Mathias Jänisch a été présenté officiellement ce lundi chez un sponsor du club, O’Tacos. Et il y avait à manger, dans l’interview qu’il a donnée pour l’occasion.
Pourquoi était-ce si important pour vous de venir dès cet hiver sans attendre l’été ?
Mathias Jänisch : Après dix ans et demi à Differdange, il me fallait un nouveau challenge et il me semblait légitime que puisque j’avais pris ma décision, je le fasse le plus tôt possible. Mais je dois remercier les deux clubs pour m’avoir permis de profiter de cet accord. C’est peut-être difficile pour les gens de l’extérieur de comprendre cette décision à cause de la rivalité des deux clubs mais une seule chose m’anime : me prouver à moi-même et prouver au Progrès, que je peux lui apporter quelque chose.
Il a beaucoup été question de votre statut d’international ces dernières semaines, autour de ce transfert. Avez-vous l’impression que vos chances n’étaient plus garanties si vous étiez resté au FCD03 ?
Il est clair que j’espère revenir en sélection vu les ambitions du Progrès et celles que j’ai moi. Pendant deux ans, je n’ai pas joué l’Europe et j’ai conscience qu’il n’était pas évident de me retenir dans ces conditions.
C’est Luc Holtz qui vous l’a dit ?
Non, on n’en a pas parlé. Ce sont mes seules ambitions qui ont dicté ce choix. J’aime les challenges.
Ça a été dur de se libérer de votre contrat differdangeois ?
J’avais pris cette décision pour moi-même et j’étais sûr de moi. J’avais juste à espérer que les deux clubs trouvent un accord.
Vos dirigeants, qui sont «rouge et noir» de cœur, ils ont dû avoir du mal à le vivre, non ?
C’est clair que pour eux, cela a été difficile à avaler, mais ils savent aussi que j’ai toujours tout donné pour ce club. Ils ont toujours connu un gars respectueux et ils ont fini par accepter mon choix.
Question de respect, avec les coéquipiers aussi
Et vos coéquipiers differdangeois ? Comment ont-ils réagi ?
Ils l’ont bien pris. Avec eux aussi, il était question de respect. Ils ont été très sympas.
Ces dernières années, des joueurs comme Nicolas Perez ou Gauthier Caron ont quitté le club en indiquant, pour paraphraser, qu’il allait leur falloir réapprendre à jouer un football offensif. Allez-vous devoir développer des qualités dont vous ne vous serviez pas ou plus, du côté du Parc des sports d’Oberkorn? Vous attendez-vous à un autre football que celui auquel vous étiez habitué à jouer ces dix dernières années ?
Pas ces dix dernières années, non. Mais peut-être ces trois ou quatre dernières années. J’ai parlé avec le coach et au niveau de la philosophie de jeu, on est lui et moi sur la même longueur d’onde. Ça me plait beaucoup. J’aime qu’il veuille jouer et cela va me servir à moi, pour développer mon niveau footballistique. Il prône un football offensif mais surtout très structuré. On voit que c’est travaillé à l’entraînement et cela aussi ça me plaît. Roland Vrabec est un coach de grande qualité qui fait visiblement progresser les individualités. C’est aussi l’un des facteurs qui m’a fait choisir le Progrès. Je sors de ma zone de confort.
Pour vous qui êtes d’origine allemande, il s’agira du premier compatriote sous le ordres duquel vous évoluerez…
Ah oui, c’est vrai. Ça va être sympa parce qu’il y a peut-être des fois où cela m’a un peu manqué de ne pas voir appliqués certains principes allemands. Les coaches allemands ont parfois d’autres notions. Attention, ils ont aussi leurs défauts. Mais ils ont de bonnes bases (il rit).
Blessé durant la première partie de saison aussi…
Pour en revenir à Differdange, que vous quittez après plus d’une décennie, pensez-vous que le club se remettra facilement du départ de l’un de ses joueurs les plus expérimentés et surtout de son capitaine ?
Dur de le savoir. J’ai aussi été blessé durant la première partie de saison et ils m’ont bien remplacé. Maintenant, peuvent-ils le faire sur une longue période, ça…
Seront-ils européens en fin de saison ?
Je ne peux pas juger. J’espère pour eux mais désormais, j’ai un autre club et je ne m’en soucie pas.
Maintenant, vous pouvez nous le dire sans avoir besoin de cacher un quelconque désarroi : comment le FCD03 avait-il vécu la déculottée du 19 octobre dernier, lors du derby (1-5) ?
C’est clair qu’après, au vu du résultat et de la manière, on a ressenti cruellement la différence de niveau. Mais cela ne m’a pas aidé à prendre ma décision. À l’époque, le Progrès avait déjà manifesté son intérêt, mais cela ne m’a pas empêché de tout donné, ni de savoir, avant même le match, qu’il y avait une différence de calibre. Je n’avais pas besoin de ça.
Vous avez peut-être besoin de rejouer le titre, non ?
Ah oui, c’est ce que je veux atteindre. L’ambition du Progrès, c’est de finir champion. Est-ce que ce sera cette année ? Je ne sais pas mais c’est mon objectif personnel, oui…
Propos recueillis par Julien Mollereau