Le Fola encore laminé, à Wiltz cette fois, accueille dimanche une Jeunesse qui a enfin redressé le cap avec un coach intérimaire qui ne rêve que de partir.
Wiltz leur aura fait mal à tous les deux en une semaine pile. En éliminant la Jeunesse de la Coupe (0-1), et en démontrant que les vieux démons liés au réalisme offensif de la Vieille Dame ne sont pas dépassés dès qu’elle affronte un bloc défensif crédible. En fessant le Fola (5-1) à domicile et démontrant qu’il arrivait au champion 2021 de continuer à faire n’importe quoi par moments. Ceci étant dit, on n’a pas attendu les Nordistes pour savoir que dimanche, au Galgenberg, deux clubs malades vont s’affronter : une Jeunesse qui reste à trois points des barrages même si elle en est à deux de la 6e place, un Fola barragiste et pire défense du pays.
C’est un derby de la peur qui s’annonce au Galgenberg. Et alors qu’elle a été menacée d’être lanterne rouge il y a moins d’un mois (un honneur qu’elle a laissé l’espace d’une semaine au Fola), la Jeunesse semble vaguement tenir la corde pour en être le favori : sur les quatre dernières rencontres, elle a réussi à se stabiliser défensivement en n’encaissant qu’un seul but. C’est déjà ça, mais c’est à relativiser : il y a eu sur son chemin deux clubs très malades (Strassen et Etzella) ainsi qu’un Pétange qui a raté cinq monumentales occasions de but pour un 0-0 un peu flatteur malgré une heure de grande stabilité du bloc.
La Jeunesse, six ans en arrière
Le principal souci, c’est que ce mieux-être, les Bianconeri le doivent en partie à un entraîneur qui ne cache pas qu’il ne restera pas et même qu’il lui tarde de retourner à l’anonymat de son rôle habituel de directeur sportif, Jacques Muller. Le dernier coach à avoir arraché un titre de champion pour la Jeunesse en 2013, encore patelin il y a deux semaines, était déjà beaucoup moins rieur la semaine passée, ne cachant pas qu’il lui tarde que le club trouve enfin un successeur à Henri Bossi.
La lassitude pointe après trois semaines d’intérim qui ont toutefois prouvé qu’il tient le groupe et les rênes d’une lente remontée au classement qui pourrait se concrétiser encore un peu plus fort au meilleur moment, c’est-à-dire dans un derby. Et Marc Theisen, son président, ne lui a pas débroussaillé le terrain, dimanche, admettant qu’il n’y aurait pas de nouvelles au mieux avant la trêve internationale.
En croisant les doigts pour que cela se passe aussi bien avec l’heureux élu qu’avec l’intérimaire contre son gré, qui a quand même le droit de sourire un peu : la Jeunesse, victorieuse 6-0 d’Etzella, n’avait plus inscrit autant de buts sur un seul match de championnat depuis mai 2016 et la visite de Hamm (6-4). Et il faut remonter à août 2015 pour trouver trace d’un succès avec six buts d’écart, déjà contre Etzella.
Pragmatique quitte à « gagner moche »
C’est un problème que le Fola aimerait bien avoir. Lui qui a rechuté si lourdement dans le nord, ne parvient visiblement pas à se sortir des erreurs individuelles détestables qui plombent tous ses efforts. Sur les cinq buts pris à Wiltz, trois au moins sont directement dus à des largesses et font écho assez dramatiquement au 6-0 pris à Differdange ou au 8-1 contre le Swift.
Quand il avait dû prendre la main après le départ de Miguel Correia, Serge Wolf avait indiqué qu’il ne se gênerait pas pour être pragmatique quitte à «gagner moche», mais les choses n’évoluent clairement pas assez vite et le club doyen est déjà passé entre les gouttes en Coupe contre Schengen, club de Division 1 qui l’a sérieusement ébranlé. Alors qu’il s’apprête à jouer le meilleur ennemi, qui voit renaître un Alexis Larrière des grands jours, il ne pourra pas faire l’économie d’une sérieuse remise en cause en cas de défaite. Et malheureusement pour lui, c’est encore l’hypothèse la plus probable…