Rodange, occupé à refaire son stade, va finir la saison sur les installations du voisin pétangeois. La pelouse tiendra-t-elle 21 journées ?
C’est triste. Pour une fois que tous les acteurs du football grand-ducal louaient la qualité retrouvée de la pelouse du stade municipal de Pétange, elle se retrouve menacée par un début d’année 2021 qui s’annonce terrible.
Le FC Rodange 91, qui avait prêté l’été dernier ses installations au Titus pour qu’il puisse préparer sa première rencontre européenne depuis 14 ans, parce que son terrain synthétique était en train d’être finalisé, n’a, à son tour, plus de pelouse. La commune retape en effet depuis mardi le stade Jos-Philippart. Elle ne va pas se contenter de la tribune principale, qui sera rasée pour laisser place à une nouvelle structure d’un peu plus de 300 places assises. Elle va aussi bâtir la première tribune (elle aussi d’environ 300 places) de club derrière un but du pays en s’adossant à la bute située à l’opposé de l’actuelle salle de sport. C’est ce dernier point qui pose problème et oblige à rapatrier les hommes de Nedzib Selimovic chez leur voisin jusqu’à la fin mai. Le calcul est donc vite fait : le terrain principal de Pétange devra se farcir vingt-et-une journées de championnat en quatre mois, sans jamais vraiment se reposer et, pire que tout, la bagatelle de cinq semaines anglaises.
Lundi, le Titus a annulé un match amical prévu sur son synthétique nouvelle génération. Tout est dans l’intitulé : cette pelouse artificielle se rapproche au plus près des conditions d’un terrain engazonné, mais il est impossible de la déneiger. Et hors de question d’aller sur l’herbe. Cette surface-là sera préservée jusqu’au 31 janvier et un dernier match de préparation prévu contre Strassen. Vu le programme qui attend cette pelouse qui sera ultrasollicitée et alors même qu’elle se transformait régulièrement en bourbier hivernal quand le rythme était normal les saisons précédentes, la prise de risque est minimum.
Faisons confiance aux jardiniers de la commune
Pourtant, hors de question de se dérober à ses obligations pour le Titus, même si la consigne vient de la commune. «C’est tout à fait logique qu’on s’entraide, lâche Yassine Benajiba, le directeur sportif du Titus. Quant à la qualité du terrain, on fera au mieux pour que cela reste optimal.» En jouant en chaussons peut-être? «Vu notre style de jeu, rigole l’intéressé, ce serait dans notre intérêt qu’il reste bon.» Rodange et son style plus direct n’ont pas forcément des exigences aussi conséquentes, mais c’est peut-être faire injure aux coéquipiers d’Alexis Larrière que de le relever. «Ah, Ah! Oui, on peut peut-être dire les choses comme ça, s’esclaffe Yvon Dietz, le manager rodangeois. Cela leur portera peut-être plus préjudice si le terrain se dégrade, encore que, pour l’heure, au classement, on est devant eux (NDLR : Rodange est 8e et Pétange 11e). Je conçois que, quand il y aura trois matches en une semaine, le terrain ne pourra pas se reposer et que ce sera dur, mais notre pelouse à nous a toujours été très bonne. Et chez eux, cela s’était beaucoup amélioré. Faisons confiance aux jardiniers de la commune.» Grosse pression sur eux.
Pétange n’aura pas forcément à se plaindre d’absolument tout dans cette affaire, puisque le premier derby n’ayant pu se jouer fin 2020, il jouera donc dans ses murs les deux oppositions de la saison. À commencer par un… Rodange – Pétange dès le 21 février, les Rodangeois ayant suffisamment d’élégance pour laisser aux Pétangeois leurs vestiaires habituels. Pour le reste, cela sera «open bar». Si d’aventure le public revient, Rodange pourra se servir de l’infrastructure de restauration et même du panneau d’affichage, qui sera «rodangisé» au simple moyen d’une clef USB. Question d’organisation. De toute façon, c’est le terrain, qui leur fait peur. Et on les comprend.
Julien Mollereau