Contre une Jeunesse solide mais redevenue indisciplinée, ce qui va peser, le RFCU a patiné offensivement.
À deux tiers du championnat, lentement, certains commencent tout doucement à craquer et il faut bien se demander, ce matin, si ce n’est pas ce qui est en train d’arriver au Racing, tellement à l’aise en automne, en nette baisse de régime avant les fêtes et qui a, en 2022, galéré contre les deux relégables avant de ne prendre que deux points sur neuf ces trois dernières semaines. Pour faire court, le Racing n’a gagné que deux de ses huit derniers matches et c’était contre Rodange et Hamm.
Resserrer les rangs, adopter une mentalité propre à ne pas encaisser trop de buts, songer à redevenir solide comme le désirait il y a peu Jeff Saibene, échaudé par les performances défensives de son équipe (et qui a cassé son 4-4-2 fétiche pour une défense à trois qui fonctionne), c’est aussi parfois, malheureusement, fabriquer de l’ennui. Le sursaut d’orgueil du RFCU le week-end passé à Dudelange (1-1), lors d’un match qui l’avait vu ne concéder aucune occasion de but sérieuse à l’équipe qui était alors leader et meilleure attaque du pays, ressemblait à un message fort.
Le voir rééditer semblable performance contre la Jeunesse est un signal de plus. Mais les statistiques offensives ont survécu à la semaine d’entraînement et l’absence quasi totale de moments forts au stade Achille-Hammerel, hier, dessine les contours d’une équipe qui pourrait devenir un peu ennuyeuse offensivement si elle ne se ressaisit pas vite.
Bon, vu des bureaux des dirigeants du club de la capitale, leur club pourrait s’accommoder d’être ennuyeux s’il ne devenait pas surtout… ennuyé par son manque de résultats concrets. Ne pas perdre contre le F91 et la Jeunesse, c’est bien, mais gagner, ç’aurait été mieux. Voilà le club de la capitale relégué à quatre points du Swift et de la troisième place, huit du F91 et dix du Progrès.
Les perspectives, lentement, commencent à s’amenuiser, ce que reconnaît Jeff Saibene : «Pour rester devant au classement, ce que nous produisons à l’heure actuelle n’est pas suffisant, c’est clair.» Le tour d’horizon est assez vite fait : une tête trop décroisée de Françoise, seul sur coup franc parce que Kyei venait de se blesser à l’adducteur sur le démarrage (50e), un tir de Mabella dans la niche de Sommer… parce que Fortes, tout juste entré, venait de rater une passe en retrait (59e) et un très mauvais choix de Büch, mis sur orbite par Françoise, et qui choisit de centrer en retrait pour absolument personne au lieu de tenter sa chance (64e).
La Jeunesse en revient au(x) rouge(s)
La Jeunesse aimerait pouvoir dresser ce même constat qu’elle n’a plus de marge de manœuvre si elle veut encore accrocher le wagon européen. Mais Jeff Strasser, pas fâché avec la manière affichée par ses gars, largement diminués encore une fois, regarde lui vers le bas : «L’objectif du moment, c’est de mettre de la distance entre nous et les barrages. Restons raisonnables.» Et ces Bianconeri tellement en manque de réussite cette saison en ont encore eu leur dose, au stade Achille-Hammerel. Kyei repris au dernier moment par un tacle rageur de Mersch (30e), Todorovic, isolé par un ballon de Fortes par-dessus la défense, mais qui bute sur Ruffier (60e), une frappe croisée détournée de Laurent (61e), puis un enchaînement amorti poitrine-volée qui file au ras de la lucarne (77e) lui tiendront lieu de regrets : «On n’est pas à la place qu’on devrait avoir» se laisse enfin à dire Jeff Strasser.
Lui reste dix matches pour retrouver un standing plus conforme avec le retour de cette épée de Damoclès au-dessus de son groupe, l’indiscipline chronique. Plombée toute la fin d’été par une avalanche de cartons rouges, la Jeunesse a perdu Stelvio pour un tacle les deux pieds décollés du sol à 60 mètres de son but (89e) après que Maazou a curieusement semblé disjoncter dès les premières secondes, se retrouvant seulement averti par M. Sabotic pour ce qui semble être un coup de tête asséné à Skenderovic alors que le jeu se déroulait 70 mètres plus loin. «Un coup de boule, dit le défenseur central. Il m’a balancé un coup de boule, comme ça! Si je le prends plus haut, j’ai le nez pété. Je ne comprends pas pourquoi il ne prend qu’un jaune.» Ça aurait bien aidé le Racing, ça, une Jeunesse à dix…