[17e journée] Encore chirurgical, le Swift a engrangé trois points importants face au RFCU. L’expérience, la rigueur et la précision ont encore payé.
Régis Brouard sera content d’apprendre qu’il avait raison sur un point : en général, face à son RFCU, le joueur adverse qui hérite de la meilleure note est… le gardien. Samedi soir, Jonathan Joubert aura en effet, de manière assez curieuse, pas mal rayonné alors que jamais le Swift n’a semblé réellement en danger face à son hôte du jour. L’ancien gardien de but international s’est ainsi fendu d’un gros réflexe à deux mains sur sa ligne et sous sa barre, après une tête de Holter sur corner (35e), d’une parade du bout des doigts devant Bouché (78e), d’une superbe «horizontale» sur un ballon enveloppé de Dembélé (82e) et d’un face-à-face remporté avec Mabella (85e). Le Racing y a renforcé ce désespérant statut d’équipe en manque récurrent de réalisme, mais il faudrait voir à ne pas faire mentir le scénario de ce match au sommet : il y avait un monde d’écart en faveur d’Hesperange.
Régis Brouard l’a reconnu sans peine au coup de sifflet final : «Il y a une vraie différence de maîtrise dans les moments clefs. Eux, ils font le bon geste. Il n’y a qu’à voir les centres sur leurs deux buts : ils sont parfaits. Nous, dans ces situations, on se trompe. Dans la maîtrise, c’est la meilleure équipe du championnat. On n’a pas encore leur niveau. Il nous reste du travail.»
25 points sur 27 en 2021 tout de même
Le RFCU a pourtant été assez cohérent en première période. Et même rebelle à toute forme de logique en fin de rencontre, poussant dans l’espoir un peu fou de faire vaciller son supérieur hiérarchique. Les hommes de Carzaniga, pourtant, avaient renvoyé tout au long de la partie une impression de puissance qui en aurait découragé plus d’un. Garos absent, c’est un revenant, le Belge Mohamed Loua, 20 ans, qui a littéralement verrouillé l’intégralité du jeu au milieu («Vu notre système, il nous fallait une vraie sentinelle, applaudit Carzaniga. Il n’a plus rejoué depuis des mois, il fallait oser»). Françoise, toujours volontaire mais souvent brouillon cette saison, a confirmé qu’il revenait à des hauteurs assez vertigineuses dans son couloir gauche. Abdallah, après deux échecs qui ne lui ressemblent pas en première période (battu en un-contre-un par Ruffier à la 17e, il a vu le portier sortir la parade du jour sur sa ligne pour empêcher sa tête décroisée de finir au fond à la 41e), a surgi au bout d’un dédoublement pour pousser au fond sur un magnifique dédoublement et un centre de Mélisse (1-0, 54e). Une action d’école. De celles qui se récitent. Et puis Stolz, qui devient lui aussi d’une précision chirurgicale au fur et à mesure que les années glissent sur lui, a conclu le boulot d’une tête puissante sur un centre de Françoise (2-0, 72e), une cinquantaine de minutes après avoir littéralement déposé un coup franc que Malget a manqué de rabattre au fond (20e).
C’est beaucoup plus qu’une accumulation d’individualités. Le Swift est devenu le rouleau-compresseur qu’on attendait, quels que soient les joueurs, quel que soit le système. «On était sur un 4-4-2 losange en première période afin de faire les efforts pour deux attaquants en manque d’énergie, puis on est revenu en deuxième période en 4-3-3 avec Stolz à la baguette pour écarter le jeu. Et c’est comme ça que les buts tombent», se régale Pascal Carzaniga. Son équipe a pris 25 points sur 27 possibles en 2021. Seul Etzella, avec énormément de réussite, lui a arraché une unité.
Pour le reste, Hesperange découpe consciencieusement la concurrence et il semble d’une froideur encore plus clinique dès qu’il rencontre une équipe dont la renommée peut l’aider à faire peur au reste du pays; le Progrès (2-5) et la Jeunesse (5-1) peuvent en attester. Et voilà que se profile le F91, début avril. «On va l’aborder tranquillement», sourit Joubert, à qui on a posé la question de savoir si ça y était, si le Swift avait enfin trouvé son rythme de croisière «dudelangeois». «Un projet, ça ne se met pas en place en trois semaines, mais oui, c’est vrai, on a une bonne dynamique.»
Julien Mollereau