Les héros des Glasgow Rangers planent sur la DN avec un magnifique 15 sur 15. Qu’est-ce qui a changé au Progrès cet été ? On a posé la question au président Fabio Marochi.
Que dire après un tel début de saison ?
Fabio Marochi : Quand tu réalises un 15 sur 15, tout en inscrivant un grand nombre de buts, il n’y a rien à dire (il sourit). Maintenant, ce n’est pas pour ça qu’on est infaillibles. On a pu le voir à l’US Esch ce dimanche. On a eu du mal à marquer le but de la victoire. Mais je suis sûr qu’on ne sera pas les seuls à connaître des difficultés sur ce terrain. Parce que c’est un synthétique, mais aussi du fait que cette équipe jouait à 11 derrière.
En voyant vos premières semaines de compétition, un président tel que vous se dit aujourd’hui : c’est la bonne année ou bien plutôt que cette belle machine qu’est l’équipe du Progrès risque à un moment donné de se gripper ?
Ce qu’il faut voir, c’est qu’on connaît une certaine réussite depuis un certain temps. Avant, lorsqu’un de nos tirs touchait le poteau, la balle repartait toujours hors du but. Aujourd’hui, lorsqu’on touche le cadre, c’est poteau rentrant ! Mais cette réussite n’est pas un hasard. Elle n’est pas tombée du ciel. Elle a été provoquée par tout le travail qui a été effectué ces six ou sept dernières années au sein du club. Aujourd’hui, on possède une bonne équipe, un bon staff, une bonne organisation. Néanmoins, on reste les pieds sur terre. On sait qu’on connaîtra des moments de doute.
Vous n’avez pas vraiment répondu à la question…
C’est quoi ce que vous appelez « la bonne année » ? En 2009, on a mis en place un double plan quinquennal. Dans les cinq premières saisons, on devait stabiliser le club en BGL Ligue. Puis, dans les cinq suivantes, parvenir à accrocher l’Europe. Ce qu’on a fait en jouant l’Europa League en 2015 et 2017. À partir de la 10e année, c’est-à-dire 2019, on devra être capable d’aller chercher un titre. Si maintenant on remporte le championnat ou la Coupe avec deux ans d’avance, on ne dira pas non évidemment. Mais la concurrence est forte. On a déjà pu voir le week-end passé que le Fola et Differdange se réveillaient. La Jeunesse est costaude aussi. Et Dudelange est, pour moi, toujours le plus impressionnant.
On a l’impression que votre équipe a passé un cap cet été…
Je le pense aussi. Je l’ai vu dès notre premier match de championnat au RFCU. On a été assez rapidement menés au score. Mais il s’est alors passé quelque chose que je n’avais encore jamais vu avant : nos joueurs ont continué à jouer comme si le tableau d’affichage indiquait toujours 0-0. On retrouve désormais une maturité, une sérénité dans nos rangs qui faisaient défaut. Auparavant, quand une pareille situation se présentait, je voyais des joueurs qui baissaient les bras et la tête. Et je savais qu’ils ne reviendraient ni au score ni dans le match. Désormais, je peux me sentir plus à l’aise, détendu, dans les tribunes.
Qu’est-ce qui a changé ?
Je pense simplement que certains joueurs ne sont aujourd’hui plus là. Des éléments qui, justement, avaient tendance à baisser les bras. Ces 24 derniers mois, on a tranché dans le vif au niveau de l’effectif. Et je pense que c’est ce qui fait qu’on se retrouve là où nous en sommes actuellement. Les nouveaux joueurs qui ont débarqué possèdent cette mentalité de vainqueurs, ce sont des hommes qui ne sont jamais battus. Et les éléments qui sont restés ont passé un cap, en BGL Ligue ou avec l’équipe nationale pour certains.
Quand vous parlez des départs, vous pensez à qui en disant ça ?
Je ne vais pas citer de noms. Les éléments en question savent tous ce que je viens de vous expliquer. Cela leur a été signifié en entretien avant qu’ils s’en aillent. Certains sont des noms au niveau du foot luxembourgeois et ce sont des joueurs de qualité. Mais ils n’avaient donc pas la mentalité adéquate lorsqu’il s’agissait de mettre son bleu de travail sur la pelouse. C’est là que les Dudelange, Differdange et Fola faisaient la différence.
La qualification face aux Glasgow Rangers, une victoire au RFCU (qui était alors pointé comme un gros outsider) lors la première journée, un succès sur le Fola, un 0-6 à Strassen… Vos joueurs ont déjà sorti de très belles perfs cette saison. Mais on a l’impression que le véritable révélateur, ce seront vos deux prochaines sorties face à Differdange puis Dudelange. On se trompe ?
Quand on a vu notre programme en championnat, on a directement dit au staff et aux joueurs qu’on tirerait un premier bilan après sept matches, soit au lendemain de notre déplacement en terre dudelangeoise le 30 septembre. On aura alors un bon indicateur de ce qu’on peut faire sur la suite du championnat.
Si vous deviez être battus lors de ces deux rencontres, votre bilan comptable resterait excellent avec 15 points sur 21. Mais vous auriez quand même un goût de trop peu dans la bouche, non ?
Ces 15 points, plus personne ne peut nous les prendre. Notre objectif reste de finir dans le top 3. On a placé la barre à 56 points. Il nous en reste donc 41 à glaner. On a battu des formations comme le Racing, le Fola et le Titus Pétange. Et comme je l’ai déjà dit, à mes yeux, on a passé un cap. Maintenant, avec des éléments comme Mario Mutsch, Alex Karapetian, Yann Matias, Manu Françoise, les frères Thill, qui sont au-dessus du lot dans ce championnat, mais aussi tous les autres joueurs, si je vous disais qu’on serait contents avec deux défaites 1-0 face au FCD03 et au F91, je serais un menteur. Si au soir de la 7e journée, on ne comptait toujours que 15 unités, je serais déçu. Et je ne serais pas le seul. Je pense qu’on pratique, à l’heure actuelle, le plus beau football de BGL Ligue. Ce serait donc dommage de réaliser un 0 sur 6.
Samedi, vous recevez donc Differdange pour le derby. Et une nouvelle fois, on est obligé de vous rappeler que votre club a perdu les 7 derniers affrontements. Mais vous n’avez jamais semblé dans une aussi belle position avant de l’aborder…
Je serai évidemment très content de l’emporter. Mais vous savez, si on me dit aujourd’hui qu’on perd ce derby, mais qu’on termine champion avec cette seule défaite, je prends tout de suite !
Cette longue série de revers, cela peut jouer dans la tête de vos joueurs ?
Sur le terrain, ils n’y pensent pas. Surtout que beaucoup d’entre eux ont déjà battu Differdange avec leurs précédentes équipes. Ils respectent leur adversaire, mais ils n’en ont pas peur. Ils ne sont pas le genre de gars à avoir les jambes qui tremblent avant un match.
Pour terminer, on peut vous demander ce qui vous a le plus marqué au Progrès Niederkorn depuis l’entame de cette saison 2017/2018 ?
Je suis membre du comité depuis 12 ans et président depuis 7 ou 8 ans. Et pour la première fois depuis que je suis là, je vois sur le terrain une équipe qui me donne vraiment la sensation d’être une équipe ! Tu ressens qu’ils sont tranquilles dans leur tête, qu’ils savent qu’ils vont marquer. C’est cette attitude qui m’a marqué. Et j’espère vraiment que ce sera toujours le cas lors des deux prochains matches de championnat.
Entretien avec Julien Carette