Avec Sébastien Thill en passe de rejoindre le club de D1 russe de Tambov, le Progrès va envoyer son sixième joueur dans le monde pro en seulement deux ans. Impressionnant.
Olivier Thill, 27 août 2018 à Oufa. Marvin Martins, 1er juillet 2019 au Karpaty Lviv. Tim Hall, 13 août 2019 au Karpaty Lviv. Aleksandr Karapetian, 11 juillet 2019 à Sotchi. Mayron De Almeida, 1er juillet 2020, au Red Star.
Le Progrès y est. Il voulait servir de tremplin et en faire sa carte de visite, il y est parvenu. Thill représenterait ainsi son sixième départ en deux ans pour le monde pro. Quand il avait lancé son «business plan», il espérait en placer… un par an si tout allait bien.
Mais il s’en doutait, il y aurait des contreparties et elles sont violentes : ses joueurs sont un peu trop nombreux à son goût à partir désormais une fois que le marché local des transferts est bouclé et cela agace le club, qui ne comprend pas pourquoi la FLF boucle tout si tôt.
Un contrat de confiance avec les joueurs
«On contribue beaucoup au développement du foot luxembourgeois, on est même un moteur essentiel et on se retrouve comme des couillons, râle Thomas Gilgemann, son directeur. On va perdre notre capitaine et on ne peut pas le remplacer. Pour le poste, ce n’est pas un drame, on peut compenser. Mais notre effectif est étriqué et on perd un meneur.»
Le Progrès s’emporte pour la forme, en espérant que cela change. Mais il ne changera pas une virgule du contrat de confiance qu’il a avec les joueurs. Si personne n’obtiendra plus de bon de sortie avant cet hiver, les portes resteront grandes ouvertes car c’est ce qui permet à Roland Vrabec de pouvoir compter sur tous les premiers choix en matière d’internationaux et de pouvoir concurrencer à moindre coût des clubs qui dépensent plus. Comme le Swift par exemple.
«Les transferts, ce n’est pas ce qui nous fait vivre»
«Sans cette stratégie, on ne serait pas concurrentiels», indique même Gilgemann, «fier» d’envoyer ses gars à l’international tout en restant compétitif en DN et en Europa League. Mais qui perçoit toutes les limites du système : le Progrès n’a encore jamais été assez compétitif pour arracher un titre ou tutoyer les poules de la C3, ce qu’il pourrait peut-être faire s’il avait le droit de recruter jusqu’à plus tard dans l’été.
Il n’y gagne en plus qu’en main-d’œuvre, et pas en monnaie sonnante et trébuchante. «Les transferts, ce n’est pas ce qui nous fait vivre en ce moment», assure Gilgemann. Sébastien Thill, par exemple, partirait pour presque rien «afin de réaliser son rêve». Il n’y a que s’il était conservé une année de plus par Tambov qu’on discuterait gros sous.
Un Skenderovic, un Latic sont eux aussi programmés, à court et moyen termes, pour des départs. Et quand on voit ce qui est en train d’arriver, par exemple à un Tim Hall, recruté par Gil Vicente, en D1 portugaise, on se dit que le modèle niederkornois risque de lui garantir une position préférentielle sur le marché pour un bout de temps encore.
Julien Mollereau
Sébastien Thill, parti demain?
Sébastien Thill pourrait s’engager officiellement demain avec le club de D1 russe de Tambov.
Et si le dimanche 13 septembre, à 500 kilomètres au nord-est de Moscou, Sébastien Thill était l’hôte de son frère, Olivier, dans un improbable Tambov – Oufa pour le compte de la 7e journée de Premier League russe entre actuels barragistes?
Cette hypothèse farfelue prendra sans doute corps demain, quand la commune de Differdange dira si, oui ou non, elle octroie un congé sans solde au capitaine du Progrès Niederkorn afin qu’il puisse assouvir son désir tout nouveau (il a longtemps brandi comme un mantra son envie de rester au pays, proche de sa famille et de ses amis) de goûter au professionnalisme.
Sans cet accord, Thill ne partira sans doute pas pour ne pas risquer de perdre son emploi au bénéfice d’une aventure qui pourrait être sans lendemain. Avec cet accord… ses valises sont déjà bouclées puisque les deux clubs ont d’ores et déjà tout ficelé.
La ville des… enrôlés de force luxembourgeois
Thill, dont la présence en sélection nationale s’est heurtée, après des débuts tonitruants (il a inscrit le but de la victoire dans les arrêts de jeu dès sa première sélection contre la Macédoine, 1-0, en mai 2015), à son absence de volonté de partir pour le monde pro, pourra-t-il y regagner une nouvelle crédibilité internationale? Ce n’est pas forcément l’idée première qui porte le joueur de bientôt 27 ans, actif en DN depuis déjà douze saisons et qui rejoindrait à Tambov son ancien coéquipier niederkornois, l’attaquant Aleksander Karapetian. Ce dernier a d’ailleurs glissé un mot pour lui à ses dirigeants et faciliterait sans doute grandement son intégration.
Le capitaine niederkornois, qui compte déjà 237 matches de DN (pour 53 buts), partirait dans le cadre d’un prêt d’un an, avec une autre saison en option. Mais les clins d’œil se multiplient autour de ce transfert de dernière minute : Tambov fut la ville russe où les enrôlés de force luxembourgeois de la Seconde Guerre mondiale atterrirent. Le drapeau de la ville représente une ruche flanquée de trois abeilles. Pour un joueur qui vit depuis quelques saisons déjà avec la guêpe niederkornoise à la place du cœur…
J. M.