Les hommes d’Éric Picart pointent à huit points du premier barragiste et dix du premier non-relégable. Alors on ne plaisante plus !
«Le moral n’est pas bon, on s’approche à grands pas de la Promotion d’honneur.» Ça, c’était Yvon Dietz, directeur sportif de Rodange… avant la victoire vitale de son équipe à Mondorf (0-1), dimanche dernier. «Ça ne sert à rien, ça permet juste d’entretenir l’espoir. Mais si on avait perdu, on aurait pu effectivement commencer à se poser la question de la relégation.» Ça, c’était Éric Picart, entraîneur du club, qui ne parvient pas encore à s’enthousiasmer plus que ça… après la victoire vitale de son équipe à Mondorf.
Les chiffres sont têtus : la deuxième pire attaque du pays, la troisième pire défense du pays, continue d’accuser huit points de retard sur la première place qui lui permettrait de disputer les barrages. Et deux semaines après la claque monumentale reçue lors du derby contre Pétange, ce succès à l’arraché contre dix Mondorfois, pour crucial qu’il soit, n’empêche pas le staff rodangeois de broyer du noir. Même si, depuis le week-end passé, on est passé au gris foncé. «Mondorf puis Etzella, ce seront nos deux dernières chances. La victoire d’Etzella à Strassen (NDLR : 2-3, 17e journée) n’était déjà pas bonne pour nous, mais notre défaite contre Pétange (NDLR : le même jour, 0-4), dans le derby et contre un concurrent, elle, était catastrophique», avait complété Yvon Dietz avant de se rendre au stade John-Grün. Et s’il ne saute pas de joie aujourd’hui, c’est parce que celle de Wiltz au Racing (1-3) pour le compte de la 18e journée, elle non plus, ne fait pas les affaires de Rodange. Elle continue de maintenir cet écart qui semble monumental – de plus ou moins trois victoires – entre son équipe et son plus proche concurrent. Quand on n’a gagné que trois matches de toute la saison, cela ressemble à un gouffre.
Tout ça, ce sont des calculs. Et c’est justement le souci premier d’Éric Picart à l’heure actuelle : éviter que ses joueurs ne pensent plus qu’à ça. Aujourd’hui, vu la situation, il les invite plutôt à le rejoindre du côté obscur de la force. «À Mondorf,on n’a pas fait un match extraordinaire footballistiquement. Est-ce que je dois m’en offusquer ? Non. On savait que Mondorf se trouvait dans une situation dans laquelle ça commence aussi un peu à siffler pour eux. On a cru un moment, quand je suis arrivé, pouvoir encore créer du football et remporter des matches, mais à chaque fois, on en a été punis. On n’a tout simplement pas l’effectif pour aller gagner certains matches contre des gros et je n’ai pas encore eu ce que je voudrais, alors j’oublie ce que je voudrais et on va essayer d’aller chercher des victoires différemment.»
Le plus gênant, c’est que ce n’est pas Larrière qui devait le tirer, ce penalty
Quand le mot «différent» est lâché, à ce moment de la saison, par une équipe à la lutte pour le maintien, il n’y a plus à aller chercher bien loin : Rodange va commencer à refaire ce qui faisait son charme la saison passée, à savoir jouer bas et lancer ses flèches. C’était efficace et personne ne s’en offusquait. Jatta et sa taille, recrutés cet hiver, pourront en partie servir à allonger un peu si nécessaire. Mais il serait bon, aussi, que Rodange retrouve un Alexis Larrière en état de faire des différences.
L’ancien Messin, malgré des statistiques dans les clous de sa dernière saison (3 buts en 17 apparitions contre 6 en 28 matches la saison passée), semble un peu plus rongé par le doute devant le but. Cela se traduit très concrètement : à Mondorf, il a raté son troisième penalty de la saison. «Ce n’est pas super pour lui, concède Picart. S’il l’avait marqué, ça aurait été un sacré coup de boost. Mais comme il l’a raté, cela va encore plus le faire gamberger. Mais le plus gênant dans tout ça, c’est que ce n’est pas Larrière qui devait le tirer, ce penalty. Il y avait une hiérarchie claire établie avant le coup d’envoi. Bon, il a voulu tenter sa chance, il a pris ses responsabilités, c’est bien. Mais il va devoir apprendre à relativiser et à laisser son tour.»
Larrière a déjà passé son tour… en tant que titulaire, dimanche dernier. Un choix ponctuel du staff qui s’attendait à un combat et énormément de duels. Pas les qualités premières du Français, sur qui Picart comptait en fin de match pour faire des différences. «J’ai fait le choix de l’équipe et de l’esprit d’équipe», synthétise le technicien belge. Il lui reste douze matches pour faire de cette équipe une machine à gagner susceptible de combler le retard accumulé. Avec 27 % de victoires depuis l’arrivée de son nouveau coach, Rodange est sur un rythme qui lui assure statistiquement encore trois succès sur les douze derniers matches de la saison. Cela risque d’être insuffisant. Espérons pour eux que le jeu «différent» fonctionne lors de la deuxième finale consécutive, contre Etzella, dimanche…