La Jeunesse défiera dimanche le Fola avec un attaquant arrivé un peu par hasard cet hiver à la Frontière, mais déjà doublement décisif pour sa première contre Wiltz.
Adepte depuis le début de saison d’une défense à trois, aussi bien sous Marc Thomé (remercié mi-novembre) que lors des quatre premières rencontres dirigées par son successeur et ex-adjoint, Arnaud Bordi, la Jeunesse est revenue dimanche dernier contre Wiltz à une ligne défensive de quatre. Avec réussite : relégable (15e) au coup d’envoi, sa victoire cinglante (5-2) lui a permis de mettre fin à une série de onze matchs consécutifs sans succès en championnat, et de gagner quatre places pour se hisser au 11e rang, à égalité toutefois avec le 12e (Mersch) et les deux barragistes (Schifflange et Mondercange).
Mais le changement de système n’était pas l’unique innovation du onze de départ, côté eschois : à la pointe de l’attaque débutait un «rookie», Junior Armando Mendes, 21 ans et transfuge de Laval (France) durant un mercato hivernal qui a également vu débarquer le vétéran Tarek Nouidra (36 ans) à la Frontière. Mais si le milieu aux 274 matches (à son arrivée) en BGL Ligue (avec le Progrès, Mondorf, le RFCU, Hostert et Mondercange) répondait à un souhait d’Arnaud Bordi d’apporter de la maturité à son entrejeu et son cadre, le recrutement de cet attaquant polyvalent, décrit à son arrivée comme «intéressant» et assez complet par le technicien, relève plus d’un heureux «concours de circonstances».
Formé et révélé à Poitiers, pensionnaire du National 3 (la 5e division française) avec qui il a disputé 18 matches (2 buts) entre 2020 et 2022, le natif de Thiès, au Sénégal, s’est ensuite épanoui une saison au Stade lavallois. Décisif six fois (un but et 5 passes décisives) en 16 matches avec la réserve mayennaise (en N3) en 2022/2023, ce qui lui a valu de disputer quelques secondes en Ligue 2 et un match de Coupe de France avec l’équipe première des «Tango» en octobre 2022, Mendes a néanmoins dû se contenter de trois apparitions cette saison.
Pour trouver un club, il suffit de traverser la rue
Soucieux de retrouver du temps de jeu, le Sénégalais, qui a également des origines espagnoles, a rompu son contrat en décembre et eu pour point de chute… le domicile de son père, à Esch, situé dans l’une des rues menant au stade de la Frontière. Quoi de plus naturel, pour un footballeur, que d’y passer une tête? La suite est d’autant plus belle que Mendes, pour ses débuts dans un contexte délicat, a largement pesé dans le succès bianconero : passeur décisif sur le 2-0 signé Larrière (auteur d’un doublé) à la 10e minute, le néo-Eschois a profité une petite heure plus tard d’une passe en retrait mal assurée pour ouvrir son compteur et doucher les ardeurs de Wiltzois ragaillardis par leur réduction du score (4-1, 67e).
«C’est pour ça qu’on l’a pris et pour ça qu’on l’a aligné de suite», s’amuse un Arnaud Bordi auteur de son premier succès avec la Vieille Dame et dont les choix, tactique comme d’hommes, ont payé. «Sans discréditer les autres joueurs, on n’avait pas gagné depuis fin août, replace le technicien français. À un moment, il faut tenter des choses, ou de nouvelles associations. Ça a bien fonctionné et le fait de marquer cinq buts a permis de recréer un peu d’engouement au niveau du public.»
Et ce, pile au «bon moment» : au début d’une série de matches contre des adversaires naviguant plus ou moins dans les mêmes eaux (Fola, RFCU, Mondercange, Kaërjeng, Mondorf) et doit permettre à la Jeunesse, avant de jouer les deux leaders (Differdange puis F91), de «creuser l’écart» avec la zone rouge. Et surtout juste avant de rendre visite au Fola, pour un très court voyage qui vaudra de l’or dans la course au maintien. En particulier pour le voisin, crédité d’un malheureux point lors des quatre derniers derbys, giflé 4-0 à Dudelange pour la reprise et qui peut se faire méchamment distancer dimanche en cas de nouveau revers conjugué à des victoires ou nuls de ses cinq concurrents les plus directs.