Il y a de nouveaux caïds dans la cour de récréation de la DN. Smaïl Morabit à Mondorf et Alexander Laukart à Pétange ont marqué très fort les esprits en ce début de saison.
C’est excitant, les débuts de saison. On y guette avidement les nouvelles recrues, surtout celles dont on sait qu’elles ont fréquenté le monde pro et s’il arrive qu’on soit déçu, au moins le temps que ladite recrue trouve son rythme, s’adapte, il y a aussi des fulgurances. Des amours instantanées. Les coups de foudre du mois d’août, ce n’est pas rare, mais quand ça arrive, on a envie de le crier au monde entier et il se trouve qu’à l’approche de la trêve internationale, on peut déjà affirmer que le Titus avec Alexander Laukart et Mondorf avec Smaïl Morabit n’ont a priori pas raté leur(s) coup(s). Gageons que ces garçons, on en parlera énormément dans les mois à venir!
Smaïl Morabit
Mondorf – 33 ans
«Le meilleur attaquant que j’aie jamais entraîné»
Arno Bonvini l’avait vu venir, mais pas à ce point. Début août, le coach de Mondorf avait parlé de son nouvel attaquant comme d’un «petit pari» dont on voyait bien qu’il avait un coup de reins qui pourrait être dévastateur, mais qui, vu son âge et le fait qu’il n’avait plus joué ces derniers mois, laissait planer une ombre certaine sur les prestations qu’on était susceptible d’attendre de lui en ce début de saison. Et Mondorf autant que son public a pris une énorme claque car l’influence de l’éphémère Folaman (il y était passé quelques semaines en 2010, avant de s’expatrier vers l’Allemagne) se mesure bien au-delà de son but et de ses deux passes décisives.
Fixé en pointe, Morabit décroche pour chercher des ballons, mais se retrouve quand même dans la surface quand c’est nécessaire, multiplie les percussions, fait preuve d’une vision de jeu au-dessus de la moyenne. Pour Bonvini, c’est clair, c’est net : «C’est le meilleur attaquant que j’aie jamais entraîné.» Le compliment vaut ce qu’il vaut, mais le Franco-Marocain, actuel deuxième meilleur joueur de DN après trois matches, s’est assuré d’une intégration en un temps record. Et son coach en est bouche bée pour l’instant : «Le mec fait de bons appels et a un coup de reins formidable, il est altruiste et fait tout dans un esprit collectif, il pèse sur les défenses et en plus, prend soin de son corps à côté, nous prouvant qu’il n’est pas là pour finir tranquillement sa carrière.» Les 208 matches en 2e et 3e Bundesliga, on les sent bien passer au stade John-Grün!
Alexander Laukart
Pétange – 22 ans
«C’est normal, il a été formé à Dortmund»
À première vue, le Titus n’a pratiquement rien raté dans son recrutement estival. Surtout pas ce qui peut lui venir d’Allemagne. Mais il y en a un, dans le lot, qui ne peut pas ne pas retenir l’attention de tout le monde, c’est Alexander Laukart. Là aussi, c’est peut-être une question de logique pure : le garçon, champion d’Allemagne U19 avec son club formateur du Borussia Dortmund, a une carte de visite qui doit lui permettre d’être au-dessus du lot en BGL Ligue. Huit apparitions en D1 néerlandaise avec Twente, dix-neuf en D2 batave principalement avec Den Bosch, huit bouts de rencontre avec le Türkgüçü Munich en 3e Liga la saison passée, on a vu pire à 22 ans.
Buste droit, patte gauche en action, Laukart a démontré plusieurs choses avec le Titus en ce début de saison. Vision du jeu et capacité à devenir d’emblée un leader technique à la première relance, frappe de balle d’une puissance et d’une précision sidérantes qui le prédestinent à mettre des buts qui resteront dans l’inconscient collectif. Dupire (Swift) et Mfa (Rodange), qui n’en ont réchappé que de justesse, peuvent en attester. Le routinier Christian Silaj, lui aussi un ex du BVB, relégué en tribune, aussi. «Il vient vraiment d’un niveau intrinsèquement plus élevé, mais il va nous apporter encore plus dans tous les domaines quand il connaîtra mieux ses binômes, estime Nicolas Grézault. Quant à sa frappe de balle… Oui, il a une belle coordination et un sens de l’équilibre mais c’est normal, il a été formé à Dortmund.» Alors si ça, c’est la normalité, pour Laukart, qu’est-ce que ce sera quand il sera extraordinaire…
Julien Mollereau