On l’attendait à la peine, voilà Rodange 7e de DN, deuxième meilleure défense et flanqué d’un nouveau système.
C’est à se demander comment les autres investissent! Donnez-moi leur argent et vous verrez!» Nedzib Selimovic, l’entraîneur du surprenant 7e de DN, vainqueur sans trop souffrir de son derby de vendredi contre Pétange (1-0), possesseur de la deuxième meilleure défense de l’élite (8, presque aussi bien que les 5 du F91), qui compte après dix journées seulement un point de moins que son total de la saison dernière avec… 17 matches, a pourtant tout changé cet hiver. Son 4-4-2 organisé, solide, méthodique, s’est mué en 3-5-2, que l’on a découvert le jour de la vraie reprise. Pourquoi? Plusieurs hypothèses, toutes valables, toutes vraies, toutes prometteuses. On remonte les pistes avant la rencontre face au Progrès Niederkorn.
1) NE PAS LÉSER LA DÉFENSE DE 2020
Rodange, même privé de son capitaine Henid Ramdedovic une bonne partie de la fin d’année 2020, a fini 33 % de ses matches de DN cette saison sans encaisser de buts. Alors forcément, une petite partie de l’effectif, consulté sur l’opportunité de passer à ce système à trois défenseurs, a vu dans ce changement de système une belle opportunité d’acheter la paix sociale en plus d’évoluer tactiquement.
Anthony Mfa, son gardien de but, par exemple : «Sans le capitaine, on jouait avec Nadeau et Semedo qui ont fait du bon boulot. Par respect pour ces joueurs, on ne pouvait pas tout chambouler.» Contre le Titus, Ramdedovic s’est ainsi installé entre les deux garçons et, à trois, ils n’ont concédé qu’une seule grosse occasion de but. Ménager les susceptibilités, bon calcul.
Il faut désormais penser aux ego, indique Ramdedovic, puisqu’il est vrai que le manque d’unité de cette équipe lui a parfois joué des tours : «On sait s’enflammer très vite. Et puis notre motivation de gagner est parfois si grande que ça prend des tournures désagréables. C’est pour ça aussi que les gens nous regardent de manière un peu négative.» Peut-être plus pour très longtemps.
2) COLLER AUX CARACTÉRISTIQUES DU GROUPE
Nedzib Selimovic a vite fait ses calculs. Il compte, dans ses rangs, quatre à cinq défenseurs centraux de qualité «à grande capacité athlétique et plein de maturité». «Pourquoi s’en priver?», se demande donc le technicien, qui relève que pour ce genre de système, qui réussit par ailleurs aussi bien au F91, leader du championnat, il faut des garçons «intelligents et qui ont de l’exigence» pour assurer la couverture. Ça, c’est pour l’aspect défensif.
Mais depuis son but, Mfa précise que même si les joueurs de champ placés devant lui «construisent mieux, avec un plus gros bloc et plus d’apport offensif» en 3-5-2, il y a encore «des lacunes». Peut-être l’affirmation de joueurs de couloir plus performants? Bref, Rodange n’a peut-être pas encore atteint son rythme de croisière. Ça devrait commencer à en inquiéter certains.
3) ENCORE MIEUX UTILISER LARRIÈRE
Alexis Larrière a pris très vite la mesure de cette équipe et de ce championnat, au point de devenir un rouage essentiel (notamment grâce à ses statistiques) en un claquement de doigts. Mais la question de son positionnement, dans un 4-4-2 qui lui offrait une position bâtarde à mi-chemin entre l’axe et la droite, n’était sans doute pas optimale. «Non mais le système, il n’est pas fait pour moi», sourit l’intéressé.
Mfa assure pourtant que son jeune coéquipier, recentré, pourra «se concentrer plus sur les tâches offensives, faire de plus petites courses» et aura «plus de lucidité encore devant le but». L’ancien attaquant du FC Metz ne cache pas qu’effectivement, le 3-5-2 aura des bienfaits offensifs, mais que cela ne tourne pas forcément autour de sa petite personne : «Quand on est en numéro 10, avec deux attaquants et des couloirs, cela offre beaucoup plus de solutions et d’opportunités de remise. On aura donc plus d’occasions et le bloc sera moins souvent coupé en deux.»
Tout cela fait bien rire le facétieux Nedzib Selimovic, visiblement content de sa trouvaille et conscient des améliorations à y apporter : «Chaque joueur de son envergure (NDLR : Larrière) aime bien avoir son jardin des plaisirs. Mais pour le moment, il faut encore que je bouge mes gars. Vous n’avez qu’à me regarder à la fin du match : à force de m’agiter, c’est moi le plus fatigué de l’équipe.»
Julien Mollereau