Le F91 de Dudelange, exempté de match la semaine passée, revient aux affaires ce dimanche (16 heures) contre le Titus Pétange. Entretemps, il est devenu l’équipe luxembourgeoise qui a affronté un champion d’Europe.
Pétange est rentré de Gibraltar, vendredi, en pensant très fort à tout ce qui n’avait pas été lors de son match du 1er tour de l’Europa League, contre les Lincoln Red Imps, pour en arriver à perdre 2-0. En regardant son match, on avait pensé aux mêmes excuses que celui qu’il serait susceptible de nous servir : la qualité très médiocre de cette pelouse qui semblait freiner le jeu et une chaleur un peu étouffante. «C’était les deux aspects de mon discours d’avant-match», admet Ismaël Bouzid, qui met un petit tacle glissé mais réel à l’UEFA : «Quand tout ne se joue que sur un match, ils pourraient au moins avoir la décence de demander son avis au club qui doit se déplacer, parce que jouer à 17 h 30 dans une région chaude…»
Rentré abattu, Pétange va se retrouver ce dimanche sur la pelouse du stade Jos-Nosbaum. Contre le F91, c’est-à-dire pas contre n’importe quelle équipe puisque depuis le 21 août, Dudelange est le club qui a été éliminé de l’Europa League par le champion d’Europe, le FC Séville.
Dans une balance, cela fixe, qu’on le veuille ou non, non pas un rapport de forces mais un standing.
«Oh ben oui, avoue Charles Morren, toute l’équipe a regardé la finale de l’Europa League.» Logique, explique le milieu de terrain belge, qui était sur la pelouse à l’aller en Andalousie le 24 octobre et sur le terrain miteux du Barthel au retour, le 7 novembre : «On s’est tous dit que s’être fait éliminer par le champion d’Europe, ce serait valorisant. Et en fait, voilà, c’est arrivé et ce n’est pas donné à tout le monde.»
«C’était nous qui méritions le plus de passer»
Effectivement, en battant l’Inter Milan, le FC Séville a mis du relief dans les performances dudelangeoises. Les joueurs n’en avaient pas besoin puisque après le deuxième match (2-5), Julen Lopetegui en personne était passé dans le vestiaire du F91 pour féliciter ce valeureux petit adversaire qui avait bien failli créer une surprise majuscule en se hissant en 16es de finale de l’épreuve. «C’est la fierté qu’on a, sourit Mehdi Kirch. Ce jour-là, après avoir joué leur jeu, ce tiki-taka qui est tout ce que j’aime, il nous a dit que de toutes les équipes du groupe, c’était nous qui méritions le plus de passer. Qu’on était la plus belle équipe qu’ils aient rencontrée. Et aussi qu’on était les seuls à leur avoir mis deux buts.»
D’ailleurs, ces deux buts, c’est Danel Sinani qui les avait inscrits. Mettre deux buts au FC Séville, c’était déjà énorme mais mettre deux buts à un champion d’Europe, ça a encore plus d’allure et sur ce point, Charles Morren est tout à fait d’accord. «C’est un très bon joueur, Danel, mais c’est aussi grâce à ce doublé qu’il s’est retrouvé mis en valeur. C’est aussi pour ça qu’il mérite ce qui lui arrive.»
Tout le monde n’est pas parti à Norwich ou au Swift ou ailleurs. Sept joueurs sont encore là, de ceux dont le nom était couché sur la feuille de match de l’avant-dernière journée de la phase de poules. Et ils renouent avec la DN des étoiles plein les yeux.
C’est des bleus, que Pétange a, lui, dans les yeux. Le Titus se présentera fort d’un premier match très maîtrisé contre Strassen, moins contre les Lincoln Red Imps, après un voyage qui aura coûté cher physiquement et moralement. «Ça ne va pas être évident pour la récupération», avoue Bouzid. Alors que le F91, lui, a juste eu besoin de se mettre devant la télé, il y a une semaine, pour se dire que quand même, il avait de la carrure…
Julien Mollereau
Dudelange-Pétange, dimanche 16 heures à Dudelange
Muratovic en sélection : «Je pensais y arriver bien plus tôt»
En l’absence de Joachim, Da Mota ,Turpel… Edvin Muratovic, l’attaquant du F91, vient d’être appelé en sélection.
Edvin Muratovic était chez le coiffeur vendredi. Autant être beau quand on s’apprête à honorer sa première sélection. Mais avant ça, Muratovic devait passer à confesse.
À quel point est-on heureux d’enfin arriver en sélection ?
Edvin Muratovic : Bien sûr que je suis heureux. Bien qu’ayant eu des hauts et des bas la saison passée, j’ai effectué une préparation top et je suis en pleine forme et c’est venu jusqu’aux oreilles du sélectionneur.
Forcément, Carlos Fangueiro a fait votre pub. C’est le rôle d’un coach non ?
Bien sûr! Un coach doit toujours défendre ses joueurs! Mais Carlos, lui, il est surtout très honnête. Il te dit toujours la vérité c’est donc normal qu’il ait dit du bien de moi (il sourit). Il a juste eu à transmettre les bonnes infos au sélectionneur. En tout cas, j’apprécie sa personnalité forte. Elle me plaît. Carlos me suivait déjà quand j’étais à Virton et que je voulais partir et que lui était directeur sportif de Pétange.
Cela a été long quand même, non, depuis votre doublé contre la France en U21, d’en arriver là ?
Si je suis vraiment honnête, je pensais arriver beaucoup plus tôt. Je m’attendais en tout cas à ce que cela arrive plus tôt. Mais bon, ce n’est peut-être pas plus mal : maintenant, je suis plus fort. Et puis je suis un guerrier, il faut tout le temps un guerrier dans une équipe.
Qu’aimeriez-vous apporter à la sélection ?
Je pense être un joueur athlétique, costaud, qui sait garder la balle et techniquement assez bon. Holtz me connaît bien. Après tout, j’ai montré beaucoup de choses chez les jeunes. Personne n’a autant marqué que moi en catégories (NDLR : effectivement, il en a inscrit sept, trois de plus que Yannick Schaus). Des profils comme moi, il y en a peu.
Quand un Aurélien Joachim arrête, qu’un Dave Turpel se blesse, qu’un Dan Da Mota est mis à l’arrêt… on se dit que son heure est arrivée ?
Honnêtement, mais vraiment, je ne le savais même pas. C’est vraiment quand l’annonce de la sélection a approché que j’ai commencé à entendre tout ça.
Recueilli par J. M.