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[BGL Ligue] Latik prend de la hauteur


Jeff Strasser a tranché : Sébastien Flauss (n° 1) fait un pas en arrière pour laisser le champ libre à Eldin Latik (n°16).

Depuis deux journées, le Progrès a confié les clefs du but à l’immense Eldin Latik, 19 ans. La passation de pouvoirs avec Sébastien Flauss, pour de bon ?

Latik, c’est reparti comme au printemps ? Disons que cette fois, c’est différent et encore plus jouissif pour l’ancien Rodangeois : il semblerait plutôt que tout commence vraiment là, maintenant. Un début de carrière en forme de prise de pouvoir, dans l’un des clubs qui semblait l’un des plus verrouillés par son n° 1, Sébastien Flauss, 33 ans, huitième année au club, 161 matches de DN, 18 rencontres européennes.

La saison passée, le staff niederkornois, à la recherche de solutions d’urgence pour redynamiser une équipe qui regardait irrémédiablement s’échapper les places européennes, avait propulsé Latik sur le devant de la scène en lieu et place de l’indéboulonnable français. Il avait en effet déjà connu des périodes plus réjouissantes.

Le jeunot avait alors assuré six rencontres en deux mois pour pas mal d’arrêts décisifs mais aussi un bilan mitigé (8 points sur 18 possibles, 10 buts encaissés). La préparation estivale l’a fait repasser derrière son aîné, «plus régulier, plus concentré» sur les matches amicaux, dixit Felipe Machado, l’entraîneur des gardiens.

Qui a noté autre chose, au passage : «Jeff (Strasser) est un peu plus exigeant aux entraînements que ce que c’était la saison passée. Et en tout cas, Eldin m’a dit qu’il ressentait plus de pression qu’il y a quelques mois. Peut-être qu’Eldin s’est mis la pression tout seul.»

Il y a deux semaines, Machado lui a quand même signifié qu’il fallait «remettre en route». Car après deux matches insuffisants sur les trois premières journées de championnat, Flauss, «fautif» sur deux matches dixit son coach, venait d’admettre qu’il lui fallait au moins temporairement passer la main.

Bientôt incontournable chez les U21 ?

Le hasard est parfois cruel. Après un point sur neuf possibles avec Flauss dans les buts (mais aussi des adversaires compliqués avec le Swift et le F91), le Progrès vient de faire 6 sur 6 avec Latik, qui semble parti pour enchaîner avec la Jeunesse et plus si affinités.

Un gamin de 19 ans titulaire dans les buts d’un gros outsider pour l’Europe ? C’est unique au pays puisque même si Evan Da Costa est plus jeune que lui de 136 jours, son Fola ne semble pas parti pour postuler aux joutes continentales l’été prochain. Mais dans une BGL Ligue où les gardiens titulaires affichent une moyenne d’âge de 26 ans, l’ancien Rodangeois va commencer à attirer tous les regards.

En fait, c’est déjà un peu le cas. Manou Cardoni l’a convoqué pour des séances avec les espoirs. Non conservé, Latik a filé renforcer la A et Luc Holtz se serait montré assez sensible à son implication autant qu’à ses qualités. Il était toutefois impossible de penser postuler ne serait-ce qu’aux espoirs en restant n° 2 du Progrès. Là, clairement, les choses pourraient changer.

Dire qu’il y a deux ans, Eldin Latik était en voiture avec le directeur sportif de Rodange, Yvon Dietz, qui le ramenait chez lui après un entraînement, quand il lui a fait cette confidence d’adolescent un peu inquiet : «J’espère que je ne vais pas grandir encore plus.»

Son 1,96 m est pourtant aujourd’hui un atout majeur puisqu’il est, avec le n° 2 Pétangeois, Hugo Wolf, le gaillard le plus haut de la BGL Ligue. Et que la donnée physique aussi, plaide en sa faveur puisqu’hormis la gestion de la profondeur (un souci d’explosivité dû à sa taille?), il semble assez complet.

«Si cela n’avait été que de moi, il serait toujours chez nous, râle d’ailleurs Dietz. Il était prévu qu’il prenne directement la place de n° 1 quand Mfa aurait arrêté. Mais le Progrès a tellement insisté et mis d’autres moyens…» Et à Niederkorn, on se réjouit aujourd’hui de les avoir mis.

Machado ne lui voit qu’un souci : «Il doit être plus fort mentalement.» Bref, une lacune de petit jeune, qui préfère encore «se renfermer sur lui-même quand on lui demande son avis plutôt que de l’exprimer tout haut».

Pour l’heure, ce petit défaut est largement toléré, d’autant que les dirigeants du club prônent l’union sacrée derrière le gamin, assurant derrière le président, Thomas Gilgemann que cette saison, il y «aura besoin des deux portiers». «Et on a deux numéros 1», enfonce-t-il. Mais l’un un peu plus que l’autre.