Vendredi dernier, le club eschois affrontait en amical le Kaiserslautern de Jeff Strasser. Ça aurait pu être de beaux adieux officiels… ils n’ont pas eu le temps.
C’était un SMS surprenant, deux jours avant un match amical prévu de très longue date. Jeff Strasser a contacté ses anciens dirigeants du Fola pour leur dire que son équipe de Kaiserslautern… jouerait en rouge. Curieux sens des priorités pour un entraîneur de 2e Bundesliga ? Pascal Welter, le directeur sportif eschois, en rigole encore : «Jeff est un ‘control freak’, mais je ne pensais pas qu’il continuerait de s’occuper de ces petites ‘merdes’ une fois là-bas. Je lui ai dit : ‘Ne t’inquiète pas, ça s’est réglé depuis une semaine avec vos services. On a même signé un contrat.’ Il va devoir apprendre à déléguer, sinon…»
Ça aurait dû mettre la puce à l’oreille des dirigeants ou des joueurs les plus romantiques du club. Ceux qui espéraient encore vaguement qu’il y aurait de la place pour une séquence nostalgie lors du match amical de vendredi dernier.
Certains reconnaissent qu’ils étaient intrigués par le Jeff Strasser qu’ils allaient retrouver, se demandant même peut-être s’il prendrait quelques minutes pour dire un mot à ce groupe qu’il a dû abandonner du jour au lendemain. La réponse est non. Pas eu le temps. Il faut dire aussi que le bus du Fola est arrivé un peu en retard, une heure dix seulement avant le coup d’envoi, que les vestiaires étaient à cinq minutes à pied du terrain et, surtout, que c’est un Strasser stressé qu’ils ont retrouvé.
S’il a salué tous les joueurs, leur demandant des nouvelles, l’homme qui a dirigé le Fola pendant quasiment six ans était «dans son match». «Il avait sûrement des sentiments, mais pas forcément le loisir de les exprimer. Il en a fait abstraction», devine Pascal Welter. Tout comme le club doyen d’ailleurs. Le futur, surtout le futur immédiat, est bien plus important que le passé, même récent.
Dans le bus qui le conduit en Allemagne, le staff fraîchement composé de Cyril Serredszum (à qui l’on a adjoint Miguel Correia la veille) commence à s’organiser concrètement, à faire le point sur l’infirmerie, sur les séances… Il prépare le duel ultra-important contre Differdange et n’a pas forcément la tête à autre chose qu’à Kaiserslautern.
Adjoints, selfies et séances matinales
Bien évidemment, Strasser non plus, qui se déplace ce vendredi soir à Sankt Pauli pour confirmer le redressement entrevu avant la trêve internationale et s’indignait au téléphone, récemment, avec ses anciens dirigeants, quand il a appris que son nouveau club n’organisait pas de séances matinales avant son arrivée : «Mais même nous on en fait», s’étonne Welter en l’apprenant…
Sur la pelouse, quelque 800 supporters entourent les mains courantes. Au club eschois, on se rend vite compte du phénomène Strasser. Des maillots à son nom, des demandes d’autographes, de selfies, d’interviews : «Il a une sacrée aura. On sent que c’est une idole dans ce club et qu’ils attendent énormément de lui, comme s’il allait changer le visage du club en seulement deux semaines, souffle encore Welter. J’espère qu’il a les épaules larges pour gérer tout ce stress.»
Il aura en tout cas assez d’humilité pour reconnaître que sur les quatre buts qu’inscrivent ses nouveaux gars à ses anciens gars, deux sont entachés de hors-jeu et le penalty accordé n’en est pas un.
Et donc qu’avant Differdange, le Fola est plus prêt qu’il n’y paraît. Mieux, quand Stefan Lopes est expulsé par l’arbitre et que ce dernier, à un quart d’heure de la fin, refuse de le réintégrer au jeu à la demande de Jeff Strasser himself, le coach de Kaiserslautern décide de retirer un de ses joueurs du terrain pour finir en égalité numérique. À 4-0, il devait bien ce petit geste au club qui l’a lancé.
Mais il ne restera pas pour en parler. Le Strasser entraîneur pro avait déjà filé dix minutes après le coup de sifflet final. En soirée, il devait rencontrer son nouvel adjoint (Alexander Bugera), qui n’a pas pu être Cyril Serredszum. Ce dernier est remonté dans le bus, en sens inverse. Ça y est, leurs chemins sont officiellement séparés…
Julien Mollereau