Le leader eschois, qui n’en finit plus de faire tourner son effectif, va rencontrer dimanche un Progrès un peu à bout de souffle et qui risque de lâcher physiquement.
Le plus dur en football, c’est sans doute de jouer simple. Et le coach niederkornois Stéphane Leoni, qui était en tribunes au Galgenberg, mercredi soir, à l’occasion de Fola – F91 (5-0), s’en est aperçu, le club eschois… «joue simple». Dans sa bouche, c’est un énorme compliment et il en a plein sa besace dès qu’on lui parle de son adversaire du jour : «On ne peut que féliciter les joueurs et le coach. Être aussi bon que ça contre le deuxième du championnat, avec Bensi et Caron sur le banc et avec Diallo et Drif en tribunes. Wouaou !».
Passée la déclaration d’amour, il y a aussi une forme d’admiration relative et envieuse qui tient, tout simplement, à l’état de forme physique entre les deux clubs, qui pourrait imposer de fait un gouffre infranchissable entre deux effectifs pourtant qualitativement proches.
Dimanche après-midi, Niederkorn aura six absents certains (dont la plupart par accumulation de fatigue dont, par exemple, Muratovic, touché au psoas pour avoir «dû tirer trop de phases arrêtées à Pétange») et deux autres qui ne sont qu’officieux mais qui devraient vite virer officiels (Bah et Jänisch). D’autres seront dans le groupe en désespoir de cause, comme Karayer, revenu aux affaires la semaine passée après quatre mois sans football. Pour le rythme, on vous passe les détails… «En face, le coach s’adapte très bien. J’ai regardé les feuilles de match et je sais qu’il reconduit rarement la même équipe, surtout devant. Et mercredi, j’ai trouvé un F91 K.-O. alors que le Fola était super frais. En tout cas, pour faire ce qu’ils ont fait, tactiquement, avec cette alternance de pressing et de bloc médian, il faut être super frais. De toute façon, vu leur conservation de balle, ils ne se fatiguent pas beaucoup à courir derrière… Mais pour être à ce niveau physique sur CE match précisément, c’est qu’ils gèrent très très bien. Ah non, pour nous, le décor est planté.»
Et cinq joueurs ont débuté le ramadan…
Leoni se dit qu’il aimerait faire la saison prochaine ce que Sébastien Grandjean fait depuis que se multiplient les semaines anglaises, à savoir une gestion au plus juste des états de forme des uns et des autres et des nécessités du jour. Ce qu’il ne peut pas se permettre avec son effectif décimé depuis le début de la saison et qui l’était encore au moment de sa reprise en main. Le Fola en modèle. Et peut-être en père Fouettard, ce dimanche, pour sanctionner lourdement le différentiel évident de fraîcheur physique. «Oui enfin, moi je me méfie énormément : chez nous, avant qu’on ne l’emporte en fin de match, ils étaient quand même revenus de 3-0 à 3-3 (NDLR : le 3 octobre dernier), relève Grandjean. Ils ont un potentiel offensif très élevé mais ils ont vécu une saison très difficile. Ils bossent bien eux aussi, mais leur saison est très dure en termes de blessures.»
Avoir toute la considération de son alter ego ne change rien à la problématique du jour pour Leoni. Il n’a plus énormément de joueurs aptes pour constituer son groupe, mais cinq de ses valides viennent de commencer le ramadan et les organismes devront aussi composer avec ce petit «manque».
Certains savent déjà qu’ils vont devoir serrer les dents. Dans l’entrejeu par exemple, là où Yannis Dublin a galopé près de 12,5 kilomètres contre Wiltz dimanche dernier «alors que d’habitude il fatigue», s’enthousiasme Leoni, là où Ben Vogel a montré une force de projection en grosse progression. Il faudra bien ça. Ne serait-ce que pour éviter une claque du gabarit de celle subie en tout début d’année contre le Swift (2-5). «On a retenu la leçon», jure Leoni. Vu l’état de forme du Fola, faut espérer…
Julien Mollereau