Nico Zinsmeister, l’historique président du RM Hamm Benfica, qui s’était retiré en mars 2018, est très amer. Il regarde son club «couler».
Êtes-vous resté très au contact de votre ancien club?
Nico Zinsmeister : Je suis ça de l’extérieur et ce que je sais de la situation du club, c’est dans les médias, la plupart du temps, que je l’apprends. Paulo Lopes ne me dit rien du tout. Cela fait un an que je lui propose de filer un coup de main, mais il ne veut pas, ou plutôt il ne répond pas. Il est souvent occupé, mais je pense surtout qu’il ne veut en faire qu’à sa tête. Je ne vais pas lui courir après, non plus. Et pourtant, il le voulait, ce poste!
Vous parlez de votre succession à la tête du RM Hamm Benfica, en mars 2018?
On avait à l’époque proposé à un des sponsors principaux et ce dernier était d’accord pour prendre ma succession à partir du moment où je restais en retrait pour lui donner un coup de main. Mais Paulo est venu me voir avec deux autres membres du comité (NDLR : qui comptait à l’époque une vingtaine de personnes) et a insisté pour que ce soit lui. Et voilà, il a tout foutu en l’air en seulement trois ans. Maintenant, je crois savoir qu’ils ne sont plus qu’à trois dans le comité, dont Paulo et son fils. Et ce dernier, qui est un gentil garçon, fait tout. Manager, directeur technique…
Même si l’on manque à l’heure actuelle de beaucoup d’informations et donc de garanties sur la poursuite de l’activité du RM Hamm Benfica, n’êtes-vous pas un peu définitif quand vous dites que le club est «foutu en l’air»?
Est-il correct de prétendre qu’on n’a pas d’argent quand on ne fait même pas la demande pour la licence UEFA, qui rapporte, selon mes souvenirs, quelque chose comme 25 000 euros? Et ce n’est pas compliqué, il suffit de regarder les archives pour savoir comment on fait. Leonel Oliveira, notre secrétaire de l’époque, n’aurait sûrement pas vu de difficultés à leur donner un coup de main s’il avait fallu. Carlos Lemos, aussi, l’aurait fait.
Mais ils sont tous partis. Ou plutôt on ne les a pas retenus. Moi, là, je dirais vraiment que c’est fini. On n’a pas de nouvelles, pas de convocation d’assemblée générale… Cela fait trois ans qu’il n’y a pas d’AG alors que de jeunes supporters les réclament, qu’on ne peut pas ouvrir les livres de comptes. On ne sait même pas où ils sont. Et ça me fait mal, mal, mal…
Paulo Lopes a tout foutu en l’air en seulement trois ans
Avez-vous l’impression qu’on a dilapidé votre héritage?
J’ai passé trente ans dans ce club. Deux comme joueur, neuf comme comme coach, dix-sept comme président… J’y ai mis beaucoup de temps, de travail et d’argent. On a tout donné pour Hamm. C’était bien dans le temps et puis voilà qu’on nous sort cette histoire de fusion avec Mühlenbach, la saison passée, pour revenir en DN… O. K., mais celle avec le Racing, avec l’ennemi n° 1 du club? Ça, ce n’est pas normal!
Alors qu’on aurait très bien pu envisager de proposer une fusion avec le Cebra et Porto Luxembourg, d’abandonner le nom Benfica et de fonder un club portugais, Les Lusitanos. Il aurait alors suffi d’aller frapper à la porte de tous les commerçants portugais du pays. Et à coups de 1 000 euros par-ci, 1 000 euros par-là, on l’aurait eu facilement le budget pour continuer. Au lieu de ça, l’été dernier, on a fait des recrutements fous sans avoir l’argent pour. Et puis arrive cette rumeur de prêt d’argent du Racing… Et je me demande : si c’est le cas, qu’est-ce que Paulo a dû signer? Et au nom de qui? Le sien ou celui du club?
Avez-vous l’impression que ce club et sa direction sont désormais si isolés que ça?
J’aurais pu lui ramener six membres d’un coup pour son comité, il aurait suffi qu’il me recontacte. Mais tout cela a commencé bien en amont. Laisser par exemple partir un joueur comme Arantes l’été dernier alors qu’il habite à Hamm, que c’est une institution du club et qu’il aurait été logique de lui confier, à terme, les clefs de l’équipe à un poste d’entraîneur… Des icônes comme ça, comme le gardien de but Rodrigues, qui a signé à Mondorf… Ce sont des signes qui ne trompent pas.
Quand en plus tu commences à laisser partir tes Luxembourgeois, tu ne t’en relèves pas. Dix bons joueurs pas chers, ça peut se trouver de l’autre côté de la frontière, mais des premières licences… Le pire c’est que les joueurs dont j’ai parlé, ils n’ont pas fui, mais ils ont presque été chassés. Et pendant ce temps, les banderoles qui sont accrochées autour du stade du Cents restent sans effet : on n’a toujours pas d’assemblée générale organisée…
Entretien avec Julien Mollereau
Snobée, la FLF s’inquiète aussi
et redoute une saison à quinze
La BGL Ligue reprendra-t-elle à seize équipes le 8 août? Alors que les clubs s’étaient insurgés, l’année dernière, d’un projet de Division nationale à quinze clubs, menaçant ouvertement de boycott si l’administration fédérale persistait dans son projet, il se pourrait bien qu’ils s’y voient contraints et forcés par l’incurie du 14e de la saison 2020/2021.
Quelles sont ses perspectives? On ne peut pas dire qu’elles sont mauvaises car personne ne le sait. Nous ne sommes pas parvenus à joindre les dirigeants hammois ces derniers jours. La fédération elle-même n’a pas pu toucher le président Lopes, si bien qu’une réunion souhaitée par Paul Philipp et qu’il avait annoncée dans ces colonnes, la semaine dernière, ne s’est tout bonnement pas tenue pour permettre de lever le voile.
Les signaux, de toute façon, sont mauvais. Une direction pas joignable, un réseau social à l’arrêt depuis le 22 mai, un coach en partance (Pedro Resende, signé depuis belle lurette par Differdange) toujours pas remplacé, un effectif qui se détricote lentement avec énormément de départs mais aucune arrivée… Et ces aveux de certains garçons qu’on avait retrouvés souriants après le paiement d’une première tranche de salaires, qui l’ont perdu de nouveau : «On nous a versé un mois, oui», témoigne l’un d’eux anonymement, parce qu’il ne veut «pas prendre de risque» avant que sa «situation soit régularisée». «Mais il manque toujours trois mois de salaire et des joueurs sont dans une situation désespérée actuellement.»
Si Hamm ne peut pas s’aligner début août, quelle solution resterait-il à la fédération? Paul Philipp a déjà rappelé que la solution la plus logique n’était pas la plus légale qui soit. Elle ne l’est même pas du tout et Rumelange, qui a terminé deux fois leader d’un championnat de PH interrompu à autant de reprises en cours de route, à cause du Covid, ne saurait a priori constituer une alternative crédible : la saison a été deux fois déclarée «blanche». C’est à dire inexistante. À deux mois de la reprise, il ne reste plus énormément de temps pour s’organiser.
J. M.