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[BGL Ligue] Paul Philipp : «il nous est difficile pour le moment d’envisager le B»


Le président de la Fédération luxembourgeoise de foot veut croire que le championnat pourra reprendre cette saison (Photo : Editpress).

Quand reprendra-t-on le foot au Luxembourg ? À quel rythme ? Quand pourrait-on finir ? À partir de quand doit-on considérer qu’on ne pourra pas venir à bout de la saison 2019/2020 ? Autant de questions auxquelles la FLF n’a pas encore de réponse. Cela pourrait changer une fois que l’UEFA aura donné sa feuille de route internationale, en début d’après-midi.

La FLF a-t-elle énormément de travail à l’heure actuelle ou est-elle à l’arrêt ?
Paul Philipp : Là, on fait surtout des choses auxquelles on n’est pas habitué. Il y a une vingtaine de salariés au CFN de Mondercange, on a commencé à prendre des mesures, des précautions puisqu’on continue de travailler. Déjà, on ne peut plus venir chez nous sans prendre rendez-vous. Nous restons ouverts, mais finie la libre circulation dans nos locaux. Nous avons aussi envoyé un message à tous nos coaches afin de leur déconseiller tout voyage à l’étranger. Et s’ils le font quand même, parce qu’on ne peut pas le leur interdire, ils doivent nous dire où ils sont partis avant de revenir au travail. Élémentaire.

Avez-vous déjà des nouvelles concernant des licenciés frappés par le coronavirus ?
On n’a pas demandé aux clubs de nous avertir spécifiquement mais jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de remontées de cas avérés chez nos licenciés, non. Donc à notre connaissance… Mais on navigue à vue. On nous a par contre demandé s’il était possible de s’entraîner. Oui, pour les joueurs, courir, cela reste souhaitable mais le problème, c’est l’effet de groupe. Et le fait que les stades soient désormais fermés.

La situation semble partie pour rester enlisée très longtemps.
Tout le monde pensait qu’une ou deux semaines suffiraient, mais j’ai bien peur que l’on ne dépasse très largement.

L’annulation, ce n’est pas une chose que nous avons à l’esprit

Il n’est pas encore question d’annulation, comme pour les basketteurs ?
Non, l’annulation, ce n’est pas une chose que nous avons à l’esprit. On tient bon. Comme on l’a dit jeudi dernier : on reste à l’écoute. Mais il n’est pas question, à mi-mars, de dire que l’on va arrêter. Surtout qu’on ne connaît pas encore la décision de l’UEFA. J’espère qu’on la connaîtra demain (NDLR : aujourd’hui), mais l’idéal serait de créer une plage de quatre semaines supplémentaires qui nous permette de continuer la saison. D’ici là, on ne prend pas de décision irrémédiable qu’on pourrait peut-être regretter dans six semaines.

On imagine toutefois que vous vous êtes déjà fixé une limite absolue au-delà de laquelle on ne pourra plus décemment continuer ?
Il y a effectivement un point où l’on devra dire stop mais là, on a encore un espoir. Cette date limite, on ne l’a pas encore mais pour être honnête, je nous vois mal jouer au-delà de la fin juin. Là, à deux ou trois jours près, on touchera vraiment à la limite absolue. Si on reprend à un moment où l’on se dit déjà que cela sera dur de finir fin juin, alors cela sera plus que compliqué de poursuivre.

Si vous parvenez à cette extrémité, quelle est l’option retenue ? L’annulation pure et simple? Un maintien des positions au classement à l’arrêt du championnat ?
Mais… On n’a même pas un plan A, alors un plan B, encore moins. Et il nous est difficile pour le moment d’envisager le B. Mais effectivement, à un moment, il faudra aussi se projeter vers l’une de ces solutions. Mais on n’a pas encore cette pression. Le plus important, pour l’heure, ce sont les mesures de précaution. Notre solidarité vis-à-vis de la société est cruciale. On ne va pas commencer maintenant à regarder les classements. Ce qui nous arrive est terrible. Même Jean Schiltz (NDLR : le vice-président de la FLF) n’a pas connu la grippe espagnole malgré son âge, vous n’avez qu’à voir (il rit).

Y a-t-il une bonne solution de toute façon ?
À part terminer le championnat? Aucune qui puisse arranger tout le monde. C’est aussi pour ça que je milite pour un décalage de l’Euro à l’année prochaine. Parce que je ne vois pas d’autre solution pour arrêter cette saloperie (NDLR : le coronavirus) et finir la saison après. De toute façon, s’ils remettent les derniers matches de Nations League – et il semble peu probable qu’ils les jouent –, ils devront automatiquement remettre l’Euro. Ma priorité à moi, c’est de finir les choses qui ont été commencées. Les Coupes européennes par exemple, et notre championnat surtout.

La vidéoconférence qui vous attend ce mardi, avec les 55 fédérations, comment va-t-elle se dérouler ?
Je ne peux pas vous répondre. Cinquante-cinq nations, cela fait quand même beaucoup. À mon avis, il y aura juste un appel pour les présences et ce sera plus une réunion d’information qu’autre chose. On ne va pas discuter à une soixantaine. Je pense qu’ils vont juste nous annoncer leurs décisions et nous souhaiter bon courage.

Pas de vote ? On ne vous demandera pas votre avis ?
Nous, au Luxembourg, on a moins de choses à défendre que d’autres. Mais mon avis c’est qu’il y a un enjeu financier terrible autour des Coupes d’Europe. Même s’il n’est pas temps d’en parler, cela le sera un jour.

Un dernier mot sur les sélections nationales. Elles seront bien évidemment soumises au même traitement que les clubs ?
Je crois que tout va être remis, oui. J’espère une décision claire sur le sujet. Sincèrement, je ne nous vois pas envoyer nos joueurs à l’étranger (NDLR : les Roud Léiwen ont, les 26 et 30 mars des matches prévus à Chypre et au Monténégro), d’autant qu’ils viennent tous de loin. Non, je ne nous vois pas les jouer, ces matches.

Le fait que certains internationaux du pays continuent de jouer, à l’étranger, que ce soit en Russie, en Turquie ou en Ukraine, vous inquiète-t-il ?
On reste le plus possible en contacts avec eux tous. Quand j’entends qu’au Belarus, on joue encore avec du public, je me dis que nos joueurs qui jouent encore des matches ont finalement presque de la chance. On a vu aussi un peu avec Laurent Jans à cause de l’arrivée du coronavirus à Paderborn et lui, ça va (NDLR : le capitaine de la sélection devait avoir ses résultats hier au test du Covid-19). C’est rassurant.

Entretien avec Julien Mollereau