Noah Fernandes, 17 ans, incarne cet Etzella rajeuni qui rêve encore de maintien. Il a de qui tenir : son père, George, a contribué à écrire en son temps de belles pages de l’histoire du club.
Son père pèse 215 matches de BGL Ligue avec l’Union et surtout Etzella, son club formateur, avec lequel il a participé à l’époque faste du tournant du siècle. Lourd héritage à assumer donc, pour Noah Fernandes, pourtant buteur et passeur décisif le week-end dernier lors de sa courte entrée en jeu contre la Jeunesse, devant un papa fier comme tout.
Que ressent-on quand on voit son fils marquer à 17 ans pour son club de cœur?
George Fernandes : C’est la première fois qu’il marque en plus! Je lui ai dit directement après le match d’aller jouer au loto!
Il l’a fait?
Non. On a trop peur de gagner. (Il rit) Blague à part, Etzella, ça reste mon équipe, mon club de cœur. Mais quand il a marqué, c’est le père qui a réagi.
Le père a-t-il réagi au fait que Noah évolue désormais avec un joueur qui a commencé à 17 ans également, avec vous, il y a deux décennies : Dan Da Mota?
C’est dingue, hein?! Quand Dan a signé pour revenir au club, il m’a directement envoyé un message pour me dire « bon sang, j’ai commencé avec le père et maintenant, je vais jouer avec le fils! C’est top! ». Après, il a fait un truc qu’on fait toujours… il m’a assuré que le fils était bien meilleur que le père…
La question est-elle de savoir si c’est vrai?
Je n’en ai aucune idée et je refuse de comparer. Lui m’a vu jouer sous le maillot d’Etzella, mais il avait 4 ans. Il n’a aucune notion de ce que je savais faire. Pour faire carrière, il faut de la discipline, de l’engagement et aussi un peu de chance. il faut savoir écouter aussi. Je lui fais de petits débriefings après les matches, mais juste comme ça. Je lui précise : « À toi d’assimiler, de savoir si tu comprends ce que je veux dire, sachant que moi, je serai sincère. Après, c’est toi qui décides de voir ce que tu fais de tout ça. »
Vous rappelez-vous de votre nombre de buts en DN? Parce que là, il vient quand même de scorer pour sa troisième apparition en BGL Ligue…
(Il sourit) Je n’ai aucune idée du nombre de buts que j’ai inscrits, mais bon, il est déjà forcément en avance sur moi sur un point. Moi, quand j’ai commencé à 17 ans, on évoluait en PH. Alors marquer à 17 ans en DN, ça, je ne l’ai jamais fait. Il a déjà cet avantage sur son père, personne ne lui enlèvera plus ça. Mais j’espère qu’il sait qu’il n’y a rien d’acquis. Moi, même à la fin, à 33 ans, mon but, chaque match, était de me confronter au fait que je devais être bon.
Grâce à lui, les gens se rappellent le père
À votre connaissance, sera-t-il bientôt rejoint par les fils d’autres coéquipiers de votre époque?
Je ne crois pas, non. Les fils de Ralph Ferron jouent à Mertzig. Et je crois que le fils de Paddy Poing est à Etzella, mais chez les tout jeunes.
C’est quand même une petite cure de jouvence bienvenue pour les spectateurs du club, l’émergence de Noah…
Je ne sais pas si on lui parle de moi, à Noah. Mais à moi, on m’en parle. C’est amusant, parce que c’est rare finalement comme cas de figure. Je vois bien que la nostalgie revient grâce à mon fils. Grâce à lui, les gens se rappellent le père et cette équipe qui a connu beaucoup de succès. Cela ne veut pas dire qu’on sera immédiatement de nouveau performants, mais c’est beau quand même, des histoires comme ça. Même si je ne m’attache pas assez émotionnellement pour en arriver à souffrir de la situation du club.
À 17 ans, justement, a-t-on des responsabilités vis-à-vis de l’histoire du club?
Je lui ai dit qu’un joueur doit toujours être d’abord égoïste et regarder sa performance en premier. S’il est bon, il y a plus de chances que son équipe soit bonne et la probabilité de gagner augmente. Dimanche dernier, en l’emmenant au rassemblement, je lui ai demandé s’il se sentait nerveux. Il m’a dit non. Je crois que c’est comme moi, qui ai aussi commencé à 17 ans. Il ressent de l’excitation, de l’adrénaline. Mais moi aussi, j’ai pu compter sur mon père, qui m’accompagnait partout, tout le temps. Moi, sa présence m’avait fait du bien. J’ai arrêté d’entraîner justement pour faire la même chose. Être présent pour mes fils, c’est-à-dire également Lenny, qui a 13 ans et joue à Mertzig. Mais Noah sait que son grand-père est là aussi, au bord du terrain. Il continue.
Etzella va-t-il se sauver?
Je l’espère du fond du cœur. Mais ce ne serait pas une catastrophe de tomber, car ils ont plein de bons jeunes et la saison prochaine, ils rejoueraient pour la montée. Malheureusement, je ne serai pas à Niederkorn dimanche : j’ai une communion. Mais je trouverai bien le moyen de regarder le match en streaming!