Ryad Habbas, 23 ans, est impliqué dans 50% des buts de son club, qui s’accroche malgré l’état de son infirmerie.
Quand, une fois sur deux, votre équipe doit en passer par vous pour marquer, se sent-on une responsabilité ?
Non, enfin… moi quand je rentre sur le terrain, c’est pour prendre du plaisir et laisser ce côté “responsabilités”. Les responsabilités, je garde ça dans un coin de ma tête parce que je ne suis pas de la région, on ne me connaissait pas avant de prendre contact avec moi et qu’on ne m’a pas engagé pour rien. Donc forcément, des responsabilités, j’en ai.
Vu l’état de l’infirmerie et l’obligation, parfois, d’aligner des joueurs qui viennent simplement de revenir au terrain, avez-vous déjà dû jouer… diminué ?
C’est déjà arrivé, oui. Contre Strassen par exemple (NDLR : le week-end passé, qui l’a vu mettre un doublé), je ne m’étais pas entraîné de la semaine. Juste la veille. Heureusement qu’on a un bon staff médical qui vérifie, mais c’est vrai que dans notre situation, on est un peu forcés de prendre des risques. Et puis vu qu’on n’a que des matches serrés, dont aucun n’est plié tôt ce qui nous force à se battre jusqu’à la dernière seconde, on ne peut pas se permettre de gérer.
Votre coach a déjà dit que c’était un peu un miracle d’en être là…
Moi je ne parlerai pas forcément de miracle mais un petit exploit, ça c’est sûr. On ne s’attendait pas à recoller si vite. Après je dis ça, je suis joueur. Pour un coach, devoir gérer une situation comme la nôtre, oui, ça peut relever du miracle. Avec un groupe aussi restreint, peu de clubs auraient fait ce qu’on fait en ce moment. Et tant pis si on ne peut pas tourner, on soufflera plus tard.
Gérard Lopez a un peu ramené à Lille la politique de Monaco, du trading avec beaucoup de jeunes joueurs sauf ceux qui étaient déjà là, à qui on a coupé les contrats. Moi… j’avais signé trois ans
Vous surtout, vu votre importance pour les statistiques de l’équipe. Cela dit, c’est une situation dans laquelle vous vous retrouvez sans doute avec plaisir puisque vous avez toujours défendu votre envie de jouer dans l’axe plutôt que dans un couloir, nous avait expliqué le Differdangeois Maxime De Taddeo, avec qui vous avez évolué à Créteil.
(Il rit) C’est vrai. Depuis tout jeune, j’ai été formé dans l’axe. D’abord en tant que n°10, puis comme 9. Le couloir, ce n’est pas un poste que j’aime. C’est pourtant là qu’on me mettait à Créteil. J’ai essayé de faire l’effort, mais je n’étais pas à l’aise. Niederkorn a eu ce discours, de me dire que je serais en pointe. Cela m’a rassuré, même si le football de haut niveau est à la recherche d’avant-centres de gabarit. C’est toujours bien de leur montrer, à tous, qu’ils se trompent.
C’est bien de le faire depuis le Luxembourg, la patrie de Gérard Lopez, l’homme d’affaires qui, quand il a débarqué à Lille, a un peu signé la fin de vos espoirs de jouer en équipe première du LOSC ?
Il a un peu ramené la politique de Monaco, du trading avec beaucoup de jeunes joueurs sauf ceux qui étaient déjà là, à qui on a coupé les contrats. Moi… j’avais signé trois ans et j’étais en train de faire mes premiers pas en équipe première lors de ma deuxième année. Mais bon, j’accepte et je travaille. Le facteur chance, dans une carrière, c’est comme ça. Il m’a manqué un petit coup de pouce alors que j’étais bien parti. Je dois avoir ma part de responsabilité. Mais je suis encore jeune et le Progrès envoie beaucoup de joueurs chez les pros ces derniers temps.
Contre le F91, ce week-end, le Progrès joue-t-il déjà un peu ses chances de remonter sur le top 3 ?
C’est un concurrent direct entre guillemets. On n’a plus notre destin entre nos mains, mais les dirigeants ont toujours eu un discours positif. On a pu travailler, persévérer et on remonte… Et avec Chadli Amri (NDLR : l’adjoint de Stéphane Léoni), avec qui on peut parler librement, comme à un coéquipier, je reçois plein de conseils. Appels, replacements…
Vous n’allez pas nous dire qu’avec votre gabarit, c’est Chadli Amri qui vous a dit d’aller attendre les centres au deuxième poteau, comme sur votre but lors du derby differdangeois…
(Il rit) Non, non, ça c’est l’instinct ! L’instinct pur et dur !
Entretien avec Julien Mollereau