Séparés par un point depuis la 23e journée, le RFCU et le Progrès se disputent ce dimanche à Luxembourg la quatrième place et le dernier ticket européen.
Il y a deux semaines, à l’heure d’évoquer les trois dernières journées décisives pour l’attribution de la quatrième place et du ticket européen qui va avec, Régis Brouard avait eu cette image, appétissante s’il en est : «C’est comme si vous faisiez un repas de famille, avec l’entrée, le plat et le dessert. Il faudra que tout soit très bon.»
Voilà donc qu’arrive le dessert, pas des plus digestes pour son RFCU, opposé demain à Achille-Hammerel à son poursuivant et unique concurrent : le Progrès Niederkorn.
S’il se serait bien vu, mi-mai, «éviter» cette finale, le technicien français ne se faisait déjà plus beaucoup d’illusions il y a huit jours sur les chances de ses hommes d’esquiver un ultime match couperet. «La dernière semaine sera longue», prédisait l’ancien coach du Red Star. L’a-t-elle été? Malgré les deux jours de repos accordés à son groupe après le carton à Pétange (0-5) et une reprise de l’entraînement survenue mardi seulement, «oui, un peu quand même, admet-il. Sachant qu’on venait de jouer trois matchs en dix jours, et qu’il y a des bobos de partout, faire pratiquement cinq séances dans la semaine c’est beaucoup pour une fin de saison».
«Parfois, le foot est bien fait»
D’où l’importance de «gérer le contenu, car les garçons ne s’engagent pas totalement de peur de se blesser» et… ne pas trop insister sur l’enjeu, pourtant capital.
«Il ne faut pas leur faire sentir tous les jours, leur sortir la tête du match du dimanche, même si ça ne les empêche pas d’en parler, préconise Brouard. Les principes de jeu, ce serait une perte de temps de leur rappeler : au bout de 29 matchs, les garçons savent ce qu’ils ont à faire. On en parlera le jour du match.»
En attendant, le RFCU a «alterné les séances sérieuses et plus ludiques». Une façon d’évacuer la pression, alors que son équipe, puisque assise sur le fauteuil tant convoité, semble avoir plus à perdre que le Progrès?
«La pression est sur les deux équipes, corrige le Français. Pourquoi on l’aurait plus qu’eux? On aurait préféré que ça se termine avant, mais il faut bien reconnaître que les deux équipes ont fait une série de dix matchs incroyable. Parfois, le foot est bien fait.»
Il est tout de même un peu mieux fait pour le Progrès, à entendre son homologue et compatriote Stéphane Léoni, qui mise sur la fougue et la fraîcheur physique de son effectif, «le plus jeune du top 6».
«Il peut y avoir des choses irrationnelles»
«J’ai toujours dit que le plus important, c’était le classement à la 30e journée, rappelle l’entraîneur niederkornois. La meilleure équipe sera quatrième après cette dernière journée. Mais je ne peux pas reprocher grand-chose à mes joueurs : sur la phase retour, on est deuxièmes avec la meilleure défense, et on fait six victoires et un nul sur les sept derniers matchs. Et je préfère être dans ma situation, que peut-être attendre pour essayer de contrer et prendre un but à la fin et tout perdre parce que je n’ai pas joué.»
Un tel scénario n’est pas au programme, prévient Brouard : «J’ai une équipe qui ne sait pas gérer, qui est constamment dans une optique d’avancer, attaquer et marquer des buts. Ce n’est pas moi qui vais dire à mes joueurs de défendre : c’est impossible! On va jouer notre match comme on l’a toujours fait. Après, il y a plusieurs éléments qu’on ne maîtrise pas : l’adversaire, l’arbitrage, un poteau rentrant ou sortant, un carton rouge… Je sais par expérience qu’il peut y avoir des choses irrationnelles dans ce type de match. Comme ça a été une saison particulière, ça pourrait aussi être un match particulier.» On en salive d’avance. Comme devant une belle pièce montée en fin de banquet.
Simon Butel