Longtemps «germano-centré», le recrutement du Victoria Rosport prend de plus en plus l’accent belge. Une tendance initiée la saison dernière et guidée par le Covid.
C’est ce que l’on appelle en bourse un «plus bas historique». Jamais, depuis sa remontée dans l’élite en 2002, le Victoria Rosport n’avait démarré une saison avec aussi peu d’Allemands dans son effectif que l’été dernier : huit. Un chiffre encore conséquent sur le papier, mais bien maigre si l’on se souvient que Rosport, dont le stade (la VictoriArena) n’est séparé de l’Allemagne voisine que par une rivière, la Sûre, en comptait 20 en 2015/2016, 18 en 2012/2013, et encore 12 en 2019/2020, son deuxième plus faible total au XXIe siècle.
Crise Covid et filière belge
Depuis 2002, le contingent d’Allemands au sein de l’effectif n’est descendu qu’une fois sous la barre des dix bonshommes, en 2008/2009 (9). Or la saison prochaine, ceux-ci seront «minoritaires» dans un vestiaire à l’accent belge de plus en plus prononcé. Quatre des six recrues estivales viennent en effet du plat pays : le gardien Senne Vits (24 ans), le polyvalent milieu Johann De Doncker (23 ans), le meneur de jeu Brian Moding (28 ans) et l’attaquant Emmanuel Ilunga Cardoso (23 ans), appelé à relayer voire épauler en pointe un Jordy Soladio dont l’absence s’est cruellement fait ressentir en deuxième partie de saison.
Et dont l’apport, avant sa blessure (6 buts en 8 matchs de championnat), a convaincu Marc Thomé de faire confiance à la filière belge. Car outre la nationalité, tous partagent un point commun avec ce dernier : leur représentant. «Ils sont tous passés par le manager de Jordy, confie Marc Thomé, l’entraîneur du Victoria. Il nous a dit « je vais vous amener des Belges qui ne coûtent rien et sont très forts (il rit) »» Sans être mauvais et hors de prix pour autant, les Allemands présentaient un inconvénient, précise le technicien rosportois : «On les a toujours recrutés en Oberliga ou en Regionalliga (NDLR : la D5 et la D4), or ils n’ont pas joué. On ne pouvait donc pas regarder les matchs avant de recruter.»
Vits, De Doncker, Moding et Ilunga, les colocataires
Ses recrues belges, Marc Thomé a en revanche eu quelques jours pour les observer, lors d’essais programmés au cours de la saison. Suffisant pour se faire un avis prometteur sur chacun d’entre eux. Emmanuel Ilunga Cardoso ? «Un vrai avant-centre, un gaucher, qui sait garder les ballons dos au but, très puissant», et Soladio-compatible «dans un 4-4-2 en losange», auquel le technicien entend recourir cette saison.
Johann De Doncker ? «Un ailier très technique, capable aussi de jouer en 8 dans un milieu en losange. C’est très bon dribbleur, qui va vite et peut jouer en une touche. Il vient de l’école Anderlecht et on le voit sur le terrain : il a du ballon.» Brian Moding ? «Un vrai dix à l’ancienne.» Ce qui pourrait conduire le Français Leroux, qui a lui aussi prouvé à son coach que le bonheur n’était pas forcément qu’en Rhénanie-Palatinat, à reculer d’un cran sur le terrain, ce qui augure d’un Victoria Rosport plus joueur l’an prochain.
Et Senne Vits, passé par le Lierse et le Standard ? Le futur numéro 1, tout simplement, au moins jusqu’au retour l’hiver prochain de l’Allemand Bürger (hernie discale). «Il est venu trois fois à l’entraînement et j’ai tout de suite dit : « Celui-là, il faut le prendre ! ». Il est grand (NDLR : 1,88 m), il est bien avec ses pieds et est très sûr de lui. Il dirige vraiment sa défense.» En quelle langue ? «En français et en flamand, mais si tu parles le flamand, tu comprends vite l’allemand.» Il vaut mieux : les quatre gaillards vivront ensemble en coloc’ à la reprise. En Allemagne, évidemment.
Simon Butel