L’attaquant du RFCU commence à afficher de belles statistiques qui rééquilibrent les débats dans son club : dans la capitale, on ne dépend plus exclusivement de Mabella !
Ouf, Karim Rossi est passé entre les gouttes! Mardi encore, au surlendemain du match de reprise dans la tempête contre Rodange (2-1), remporté sur un doublé de son attaquant helvète, Jeff Saibene en était encore à râler et reprocher un manque d’efficacité désespérant de ses joueurs offensifs contre l’avant-dernier du championnat : «On aurait dû mener 5-0 à la pause et on se retrouve à éviter le match nul à la dernière seconde!»
Rossi, mention «bien», donc? «Il aurait pu en mettre deux de plus! En fait, non, il aurait DÛ en mettre deux de plus.» Jeff Saibene, pour le coup, ferait presque semblant d’être exigeant et d’ailleurs il l’avoue lui-même, Rossi, recruté à son initiative au dernier jour du mercato estival, est le type de joueur «qu’on ne doit pas juger sur ses statistiques».
Le Suisse de 27 ans, fait en effet partie de ces attaquants qui marquent peu et sont considérés avec un rien d’étonnement : lui qui a évolué en D1 belge (Zulte Waregem), D2 italienne (Spezia), D1 (Lugano) et D2 (Schaffhausen et Chiasso) suisses, D2 néerlandaise (Cambuur et Telstar), D2 suédoise (Eskilstuna) et D1 bulgare (Tsarsko Selo), a joué 132 matches en professionnel pour… 17 buts inscrits.
C’est peu? En effet, mais on ne dure pas à ce niveau sans apporter une contrepartie tangible à ce manque de statistiques. «Avec Karim, il ne faut pas réfléchir que comme ça, appuie Saibene. Il protège bien la balle, est très bon dos au but, est important en possession pour chercher entre les lignes et il peut même partir en profondeur.»
Il rêve de retournés et de triplés
On dit souvent que les attaquants marchent à la confiance. Comment ceux qui ne marquent pas ou très peu font-ils, alors? Sourire de l’intéressé, à qui l’on a souvent dû poser la question : «Question de caractère. Je ne doute jamais. J’ai vu beaucoup de clubs, beaucoup de pays et c’est ce que j’ai appris : ne pas douter.»
Rossi, au Racing, n’a pas eu le temps de douter. Il a débarqué à un moment de l’histoire du RFCU où Mabella monopolisait tout dans le secteur d’attaque. Le jeu et les chiffres.
Mieux, il a eu le bon goût de faire ses débuts au Grand-Duché deux semaines avant que Dembélé, le complément idéal du «patron» Mabella ne se blesse à la cheville pour de longs mois et ne laisse la place. Curieusement, au lieu de continuer à dérouler le fil monocorde de sa jolie petite carrière comme il le fait depuis 2014 et ses débuts en Jupiler Pro League, Rossi a eu un déclic : il a commencé à marquer.
En étant toujours décisif : au bout de chacun de ses six buts («huit en douze matches si l’on compte la Coupe», précise-t-il), il y a eu trois points pour son club. C’est donc un homme en confiance qui a répondu, mardi. Et que tente-t-il, lui, quand il est en confiance? «Un retourné bien sûr! J’aimerais bien avoir l’opportunité en match. À l’entraînement, j’essaye. Il faut juste avoir l’occasion. Ah et j’aimerais bien mettre un triplé aussi.» Dire qu’on vient seulement de le remarquer pour son doublé face à Rodange…
La Serie B italienne ne l’a pas amusé
La carrière professionnelle de Karim Rossi, gentil géant de la pointe d’attaque du RFCU a débuté sur les sommets… entourés de nains quand, jeune apprenti footballeur, il a commencé à apparaître aux séances d’entraînement de Stoke City, en 2014. Il y a là le dégingandé Peter Crouch et ses 2,01 m, mais aussi les minuscules Michael Owen (1,73 m) et Bojan Krkic (1,70 m). «Un autre monde», sourit le natif de Gilly, à quelques encablures de Nyon, où est installé le siège de l’UEFA.
C’est là, en Angleterre, que Rossi a fini sa postformation, entamée à Lausanne et au FC Zurich et appris a abordé le football sous un certain angle. Qui lui a fait regretter son passage en Serie B italienne où «tout était très tactique, avec des défenseurs très durs. J’ai eu beaucoup de mal avec leur approche du foot après le style très ouvert de l’Angleterre. J’ai adoré la Belgique et les Pays-Bas, où j’ai réalisé mes meilleures saisons, mais je retournerais à pied jouer en Angleterre s’il le fallait».
C’est un joueur qu’on ne doit pas juger sur ses statistiques
Vu que le Racing ne semble pas parti pour le lâcher, il lui faudra sûrement espérer, pour revoir l’«Île», une qualification européenne, les clubs luxembourgeois étant souvent confrontés à leurs homologues du Royaume-Uni, ces dernières années.
Ce pourrait être l’un des nouveaux sommets de sa carrière, lui qui a travaillé à Lugano (et disputé la finale de la Coupe de Suisse) sous les ordres d’un ancien coach de la Lazio, de Rome, de Naples… le coach Zdenek Zeman.
«Un grand monsieur, qui nous donne de l’intelligence, de la liberté, de la confiance», se remémore Rossi, qui a adoré et voit un peu le même genre de coach en Jeff Saibene, «un grand monsieur du foot en Suisse, qui a juste une vision plus organisée du foot». Et qui visiblement va lui demander de marquer plus de buts, dorénavant…