Estimant que Jeff Strasser n’avait pas le droit d’être sur le banc niederkornois lors du F91-Progrès du 12 février (1-4), les dirigeants dudelangeois ont déposé un recours. En espérant récupérer les trois points sur tapis vert.
Auteur dimanche contre Wiltz (3-0) de son huitième succès de suite en DN, le Progrès va-t-il voir sa série d’invincibilité entachée d’une défaite sur tapis vert? Revenu, lui, à deux points du Swift, le F91 va-t-il empocher trois points ce jeudi, date de la prochaine réunion du Tribunal Fédéral, ou d’ici à quelques semaines, selon le temps que mettra l’instance à statuer sur le sort de ce Dudelange – Progrès largement remporté par les seconds en ouverture de la phase retour (1-4, 16e journée)?
C’est en tout cas, le président Gerry Schintgen l’admet, l’espoir des dirigeants dudelangeois, qui ont déposé un recours jeudi, et en ont immédiatement informé leurs homologues du Progrès, au motif que l’entraîneur niederkornois Jeff Strasser (photo) aurait selon eux dû être suspendu le 12 février, et donc prendre place dans les travées du stade Jos-Nosbaum plutôt que sur son banc de touche.
Le technicien avait effectivement écopé lors de la 14e journée à Differdange (2-3, le 4 décembre) d’un cinquième carton jaune, en théorie synonyme de suspension d’un match non pas lors de la rencontre suivante, mais lors de celle d’après, les sanctions du Tribunal Fédéral n’entrant en vigueur que le lundi suivant leur publication au BIO.
Un argumentaire de six pages
Dans ce cas précis, la suspension a été prononcée le jeudi 8 décembre et Strasser était donc suspendu à compter du lundi 12 décembre, date du début de la longue trêve hivernale, qui n’a pris fin que le 12 février. Sauf que selon les règlements de la FLF, les entraîneurs peuvent purger leur peine dans n’importe quelle catégorie et que, hasard des reports de matches, les U19 niederkornois en ont joué un le 17 décembre à… Dudelange, en Coupe du Prince.
C’est donc en «homme libre» que le technicien niederkornois a officié à Dudelange lors de la 16e journée, et c’est avec force certitude que ses dirigeants l’ont inscrit sur la feuille de match, dans la mesure où ils s’étaient au préalable assuré auprès de la FLF qu’il n’était plus suspendu et qu’ils étaient donc dans leur bon droit, preuve écrite à l’appui.
Si on parlait d’un joueur qui a marqué quatre buts, je ne dis pas, mais là, on parle d’un coach…
Fin du débat? Pas pour les Dudelangeois, qui n’ont «jamais vu cet accord» (Gerry Schintgen) et ont, dans l’argumentaire de 6 pages qu’ils ont fait parvenir à la FLF jeudi dernier, notamment pointé ce qui ressemble pour eux à une incohérence dans la nébuleuse des règlements fédéraux : le fait qu’une suspension en championnat ait été purgée en coupe, où les règles en matière de cumul de cartons ne sont pas les mêmes. Recours ou pas, Thomas Gilgemann dort toujours aussi bien.
«Comme on l’a toujours dit, énonce le président du Progrès, on a eu une confirmation officielle que Jeff pouvait être présent. Ça veut dire que des gens qui travaillent à la FLF, qui écrit les règlements, les ont interprétés de la même manière que nous. Et puis, si on parlait d’un attaquant qui a marqué quatre buts, je ne dis pas, mais là, on parle d’un coach : sur le banc ou trois mètres derrière en tribunes, ça n’a pas un impact très important au Luxembourg.»
«Que chacun purge dans sa catégorie»
D’interprétation, c’est d’ailleurs surtout de cela qu’il est question, aux yeux du boss niederkornois. Et c’est là tout le nœud du problème. «Peut-être que ce cas va prêter à quelques modifications ou simplifications, suggère-t-il, car ce n’est pas normal que le règlement, où il n’est question que des joueurs et jamais des officiels, puisse être interprété de manière différente. La finalité, ce serait sans doute que chacun purge ses suspensions dans sa propre catégorie d’âge.»
Pour l’heure, ce n’est pas le cas, le Progrès en a, comme d’autres – à commencer par Dudelange, du temps où Guy Hellers en était le coach, nous glisse-t-on à la Fédé –, profité, aussi Thomas Gilgemann considère-t-il ce dossier «clos avant l’heure».
L’actualité, pour le président niederkornois, se limite donc aujourd’hui à ce leitmotiv : «gagner un match après l’autre». Et quand il parle de match, le dirigeant fait allusion aux déplacements à «Esch (dimanche chez la Jeunesse) et Mondercange (le 19 mars)», pas à ceux qui se jouent dans les tribunaux.