Arrivé à Mondorf pour jouer ailier ou attaquant, le Français Ibrahim Baradji se révèle depuis peu au poste de latéral gauche, où Arno Bonvini lui voit un avenir.
On l’a principalement vu évoluer sur les ailes, d’abord à droite, en fausse patte, puis à gauche. Pour Transfermarkt, peut-être la base de données gratuite la plus complète et fiable qui soit, il est un «attaquant/buteur» – le seul d’ailleurs de l’effectif mondorfois –, un poste auquel il n’a en fait débuté que deux rencontres de championnat cette saison, mais pour lequel il a été recruté avant l’arrivée d’Arno Bonvini. C’est pourtant bien plus bas, à gauche de la défense, qu’Ibrahim Baradji a disputé 90 minutes, dimanche face à Strassen (1-1).
Un choix par défaut, alors que Costinha, l’habituel titulaire au poste, était suspendu et se remettait du covid, et que Yohan Merlet et Tim Bartholomey (9 matches de DN en 2020/2021 chacun), deux autres spécialistes du poste, sont constamment «out» depuis le début de saison ?
Pas tout à fait : non seulement Arno Bonvini disposait encore dimanche de Dylan Kuete, rayonnant au milieu contre Strassen mais formé comme latéral gauche et utilisé comme tel à Wiltz en septembre (6e j.), mais Costinha était bien disponible en novembre contre Pétange et le Progrès, deux matches où Baradji lui avait déjà été préféré.
Un choix assumé d’Arno Bonvini
«Costinha a connu un certain relâchement, il n’était plus aussi performant, rappelle l’entraîneur mondorfois. S’il n’avait pas perdu en efficacité et n’avait pas manqué d’un peu de sérieux, l’idée ne serait jamais née : devant, Ibrahim faisait du bien et pesait sur les défenseurs. Il n’arrête pas de courir, il est difficile à contrôler sur 90 minutes.»
Mais puisque Mondorf possédait suffisamment de ressources dans le secteur offensif et «ne voulait pas se passer de Kuete au milieu», Bonvini s’est laissé aller à l’expérimentation lors d’une fenêtre internationale où les solutions au poste venaient à manquer.
«Vu sa vitesse et sa percussion, je me suis dit dès les premiers matches que ça pouvait être intéressant, rejoue le technicien. C’est quelqu’un qui a besoin d’espaces. Comme latéral, il a cette capacité à se projeter vers l’avant, et comme il est ailier ou attaquant de métier, il sait déborder. Il a connu quelques problèmes de placement au début, mais avec sa vitesse et son intelligence dans les duels, il s’est vite adapté et commet très peu de fautes. Après la trêve hivernale, un groupe de 25-26 joueurs s’est formé et j’ai pris la décision de le fixer à ce poste.»
Si je voulais le mettre dans le but contre le Swift dimanche, il irait !
Une reconversion facilitée par l’état d’esprit du Français de 26 ans, exemplaire selon son entraîneur : «J’étais sûr que ça pouvait fonctionner, car c’est un joueur d’équipe. Tu ne peux pas faire ça avec tout le monde, mais lui, ça saute aux yeux qu’il est comme ça. Il joue pour les autres. Si je voulais le mettre dimanche dans le but contre Hesperange, il irait!». Pas dit toutefois que Bonvini aille jusque-là, tant Baradji a convaincu comme arrière gauche contre Strassen, un rôle où il a surpris par sa sérénité, y compris sous la pression adverse.
L’exemple Evariste Kabongo au F91
Prudent en début de partie, le gaucher a notamment signé un retour autoritaire et décisif sur Perez, qui filait au but (15e). S’il a concédé un coup franc excentré dangereux (25e) et que ses remises en jeu trahissaient son passé d’attaquant, Baradji a en revanche eu tout l’air d’un défenseur dans les duels, aussi bien au sol, où il a gratté quelques ballons, que dans les airs, où il s’est plusieurs fois imposé.
Enfin, en dépit d’un bilan maigre bilan offensif, un domaine où il ne s’est signalé que par un débordement tout en puissance conclu par un centre dangereux (29e), c’est de lui, et de sa double interception dans sa surface devant Weirich, qu’est venue l’égalisation mondorfoise, sur une phase de transition (1-1, 70e).
«Défensivement, il a fait son meilleur match. S’il continue à progresser dans ce domaine, ça va être très intéressant», juge Arno Bonvini, persuadé que son numéro 17 peut aussi peser dans le camp adverse «si on le fait partir de plus loin», et qui voit dans le profil de Baradji quelques similitudes avec Evariste Kabongo.
Joueur du F91 entre 1991 et 1994, puis de 1999 à 2007, le Congolais «était aussi venu à Dudelange pour jouer attaquant, se souvient l’entraîneur mondorfois. Il avait beaucoup joué ailier et à la fin, il avait reculé comme latéral.» Un poste qu’il occupait encore en BGL Ligue à 40 ans, sous le maillot de Hamm. Pas forcément une bonne nouvelle pour les concurrents de Baradji.
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