L’actuel leader du classement des buteurs, Zachary Hadji, explose un an après le départ de son grand frère, dont il devrait battre les records personnels.
Quand il est arrivé au Fola en 2012, cela a pris quatre saisons à Samir Hadji pour mettre en adéquation son statut âprement gagné de titulaire avec une aura de grand buteur. Une saison à six buts, deux autres à douze et une quatrième à quatorze avant, enfin, de passer le cut des vingt réalisations à 28 ans. Zachary, lui… fait tout plus vite.
Voilà qu’à sa deuxième saison et à 24 ans, il explose déjà tous les records et porte littéralement sur ses épaules l’attaque du leader. Et si son grand frère ne le voit pas encore en mesure de s’attaquer aux 32 buts de Dave Turpel en 2018, référence absolue de la dernière décennie («à l’époque, Dave le disait lui-même, des fois, il ne savait même pas comment il faisait pour marquer. Il lui suffisait de frapper au but»), Samir savoure le fait que Zachary puisse aujourd’hui postuler au titre de meilleur buteur de BGL Ligue : «C’est comme ça dans le football : un jour tu n’es personne et le lendemain, tu es quelqu’un. « Zac » est en train de fermer la bouche à tous ceux qui l’avaient enterré un peu vite.»
Tous les deux ne se voient pas des masses en ces temps de coronavirus, d’autant que l’épouse de l’attaquant toujours sous contrat avec Virton et toujours au chômage technique, attend un deuxième enfant et que la prudence s’impose. Mais Samir a le temps de regarder les livestream avec une tendance à aller à l’essentiel, c’est-à-dire à cliquer sur les buts de son cadet. Pas les occasions ratées, ce qui l’empêche un peu de savoir ce qu’il peut et doit travailler pour être encore plus costaud. Mais Samir Hadji, même de loin, a une théorie sur la question, de toute façon : «Il me fait penser à mon oncle, Youssouf (NDLR : ex-Nancy, Bastia, Rennes…). On ne peut pas nous comparer lui et moi, mais par contre, il est un peu comme Youssouf : maigre et rapide, dribbleur, bon de la tête… Oui, il y a des similitudes.»
Il sera de retour cet été ou en 2022
Y a-t-il eu un déclic, surtout ? Parce qu’entre l’attaquant à deux buts en 14 apparitions la saison passée et celui qui marque toutes les 71 minutes à l’heure actuelle, il y a un monde. Le départ du frère, peut-être ? Combiné à celui du joueur qui avait pris sa succession l’an passé, Moussa Seydi ? «Nous avions des situations similaires. On est arrivés tous les deux à court de forme dans des équipes qui tournaient bien. Dur de s’y faire sa place. Au bout d’un moment, moi, on m’a demandé de me focaliser sur les statistiques. C’est ce que j’ai fait. Pour lui, ce n’était pas évident de se faire sa place quand j’étais encore là, d’autant qu’on ne lui faisait pas assez confiance. Aurait-on pu jouer ensemble? Dans une équipe, il y a souvent un buteur, et pas deux. (Il rit) Si j’avais encore été là, on aurait peut-être réussi à couper la poire en deux. Quinze buts chacun, ça aurait fait un joli duo de frères ! Il aurait tourné autour de moi. Ou serait allé jouer 10 ou dans un couloir.»
Mais alors que Samir promet qu’on le reverra en Division nationale «la saison prochaine ou celle d’après», Zachary sera-t-il encore là pour lui donner la réplique, qu’il évolue dans son équipe ou une autre ? «Si jamais il a des touches cet été, au vu de la saison qu’il fait, je lui conseillerais de partir, quitte à gagner moins d’argent, glisse Samir. Moi, j’ai fait l’erreur de ne pas partir plus jeune pour une question d’argent, mais je le verrais bien aller tenter sa chance en Belgique ou aux Pays-Bas.» Après tout, ce serait logique. Le père, Mustapha, avait ramené le club en DN, son aîné y a remporté deux titres en y inscrivant 110 buts en sept saisons et lui est en passe d’entrer dans les livres d’histoire du club doyen par une porte encore plus grande.
Julien Mollereau