Le Fola peut faire un pas significatif vers le titre s’il bat le Swift, ce dimanche, chez lui. Mais Hesperange préférerait largement lui mettre le doute…
Un grand moment de football, c’est aussi quand deux entraîneurs reconnaissent ouvertement qu’il y a une dramaturgie spéciale autour de l’événement. Ça lui donne du relief. «Si le Fola nous bat, il aura fait un grand pas vers le titre», admet Pascal Carzaniga, dans l’interview qu’il nous accorde. Sébastien Grandjean ne fuit pas plus la réalité de la situation : «Il n’y a jamais de fumée sans feu, et si tout le monde en parle…»
Effectivement, tout le monde en parle et les coaches du pays en étaient cette semaine à titiller les journalistes. C’était facile. Que de fois n’a-t-on pas entendu cette phrase, vendredi, jour habituel des dernières paroles d’avant journée de championnat : «Vous venez nous voir jouer, dimanche, ou vous avez autre chose de mieux à faire ?». En fait, oui, on a autre chose de mieux à faire, malgré tout le respect qu’on leur doit. En tout cas, de potentiellement très important. «C’est vrai que mathématiquement, une victoire sera très intéressante pour le vainqueur. En fait, surtout si le vainqueur, c’est nous», concède Grandjean avant ce Fola – Swift que tout le monde regarde logiquement comme une finale du championnat. «En fait, reprend le technicien eschois, c’est surtout pour eux que c’est important. Ils doivent absolument gagner. Nous, on peut même se permettre un nul, même si cela ne me satisferait pas.»
«Je préfère ma situation que la leur»
Même pour ce Swift invaincu en 2021 et qui maîtrise tellement les matches qui comptent, ce déplacement sent la poudre. La pression du résultat ne vient finalement que s’ajouter à celle de l’état de fraîcheur des troupes de Pascal Carzaniga, qui avaient déjà tant souffert à Pétange il y a une semaine. Dimanche, ils disputeront leur sixième match en vingt jours tandis que le Fola honorera son cinquième rendez-vous seulement en 22 jours. C’est sans doute moins anecdotique que ce que veulent bien reconnaître les Hesperangeois. «Je préfère être dans ma situation que dans la leur, concède Sébastien Grandjean. Ce n’est pas un énorme avantage, non. Mais un léger avantage, oui.»
Posées ces bases, entre pression mathématique et état de fraîcheur, qui ne sont finalement que des détails non négligeables de l’histoire qui va s’écrire dimanche, il y a deux équipes qui écrasent tout sur leur passage ces deux derniers mois (lire ci-dessous). Et qui ont des problèmes à résoudre histoire de mettre toutes les chances de leur côté. Le Fola, par exemple, réintégrera-t-il Dejvid Sinani, son homme décisif toutes les heures en moyenne? Pour Pascal Carzaniga, «ça ne changera pas grand-chose parce qu’ils ont beaucoup de joueurs interchangeables. Il y a juste qu’avec lui, les phases arrêtées sont encore mieux frappées». C’est pourtant une évidence que son équipe aimerait pouvoir compter sur sa délicieuse patte gauche parce qu’un «joueur décisif dans une équipe actuellement leader, c’est forcément un point de repère», dixit Grandjean. Et les points de repère, ce sont aussi des bouées de sauvetage. Le Swift a la même. Elle s’appelle Dominik Stolz, une boussole que Sébastien Grandjean avait tenté un temps d’attirer à Virton, la saison passée, pour qu’il «explose en Belgique». S’il avait réussi à convaincre Flavio Becca, alors qu’il s’occupait de la direction sportive du club gaumais, aujourd’hui, il ne l’aurait pas dans les pattes, posté entre son Fola et le titre…
Julien Mollereau