Avec l’exode de cet été, le champion en titre aura énormément de boulot s’il veut ne serait-ce que rêver conserver son bien. Mais il sait s’y prendre…
Quelques minutes seulement après avoir été sacré champion du Luxembourg, le 30 mai dernier, Emmanuel Cabral avait brièvement laissé de côté la joie qu’il éprouvait pour des sentiments plus revanchards quand ont été évoquées la prochaine saison et la capacité qu’aurait le club doyen à lutter pour conserver son titre fraîchement acquis. Après tout Sacras, Drif et Sinani avaient déjà été annoncés ailleurs alors qu’Hadji et Pimentel parlaient très fort de leurs départs. Une deuxième fuite des cerveaux après celle de 2019 ? La question avait été jugée insultante aux yeux du portier : «De toute façon, personne ne nous calcule depuis deux saisons, alors continuez comme ça !» Et pan sur le bec.
Aujourd’hui, à quelques jours de la reprise, on dirait que son staff technique est déjà en passe de réussir une partie du nouvel énorme challenge qui se présente à lui. Il y a deux ans, le Fola avait survécu aux départs du «grand» Hadji, de Laterza, de Kirch, de Klapp et arraché dans la foulée deux qualifications en Ligue des champions… Aujourd’hui, son dernier tour de Conference League a fait émerger, déjà, de nouvelles solutions crédibles et des perspectives qui garantissent au club de lutter, encore, pour le top 3. Il n’est pourtant pas favori.
Malgré ses deux dernières premières places (dont celle acquise en 2020 qui n’a pas débouché sur un titre, pas accordé par la FLF). «On est même un peu moins qu’outsiders, jure Sébastien Grandjean. Vous avez vu ce que la concurrence est en train de faire en termes de transferts ?» Contourner la pression, mode d’emploi… Mais la colère froide contenue dans les propos de Manu Cabral est là pour rappeler que ce Fola qu’on n’attend jamais en septembre est finalement toujours là au mois de mai et que ça l’énerve passablement qu’on n’y croie jamais assez pour parler de lui comme d’un champion en puissance.
Vous avez vu ce que la concurrence fait en matière de transferts ?
Aujourd’hui, il ne lui reste finalement rien de plus que ce qu’il avait en 2019. Même constat : moins de joueurs expérimentés, moins d’automatismes, mais l’ADN et l’organisation interne d’un club qui semble pouvoir se remettre de tout. Y compris d’un éventuel parcours européen, qui pourrait fragiliser le début de saison du champion ? «Ce serait surtout la chance de pouvoir faire jouer tout le monde», anticipe Grandjean, qui assume d’avoir à reconstruire en utilisant, encore et toujours, du jeune. Encore et toujours.
Sauf que le niveau s’est encore élevé, depuis 2019. Qu’il y a au bas mot six concurrents directs pour l’Europe et au moins quatre (Progrès, F91, Swift, RFCU) d’entre eux sont capables de lui succéder au palmarès. Avec ce groupe bâti autour d’une flopée de petits jeunes à faire grandir, il faudrait un nouveau tour de force pour revoir le Fola au sommet. Même si passer un nouveau tour de Coupe d’Europe pourrait peut-être susciter l’achat d’un ou deux joueurs supplémentaires. «Pourquoi pas, oui», concède Grandjean. Parce qu’un peu d’expérience supplémentaire venue de l’étranger ne pourrait pas faire de mal à un champion qui aimerait bien le rester.
Julien Mollereau