand tu mènes 1-0, c’est entièrement ta faute. On se l’est déjà dit : c’est ça qui va nous manquer.» Attendons ce soir 21h15 et la sortie de l’entraînement pour savoir s’il «manquera» quelque chose avant le dernier match…
Julien Mollereau
Et si la cryothérapie les avait lâchés au plus mauvais moment ?
Wiltz a fait un match exceptionnel de rigueur, de sérieux et d’engagement dimanche, contre le F91 (0-0), coûtant peut-être le titre au club dudelangeois. Peut-il plier aussi les chances du Fola, quatre jours plus tard, alors qu’il jouera au Galgenberg son dixième match en 33 jours ? «C’est dur, confesse Chris Philipps. Il y a quelques blessures inévitables mais on s’en sort. Seulement on a beaucoup travaillé physiquement contre Dudelange et on va rencontrer un Fola qui va nous faire souffrir.»
Et le souci, c’est que Wiltz vient d’être lâché par sa chaîne du froid dans la toute dernière ligne droite… Car sa cabine de cryothérapie, qui tourne H24, a lâché, sourit Dan Huet. «Problème mécanique, depuis une semaine. C’est toujours comme ça quand il y a des boutons sur des machines. Il y a toujours des fils électriques derrière. Bon, on a remplacé ça par des bains glacés mais ce n’est pas le même effet sur les jambes.»
Bref, les Nordistes sont privés de leur outil de régénération numéro 1 en cette fin de saison étouffante. «En fait, la cryothérapie, quand tu la fais, tu ne la sens pas, mais quand tu ne la fais pas, tu le sens», synthétise Philipps. Il faut dire que cette équipe, qui ne peut pas énormément tourner, carbure à la «cryo» et ses -180° ces derniers temps. Parfois avec des séances à 23h, en revenant de matches à l’extérieur, en semaine. Ce qui nécessite un certain investissement du staff médical, qui venait de trouver une belle récompense dans la performance de ce week-end, avec grosse possession de balle contre le leader. Les gars de Dan Huet peuvent-ils le refaire, contre un leader putatif ? «On reste costauds. On va le voir…». Le Swift aussi, demande à voir !
J. M.