En pleine bourre avant la trêve, le dauphin vit un hiver contrarié entre blessures, covid et mercato. Pas de quoi perturber Stéphane Leoni, habitué à composer avec les aléas.
Il a beau relativiser, convenir qu’«il faut bien une trêve», Stéphane Leoni doit bien admettre aussi que celle-ci, pour avoir coupé ses ouailles dans leur série de six victoires consécutives en championnat (plus une en Coupe), revêtait à sa survenue mi-décembre un caractère assez frustrant. Ni les fêtes ni le temps n’auront vraiment permis de le dissiper : alors que la phase aller s’est pour le Progrès résumée à un chantier quasi permanent, entre départs tardifs, attaque à remodeler et blessures en pagaille, la préparation hivernale a, elle aussi, apporté son lot de contrariétés à Niederkorn.
«On n’était pas beaucoup à l’entraînement, déplore le coach français, privé durant une semaine de son capitaine Aldin Skenderovic, auteur d’un essai non concluant à Esbjerg (Danemark). Certains joueurs avaient le covid, d’autres sont partis…» En l’occurrence, Yann Matias (Mondorf), Kevin Holtz (Atert-Bissen) et, plus inattendu et plus problématique, Belmin Muratovic, parti sur le tard tenter sa chance en D2 roumaine (à Iasi). «C’est le projet du club, rappelle le technicien, beau joueur. Ça fait plaisir aussi de voir des garçons devenir professionnels.»
Skenderovic, l’ombre d’un doute
Alors que la sentinelle Brian Amofa, victime d’une nouvelle élongation, et l’avant-centre Sébastien Mazure, touché au genou lors de la première semaine de préparation et qui n’a repris que lundi, font aussi défaut ces temps-ci, le transfert avorté de Skenderovic ressemble à une rare bonne nouvelle pour Leoni, pas loin de devoir repenser toute la colonne vertébrale de son équipe pour défier samedi le F91, et tenter au passage de lui ravir sa place de leader. À condition, bien sûr, que le défenseur central digère vite son faux départ.
«J’espère le récupérer la tête à l’endroit», image le technicien qui, il l’avoue, aurait «bien aimé que ce match vienne plus tard». Ne serait-ce que pour disposer de davantage de marge pour intégrer les recrues, le défenseur Vincent Peugnet et l’attaquant Laurent Pomponi. Les deux Français n’ont posé leurs valises au Grand-Duché qu’il y a une semaine et auront certainement besoin de temps pour imprimer les principes de jeu de leur coach et donner leur pleine mesure, là où le brillant Mayron De Almeida avait cet été eu besoin de «quatre à cinq semaines pour être prêt» à son retour du Red Star.
Trouver un 10 ou innover
Pas question, toutefois, de «se chercher des excuses», avertit Leoni. Au vu de l’affiche et de l’enjeu, «la motivation doit venir naturellement» ce week-end, et compenser le léger retard pris durant ce mois de janvier contrarié. Surtout, en attirant Peugnet et Pomponi, «le club a fait ce qu’il fallait. On s’est quand même renforcés. On reste positifs et confiants. On a un groupe de qualité. Les automatismes vont arriver et une bonne concurrence va s’installer.» Elle est même déjà à l’œuvre dans le secteur offensif, où la place laissée vacante dans l’axe par Muratovic n’a pas encore trouvé preneur : «On le voit dans la préparation des actions, il manque un vrai 10.»
À défaut, et si personne n’émerge à ce poste, l’entraîneur niederkornois fera comme souvent : il «s’adaptera» et «changera peut-être» de système. Une simple question d’habitude : «Quand je suis arrivé au club (NDLR : en novembre 2020), il y avait déjà quatre ou cinq blessés. Et en fin de saison dernière, j’ai perdu quasiment toute mon attaque : Tekiela est passé pro (à… Esbjerg), Florik Shala est parti au Swift, le petit Issa Bah en Italie… On s’est adapté. On a eu du temps pendant la préparation estivale pour travailler, là on ne l’a pas, mais on va faire en sorte d’être prêts le jour J.» Une philosophie qui n’a pas trop mal réussi au Progrès, jusqu’ici.