Rosport a décidé de (presque) tout changer cet été, alors que la stabilité était sa planche de salut depuis des années.
Rosport a perdu et continue de perdre nombre de ses cadres de la saison passée, alors que l’effectif était, comme toujours, restreint. Ça a commencé avec Brandenburger (Strassen). S’est poursuivi avec Bouché (Progrès), puis avec Neves, joueur d’appoint, mais surtout Soares (tous les deux vers Etzella). Avant d’attaquer Kyere, qui rejoint Phönix, en Allemagne, sachant que c’est là que vient aussi de s’engager Maarkvoort. Et que Dossou ne sera pas conservé tandis que Carratala va lui aussi refranchir la frontière.
Avant de quitter le club, en 2022, Marc Thomé avait théorisé en ces termes la survie à cet échelon du plus petit village du pays : «L’important, c’est de garder l’ossature historique, d’avoir cette continuité.» Et c’est exactement là-dessus que s’appuie aujourd’hui Martin Forkel pour dire à ceux qui s’inquiètent pour son équipe de ne pas paniquer : «Il reste Brandenburger, Bechtold, Steinbach, Marques…». La base. Mais elle s’étiole, cette base.
Arslan, ça fait peu quand même
Le technicien allemand n’a pourtant pas de trémolos dans la voix. Tout semble sous contrôle et il s’amuserait presque à jouer la carte de la contradiction. Ces départs touchent quand même des joueurs importants? «Mais en ce qui concerne les attaquants notamment, c’est nous-mêmes qui avons pris les décisions de ne pas prolonger!» Il y a quand même quelques premières licences dans le lot? «Cela n’a jamais été un problème et cela ne le sera jamais.» C’est une grosse saignée par rapport à un effectif déjà assez restreint? «C’est la chance, qu’on a décidé de saisir, de donner un nouvel élan au club.»
Pour l’heure, la seule vraie grosse signature est celle de Mikail Arslan, attaquant germano-turc d’Oberliga. On ne doute nullement que le Victoria ait perdu ce sens inné des bonnes affaires inattendues qui le caractérise, mais cela fait léger comme recrutement, non, à la mi-juin?
«Mon seul regret, c’est Kyere»
«Le seul regret que j’aie, tranche Forkel, c’est Kyere, que j’aurais bien aimé garder, car c’était un joueur clef qui s’est montré très solide. Il ne sera pas facile à remplacer, mais nous allons bientôt annoncer un défenseur central de 23 ans. Moins expérimenté, certes. Il y a aussi un autre attaquant, qui est tout proche de nous rejoindre. Seulement, pour la reprise, le 25 juin, on ne sera pas au complet. On en a encore pour deux ou trois semaines d’essais avant d’être prêts.» Cela a souvent été le petit péché mignon du club que de boucler son effectif tardivement. Cela a fragilisé le début de saison de Forkel, en 2023-2024, mais cette fois-ci, il semble aborder l’aventure avec bien plus d’optimisme (voire de certitudes) qu’à l’époque, alors qu’il arrivait de Berbourg pour diriger un club calé sur ses acquis.
C’est même littéralement avec la certitude que cette révolution d’effectif va porter des fruits inattendus que le coach qui vient d’enquiller deux maintiens relativement tranquilles s’attaque au renouvellement : «La saison passée, on n’a marqué que 29 buts (NDLR : troisième pire attaque de l’élite) et c’est un vrai problème pour moi. Je veux retrouver les bases qu’on avait quand nous avions Van Lingen ou El Idrissi avec nous. Les problèmes vers lesquels on avance, je suis heureux de les avoir. La pré-saison sera difficile, on va quasiment repartir de zéro et il va falloir énormément travailler. Mais j’ai quelque chose en tête. En attaque, on va être plus flexibles, plus imprévisibles. C’est une nouvelle chance pour le club et moi de tout changer. On va faire encore mieux que les deux dernières saisons.»
Si, désormais, Rosport va chercher son bonheur dans l’innovation plutôt que dans le conservatisme, on n’est pas au bout de nos surprises…