La saison 2020/2021 de BGL Ligue s’annonce folle. Championnat à seize équipes, refonte contrainte du calendrier, digitalisation des rencontres pour créer du contenu… les sujets ne manquent pas, en ce moment, sur le bureau de Paul Philipp. Le président de la FLF s’explique sur les options prises.
Quelle est la tendance du referendum, jusqu’à présent ?
Paul Philipp : On n’en a pas encore. Certains bulletins sont déjà arrivés, mais les clubs ont jusqu’au 6 juillet pour se prononcer et nous ouvrirons tout en même temps, avant de rendre les résultats publics. Je suis sincère : on n’a pas tâté le terrain avant de lancer ce referendum. Il y a deux semaines, nous avons eu cette réunion avec la Ligue durant laquelle nous avons parlé de cette proposition à 15 clubs qui les embêtait. Nous avions répondu que nous allions réfléchir à un nouveau mode de jeu, mais que cela impliquait un vote.
Y réfléchissiez-vous depuis longtemps, à cette nouvelle répartition des divisions? Ou est-ce uniquement le fruit de l’épidémie ?
Le point de départ, c’est ce foutu virus. Vous connaissez l’historique, je ne vais pas vous le refaire. Mais après que des voix se sont élevées contre une seule saison de transition qui aurait fait trop de descendants d’un coup, après que la DN a refusé la saison à 15 clubs, on s’est posé la question : « Ne vaudrait-il pas mieux créer quelque chose de nouveau? ». On a réfléchi deux ou trois jours et on a proposé ce modèle.
C’est donc un peu le hasard si l’on pourrait se retrouver avec 16 équipes ?
À 16, de toute façon, on y était déjà d’office la saison prochaine, mais à la base, on comptait revenir à 14. Pour moi, le plus important, ce n’est pas le nombre de clubs. Quel était le but que nous cherchions à atteindre quand nous avons instauré les barrages? C’était avoir le ventre mou le plus petit possible et garder des matches à enjeux le plus tard possible dans la saison. À 14, nous avions quatre Européens, deux relégués, un barragiste. Beaucoup de clubs étaient concernés par des places qui comptent. Avec ce nouveau système, on a quatre Européens, deux descendants, deux barragistes.
Cela ne va pas nuire à l’équilibre que nous avions trouvé, mais il faudra tirer les conclusions après deux saisons, si on retient ce nouveau mode de jeu. Oui, on fera un bilan après deux saisons.
Mon seul souhait, c’est que tout ne soit pas déjà fini à Noël
Quel sera le niveau de jeu ?
Avant, il y avait le F91 et… Mais ça s’est resserré. Je n’ai pas trop peur pour le niveau de jeu. Le risque qu’une équipe se retrouve larguée existera toujours, mais le temps où il n’y avait qu’une ou deux équipes qui sortaient du lot est terminé et cela va se vérifier encore la saison prochaine. Déjà, les cadors se sont moins renforcés que ce qui se faisait auparavant. Moi, mon seul souhait, s’il vous plaît, c’est que tout ne soit pas déjà fini à Noël et que l’on ne se retrouve pas sans enjeu du tout, les trois ou quatre derniers mois. Et je ne pense pas que 16 équipes, cela fasse la moindre différence avec 14, hormis le fait qu’il y aura plus de monde qui jouera pour l’Europe. Je pense que cette prochaine saison, ce pourrait être très serré. On pourrait très vite passer du peloton de tête qui se bat pour une place européenne à ceux qui se battront pour éviter les barrages.
D’aucuns vous diront que c’est la qualité qui va baisser.
Rhooo, on a aussi parlé d’une DN à huit clubs dans le passé parce qu’on a l’exemple de la D1/B en Belgique, mais elle n’est pas adaptée au Luxembourg! Sinon quoi? Avec 12 clubs, la qualité serait meilleure qu’avec 14? Non, ce qui fait la qualité, c’est le sérieux, le professionnalisme – entre guillemets, hein! – et surtout l’enjeu. Un championnat, ça vit de ça : de l’enjeu. Et c’est cela qu’il fallait garder.
D’autant que cette saison sera aussi celle du lancement du projet de streaming sur tous les terrains, avec une plus grande visibilité théorique de la DN.
Bon, les streamings, c’est une info qu’on va chercher ponctuellement. Personne au pays ne restera à la maison pour regarder un match depuis son canapé. C’est sur un autre terrain qu’il faut voir : les résultats en temps réel, les statistiques, peut-être les résumés après les matches… Après, ce n’est pas non plus la potion miracle même si oui, cela pourrait aider à ce que l’on parle plus de la BGL Ligue.
In fine, c’est vous, à la fédération, qui avez le dernier mot sur ce dossier initié par la Ligue, puisque vous êtes détenteurs des droits de vos compétitions.
Nous avons encore deux réunions cette semaine. Nous, c’est-à-dire la LFL et nous, allons revoir RTL et Fuchs Sports. Et la FLF tranchera, mais en se basant sur les arguments de la Ligue, puisque c’est elle qui est la plus concernée.
Mais RTL est un sponsor de longue date de la FLF. Historique, même. Y a-t-il vraiment un doute sur l’issue de la consultation ?
C’est justement pour cela que nous laissons les clubs se déterminer. Et puis il ne faut pas oublier qu’il y a un autre intermédiaire, ce sont les communes. Il y a des démarches à mettre en œuvre. Bon, on va encore revoir tout le monde, l’important, c’est que la qualité soit là. Il ne suffit pas d’amener une caméra au stade. Il faut faire des travaux, déterminer qui va les payer, il faut que la qualité soit là et en plus, il faudra pouvoir le faire le plus vite possible. Parce que la reprise, c’est le 23 août et que c’est très court comme délai.
D’ailleurs votre président de la commission du calendrier, Marco Richard, espérait pouvoir donner très vite le calendrier définitif.
Oui, il va sortir d’ici une semaine.
Si le referendum obtient l’assentiment de la majorité des clubs, il faudra donc s’habituer à une pause hivernale plus courte ?
Il y a de la place. Mais on reprendra plus tôt en février. On ne va pas finir plus tard en décembre. Bon, évidemment, si on dit qu’on reprend plus tôt mais qu’il y a 20 centimètres de neige… Mais bon, l’idée c’est de reprendre plus tôt avec les risques que cela comporte.
Puisqu’on parle de risques : les clubs qualifiés pour les Coupes d’Europe, inquiets à cause des frais qu’il faudrait supporter en raison des tests, ont dit qu’ils envisagent de réclamer une aide financière. L’UEFA s’est-elle déjà positionnée sur le sujet de son protocole sanitaire en vue de la reprise des Coupes d’Europe ? Et pourriez-vous, vous, mettre la main à la poche ?
Pour l’UEFA, on va voir ce qu’elle postule, mais pour le moment, nous n’avons pas eu la moindre nouvelle supplémentaire depuis le dernier comité exécutif. Mais je pars du principe qu’il y a moyen de trouver une solution pour ces cinquante et quelques euros pour chaque test. Cela m’étonnerait que l’UEFA n’offre pas un moyen de les aider. Je dirais même que le contraire serait étonnant.
Entretien avec Julien Mollereau