La Jeunesse Esch est leader avec quatre points d’avance et… un match de moins. Plus impressionnant que l’année de son dernier titre.
Huit ans plus tard, les planètes semblent de nouveau alignées pour la Jeunesse. Le Fola a pris du retard, le Progrès rame un peu, Differdange est en reconstruction et, surtout, surtout, le F91 joue les poules de l’Europa League. Chez les anciens vainqueurs de 2010, c’est clairement le signe que c’est l’année ou jamais : «Ah oui! C’est le moment !», assure ainsi René Peters. «C’est une double charge mentale», selon Jacques Muller. «Même s’ils disent le contraire, ils ont forcément un peu la tête ailleurs et sont plus fatigués, relance Peters. Ils ont déjà perdu des points qu’ils n’auraient pas perdus la saison passée.» Bref, c’est l’année ou jamais.
2010-2018 : deux équipes très différentes
Entre 2010 et 2018, rien de comparable. L’une misait tout sur la défense, l’autre beaucoup sur l’attaque. Avec 17 buts (2,4 en moyenne par match), la version 2018 caracole actuellement en tête des meilleures attaques. Son homologue de 2010 avait terminé championne avec le cinquième meilleur secteur offensif de l’élite seulement (1,7 par match). Pourtant, la Jeunesse 2018 tient le choc derrière car elle a aussi la meilleure défense.
Ça peut durer ? «En tout cas, pointe René Peters, qui vient d’affronter la Jeunesse avec Hostert (défaite 0-3), ils sont peut-être plus forts qu’on l’était. Dimanche, ce que l’on a vu, c’était beau à regarder. Très intéressant. En tout cas, à partir du moment où ils ont mené 1-0, parce qu’avant, ils étaient crispés, ils commettaient quelques erreurs. Mais c’est normal : tu es plus fébrile quand tu joues plus offensivement. Bref, on était plus costauds défensivement mais ils peuvent aussi être champions en jouant de la sorte, tant que les attaquants sont en confiance.»
Pas assez de soldats derrière ?
S’il y a bien une chose qui inquiète Jacques Muller et René Peters, c’est bien ça : le manque de joueurs à vocation défensive. «Ce secteur n’est pas si étoffé que l’était le nôtre, analyse Jacques Muller. S’ils peuvent faire toute la saison avec leurs cadres, tant mieux. Mais les blessures et les suspensions vont arriver. Et il se peut que tout survienne au même moment. Et là…» Reste qu’effectivement, la Jeunesse, particulièrement outillée devant, va devoir recruter derrière cet hiver. «On n’a même pas besoin de leur dire, s’esclaffe Muller. Tant Marc Thomé que ses dirigeants le savent.»
Pour René Peters, c’est plutôt la question des cadres qui se pose. Cette équipe est plus jeune que celle de 2010. «Est-ce que c’est un Todorovic qui va élever la voix dans le vestiaire quand ça n’ira pas ?», s’interroge Peters. «Parce que des moments où ça n’ira pas, il y en aura !»
Il va quand même falloir tenir
La montagne arrive. Sur les six derniers matches de DN de l’année, la Jeunesse va affronter Pétange, Hamm, le F91, le RFCU, Differdange et le Progrès. Oui, cela fait beaucoup de cadors. «Déjà, s’ils ne perdent pas contre le F91, il va falloir commencer à assumer l’idée du titre, jure Jacques Muller. Et ce sera déjà une autre pression.»
Julien Mollereau