Le club benfiquiste entre dans une semaine décisive sur fond d’accusations envers la présidence. Qui se défend, forcément.
Paul Lopes, cas contact, va sortir de quarantaine mais il a une petite voix. Ce n’est clairement pas la grande forme pour le président du RM Hamm Benfica, qui fêtait hier ses 50 ans avec des soucis plein la tête. Au premier rang desquels la reprise des négociations avec le Racing au sujet de la fusion géante des clubs de la capitale, qui bute sur un point essentiel : les règlements UEFA qui empêcheraient le RFCU – pas très motivé, d’autant que ses sections féminines et futsal sont aussi en course – de jouer l’Europe en cas de qualification, fin mai. «Le pire, c’est que cet empêchement durerait pour trois saisons», s’emporte Lopes, dont le nouvel angle d’attaque, dans ce dossier à régler très très vite (la deadline est située mi-mai, mais puisque le club avait bouclé celle avec Mühlenbach en deux jours, l’année dernière, il sait régler une consultation dans l’urgence, quand bien même celle-ci sera plus serrée), serait d’aller démarcher les instances européennes pour faire valoir que cette précaution «vaut pour les équipes professionnelles, mais pas amateures».
L’argument n’est pas forcément bancal, mais de là à le faire admettre en moins de deux semaines par les bureaucrates de Nyon… C’est pour ça que le président d’un club qui s’est enfin extirpé de ce qui aurait dû être la zone dangereuse ne peut pas s’exempter de répondre aux rumeurs qui disent qu’en cas d’absence de fusion, Hamm devrait tout bonnement cesser ses activités, faute de moyens financiers. Et que la porte s’ouvrirait alors pour Rumelange, leader du championnat avorté de PH. Sur ce point, le voilà rassurant : «Non, non, c’est une lutte quotidienne, je ne vis que pour ça et même si le pire dans tout ça, c’est d’entendre que je ne fais rien, je garantis qu’on trouvera une solution. On a déjà payé les salaires en retard. Il ne reste plus qu’un mois manquant. Et on ne les a pas diminués, nous, les salaires. C’est du 100 %.»
Les joueurs confirment. Plusieurs mois de retard ont été versés. Sans que l’on sache vraiment par quel miracle l’argent est revenu dans les caisses du club. Il se murmure que le coup de main a pu venir du Racing. Paul Lopes ne veut pas s’appesantir sur la question. «Aucune influence», se borne-t-il à dire, se dirigeant assez vite vers la commune pour «voir dans quelle mesure ils peuvent aider sur la fusion, mais c’est le genre de choses qui se discutent en tête à tête, et pas au téléphone ».
On dit que je suis un menteur? Mais je balance tout! Je sors les mails, les SMS!
C’est sur ces entrefaites qu’est survenu un coup de téléphone… venu d’Italie. Au bout du fil, Antonio Stina, investisseur qui s’était rapproché du club hammois avant même que la saison ne débute par l’entremise de la direction sportive de l’époque. L’homme arrive avec une version de l’histoire des problèmes financiers du club benfiquiste différente de celle qu’on a pu entendre jusqu’à présent. Déjà, il dit arriver avec la casquette de… vice-président du club. «J’ai été intronisé par Paul Lopes lui-même, devant les joueurs.» À moitié vrai seulement répond Lopes : «Pour cela, il aurait fallu qu’il soit coopté par une assemblée générale, or je n’ai jamais présenté son nom. Hors de question, vu les conditions.»
C’est justement pour discuter de ces conditions qu’Antonio Stina, représentant d’un groupe d’investisseurs transalpins, a décroché son téléphone. En lisant la presse luxembourgeoise, il a découvert l’existence de discussions en vue d’une fusion, les salaires longtemps impayés des joueurs et est tombé de sa chaise : «J’étais arrivé avec un projet solide et la garantie de pouvoir investir 400 à 500 000 euros par saison pendant cinq ans. Mais forcément, quand des gens investissent de telles sommes, ce n’est pas pour regarder quelqu’un d’autre se servir de leur argent sans rendre de comptes. Je n’allais pas m’installer à un poste de vice-président et regarder Paul Lopes faire ce qu’il voulait avec cet argent. Mais on m’a fait patienter, et patienter… Maintenant, on ne me répond même plus au téléphone. Je crois que Paul Lopes veut juste être président, mais avec l’argent des autres.»
Ce reproche, Lopes ne l’encaisse que moyennement. Le groupe d’investisseurs, italiens d’envergure internationale qui comptait emboîter le pas aux Grecs venus prendre en main la destinée de la Jeunesse n’a, selon lui, jamais respecté l’échéancier des versements qui avait déjà été mis en place. «Le pire, c’est qu’une partie de notre recrutement a été fait en comptant sur cet argent et que c’est aussi cela qui nous a mis dans l’embarras : parce que l’argent n’est jamais venu.» Un argentier qui veut logiquement être président pour surveiller les investissements. Un président qui aurait besoin de l’argent mais se refuse à bouger tant qu’il ne l’a pas. Une histoire usée jusqu’à la corde ? «On dit que je suis un menteur? Mais je balance tout! Les mails, les SMS ! Aujourd’hui, on est dans la merde à cause de promesses non tenues de ce genre.» Antonio Stina, lui, jure que son argent est encore à la disposition du club. Mais Lopes est passé à autre chose : «De toute façon, concernant la fusion, on se voit demain (NDLR : aujourd’hui) et il faut que tout soit réglé dans la semaine.»
Julien Mollereau