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[BGL Ligue] Régis Brouard : «J’ai une envie folle de gagner la Coupe»


En 2012, l'épopée de Quevilly en Coupe de France l'avait révélé aux yeux du grand public... Il rêve de remettre ça, ici, au Luxembourg, avec le RFCU ! (Photo : Luis Mangorrinha)

Le RFCU garde de grosses envies européennes. Son coach, Régis Brouard, a recruté des gars de confiance pour franchir un énorme cap. Il y a du boulot… et une Coupe à reconquérir après 2018.

Après que Frank Defays, premier coach professionnel du club, est parti trop tôt, l’été dernier, pour qu’on puisse juger de la tournure qu’allaient prendre les événements, le RFCU aborde la deuxième partie de la saison d’après avec un Régis Brouard désormais acclimaté au pays et qui a pu choisir deux joueurs cet hiver. Les «siens». L’heure donc de faire évoluer cette équipe et ce club ? La manière autant que les résultats, ces trois prochains mois, le diront.

Le RFCU a, très tôt, officialisé ses deux arrivées hivernales, Abdel Omrani et Mana Dembélé. En général, c’est le signe d’un diagnostic et de décisions prises bien en amont du mercato.
Régis Brouard : Oui, nous avions fait des constats, nous avions ciblé ces priorités, ces profils. On était tous d’accord sur le diagnostic, donc on s’est positionnés. Cela s’est fait assez vite car il s’agit de joueurs que je connais bien. Chaque coach a son réseau et ces garçons correspondaient vraiment à ce que l’on recherchait.

C’est-à-dire ?
Sur l’aspect offensif, on se créait beaucoup d’occasions en première partie de saison, mais on avait de sérieux problèmes de finition. Le ratio était très moyen. Même si marquer, finir les actions, c’est le plus dur en football, Mana, lui, il sait faire. Quant à Abdel, lui, c’est un milieu reconverti défenseur. On avait besoin d’un gaucher, expérimenté, haut en taille, technique et doté d’une bonne première relance pour parvenir à ressortir le ballon plus vite, car le projet de jeu est bien établi.

Mana Dembélé a dit que vous étiez l’entraîneur qui le connaît le mieux, celui qui le fait le mieux jouer…
(Il sourit) C’est vrai que c’est avec moi à Clermont qu’il a été le plus efficace. Mais vous savez, Omrani, je l’ai eu aussi avec moi, à Niort. Alors je ne sais pas s’il l’a vécu comme ça, mais ça a peut-être été sa meilleure saison. Après, là-bas, il y a eu la politique et ils ont choisi de s’en séparer, mais j’ai toujours gardé une bonne image de ces deux garçons.

Deux garçons qui ont connu des derniers mois assez compliqués, sans énormément jouer, voire pas du tout. Avez-vous de grandes certitudes ou la part de risque n’est-elle pas négligeable ?
Ils ont d’énormes qualités et ont juste besoin de confiance. Comme tous les joueurs en fait. Mais eux et moi, on se connaît bien et ils savent vers où je veux aller. Cela peut être un gain de temps. Maintenant, cela fait longtemps que je les ai eus (NDLR : Dembélé en 2013 à Clermont et Omrani en 2015 à Niort) et il a fallu faire beaucoup d’efforts pour les attirer – je remercie d’ailleurs mes dirigeants. On a le droit de penser que c’est un risque, mais ça l’est toujours, quel que soit le joueur. Mais l’aspect humain, c’est important et malgré l’évolution de leurs vies, je les connais et on leur fait confiance : pour eux, c’est le moment de se relancer après s’être perdus dans certains aspects.

Besoin d’une défense qui joue plus vite, besoin de plus marquer, donc. Mais, paradoxalement, le RFCU, modeste 9e, est pourtant 5e meilleure attaque et 6e défense de l’élite. Ce n’est pas si mal.
Ce sont des statistiques intéressantes et même plutôt bien dans l’ensemble. Mais le constat, c’est qu’à un moment, on a fait beaucoup de nuls, des nuls qu’on n’a pas pu transformer en victoires. O. K., on a peu perdu, mais on n’a pas eu les ressources mentales pour aller chercher ces victoires, voire même tuer des rencontres. Notamment sur phases arrêtées. On a de la taille pourtant. Cela ne nous a pas empêchés de prendre l’option des petits gabarits contre Strassen (NDLR : en Coupe, victoire 5-1) pour avoir de la vivacité, de la technique. On va vers ça. Aujourd’hui, l’objectif, c’est de passer de l’autre côté.

Cela m’a mis un peu en colère de rester
une semaine après les autres

Pas mal d’entraîneurs pros arrivés de l’étranger, ces dernières années, ont raconté devoir se battre dans des conditions qu’ils estimaient décentes. Et vous ?
J’imagine que beaucoup parlaient des infrastructures et de la disponibilité des joueurs. On a une vraie volonté d’améliorer tout ça. Cela pourrait être long de conquérir cette disponibilité, mais pour atteindre les objectifs, il faudra y arriver. On n’est pas très souples à ce niveau et j’entends les problèmes que cela suscite, mais je connais aussi la volonté du club d’avancer dans ce domaine. Les gens, au Luxembourg, doivent comprendre que pour progresser, l’espace de travail doit être plus important. Or là, il y a une zone de confort dans laquelle on s’est installés. Ce n’est la faute de personne, mais il faut en sortir. À commencer par les jeunes. Si on ne transforme pas cette mentalité qu’ils ont de se satisfaire d’un rien, on va végéter entre le moyen et le très moyen. Ce n’est pas le but. Donc on cherche des solutions pour faire comprendre qu’à partir d’un moment, il faut travailler dur et tout le temps.

Il vous faudra travailler très dur pour atteindre les objectifs européens du club. Avez-vous encore une chance de les atteindre via le championnat ?
Malheureusement, en foot, la chance existe. Et il en faut après tout. Moi, je considère que c’est toujours plus que possible d’aller la chercher, cette place. Que ce soit via la Coupe ou via le championnat. Mais il est vrai qu’on a beaucoup de points de retard et qu’on n’a plus trop le droit à l’erreur. Il va falloir transformer les nuls en victoires et, surtout, nous imposer contre les grosses équipes de ce championnat. On fait partie des trois ou quatre équipes qui peuvent encore aller décrocher la place.

D’autant qu’il vous reste un match en retard à jouer contre Mühlenbach.
Cela m’a mis un peu en colère d’ailleurs. On nous a fait rester une semaine après tous les autres, qui étaient déjà en vacances, alors qu’on savait très bien que cela serait encore reporté vu les conditions climatiques! Et pendant les vacances, voilà qu’on nous annonce que cette rencontre sera rejouée avec une semaine d’avance sur la reprise ? Alors que nous, on avait tout calé sur une reprise de cinq semaines ? Mais une semaine, c’est très important dans une préparation! Il a fallu absolument tout changer. Mais ils ne regardent pas quelles difficultés leurs décisions peuvent créer pour les clubs ?

Votre vraie reprise, le début de la phase retour, aura lieu contre la Jeunesse de l’un de vos anciens coaches, Noël Tosi. Inspirant ?
Ça m’a donné le sourire quand j’ai appris sa venue. Ça m’a même bien fait rigoler. Je viens de l’avoir au téléphone, on va essayer d’aller manger ensemble. Je suis heureux qu’il arrive mais je sais aussi de quoi il est capable. Il est en capacité de remobiliser une équipe sur le seul facteur humain. C’est sa grande force. Cela va être marrant de se retrouver l’un contre l’autre : on se connaît depuis 20 ans.

Il nous a dit tellement de bien de vous qu’il assure que cela va vous mettre la pression !
(Il rit) Noël aime bien faire tout ça. Mais peut-être n’a-t-il pas compris encore que moi aussi, je le connais très bien. Et que la pression, il l’a autant que moi. Il a une obligation de performance et de résultat, comme moi. Noël a cette faculté de dramatiser ou dédramatiser une situation.

Contrairement à vous, lui n’a plus l’option Coupe pour arracher l’Europa League. La Coupe c’est, en France, ce qui vous a fait connaître grâce à votre épopée avec Quevilly en 2012 (NDLR : finaliste contre Lyon et défaite 1-0 au stade de France). C’est forcément, en 2020, ce qui vous donne le plus d’espoir ?
En deux matches on est en finale, en trois on est vainqueurs. Oui, c’est le chemin le plus court. Ce ne sera pas mon discours auprès des joueurs, même s’ils le savent. Mais j’ai une envie folle de gagner la Coupe et ça aussi mes joueurs le savent. Le club y est d’ailleurs assez attaché, à cette compétition. L’Europa, ce serait bien d’y aller le plus vite possible mais après tout, les autres doivent avoir le même discours j’imagine. Ça m’agace un peu qu’on me réduise à ça. Mais je dois reconnaître qu’au niveau de l’expérience, ça sert. Cela permet une gestion différente, ça m’aide dans l’approche.

Quand, en France, vous voyez Belfort qui élimine Montpellier, ça ne vous manque pas ?
(Enthousiaste) Bien sûr que ça me manque! Mais alors il faut le faire ici, le vivre ici! Le vivre autre part et autrement. La Coupe, je ne peux pas le nier, j’y suis très attaché. J’ai déjà fait une finale de Coupe, maintenant, j’aimerais bien en gagner une.

Entretien avec Julien Mollereau