Les directeurs sportifs des quatre clubs européens étaient lundi soir en visioconférence pour discuter des protocoles de retour à l’entraînement expédiés par la FLF. Pas de panique.
Un «total respect des mesures en vigueur». C’est ce à quoi exhorte la FLF dans le document qu’elle a expédié aux clubs en vue de l’organisation de la reprise des entraînements que tous les clubs européens ont programmés pour la mi-juin. Lundi soir, dans un remarquable effort de «brainstorming» collectif, les directeurs sportifs de Pétange, Differdange, Niederkorn et du Fola se sont ainsi donné rendez-vous pour une visioconférence servant à coordonner ce retour sur les terrains. Et ce sera tout sauf facile. «Il y a neuf pages, je n’ai pas encore tout épluché, mais je sais d’avance que ce sera difficile à mettre en œuvre», avait dit en préambule Fabrizio Bei, président du FCD03.
Très concrètement, ce sont quatre clubs qui en sont à se demander comment préparer leurs rencontres européennes (toujours très officiellement prévues fin juillet même si l’UEFA s’abstient de communiquer sur le sujet) alors que le protocole de la FLF, validé par le gouvernement, prévoit un maximum de 20 personnes, staff compris, réunies en même temps au même endroit.
«Bon, il y a surtout la question de la définition des aires que l’on peut investir avec ces personnes, précise Pascal Welter, au Fola. Tous ces clubs dont on parle ont quand même deux ou trois terrains sur le même site. Et puis on est à l’air libre…» Tous hormis peut-être Pétange, dont le terrain 2 au stade municipal et la pelouse de Lamadelaine vont passer au synthétique au même moment et se retrouvera dans la panade.
«Si on peut avoir 22 joueurs plutôt que 20»
C’est inévitable : les protocoles, même à respecter à la lettre, font toujours l’objet de négociations de la part de ceux qui sont censés les appliquer. Comment pourrait-il en être autrement? Les règles cadrent toujours mal avec la réalité. Ainsi, Thomas Gilgemann, au Progrès, envisage déjà d’opérer une synthèse des réflexions des «Européens» pour aller plaider une cause commune à Mondercange. «Attention, avoir reçu ce protocole, c’est bien. On va s’en inspirer mais surtout le respecter. Seulement même si on se doutait qu’il y aurait des limitations des nombres de joueurs, il va peut-être falloir négocier. Aller jusqu’à 22 plutôt qu’à 20, par exemple, pourrait déjà nous permettre de disputer des amicaux, quitte à mettre les remplaçants et les coaches en tribunes. On va trouver des solutions intelligentes», argumente-t-il.
Comme si elle s’était préparée à cette récrimination mineure, la FLF dégaine l’argumentaire. Ce plan, c’est juste pour permettre un retour à l’entraînement, un rassemblement, enfin, de parties éparses d’effectif. La situation évoluera sans doute vite, d’ici trois semaines, et dans des proportions difficilement envisageables pour l’heure.
Déjà, elle ne «fliquera» pas ses clubs, laissant la responsabilité de ces reprises aux communes, dont le syndicat (Syvicol) a, lui aussi, reçu ce protocole. Ensuite, elle expédiera une demande au gouvernement à la fin du mois afin de savoir s’il est envisageable d’ouvrir un peu plus le système pour permettre la tenue de matches amicaux.
Bientôt la systématisation des tests?
«Oui, ce sont les instances fédérales qui feront le lien avec le ministère des Sports, c’est plus pratique», concède Pascal Welter, preuve tout de même que les clubs font confiance au CA de la FLF pour les épauler. D’autant que celle-ci est aux premières loges pour juger des premiers effets du plan sur ses jeunes, qui ont repris au CFN.
«Roland Vrabec a justement eu le coach de Mönchengladbach (NDLR : Marco Rose) au téléphone pour avoir les premiers retours de leur expérience à l’entraînement», ajoute Gilgemann. «Bon, on va de toute façon beaucoup travailler sur le physique au début, tempère Yassine Benajiba, à Pétange. Après le confinement et cette longue période, ce sera surtout du travail athlétique. On devrait pouvoir gérer.»
De prime abord, oui. Mais la désinfection systématique du matériel, les sens de parcours dans le stade, les distances minimales, le rapport au ballon – qu’il ne faut pas toucher avec les mains –, ça ne s’improvise pas. Differdange et le Progrès sont donc déjà en train de renforcer le système, à leur échelle, alors que le Fola y pense fort aussi.
Les deux voisins se synchronisent et ont démarché des laboratoires afin de savoir comment automatiser les tests de dépistage du Covid en marge de la future reprise. Le staff médical du Progrès préconisait un test pour tout le monde (joueurs et staff) tous les quatre jours. On pourrait dans un premier temps se «contenter» d’un toutes les semaines.
En France, la facture est estimée à un peu plus de 50 euros le test, on vous laisse imaginer la facture totale. Mais visiblement, les clubs ont saisi l’importance du moment et ne badinent pas avec la sécurité. Ils n’estiment pas avoir que des droits, mais perçoivent bien leur devoir. C’est tout à leur honneur.
Julien Mollereau