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[BGL Ligue] La Division nationale n’est plus amateure… à plus de 40 %


Avec Mana Dembélé (à d.), ancien international malien, le RFCU a attiré du lourd. Tout bénéfice pour la DN. (Photo DR)

Cet hiver, le peu de transferts effectués jusque-là par les clubs de l’élite ne concernent presque que des joueurs ayant évolué dans le monde professionnel. Un signe de plus que la DN change.

On est presque au bout du marché hivernal des transferts et les clubs de DN se sont montrés d’un calme épatant. Ça doit être la maturité. Tous réunis, ils ont en effet droit, selon les règlements de la FLF à deux recrues chacun soit 28 transferts au total; or seuls 12 mouvements (dont 11 actés car Mühlenbach n’a pas encore officialisé Arnaud Guedj en provenance d’Universitatea Cluj, club de D2 roumaine, que nous vous annoncions dans notre édition d’hier) ont jusqu’à présent fait évoluer plus que légèrement les différents effectifs du pays.

Forcément, la ruée vers l’or des dernières 48 heures, jeudi et vendredi, aura lieu, ne nous y trompons pas. Parce que ce folklore de la dernière minute est autant culturel qu’impératif : le F91 cherche encore au moins un buteur, le Progrès pourrait signer le jeune offensif Ufumwen Osawe, Mondorf s’intéresse à un Béninois de Franche-Comté (Marianel Falade) tandis que Hostert est tenté par le Tunisien Khaled Ayari, ancien joueur de Ligue 2. La Jeunesse doit encore frapper, elle aussi puisqu’il est hors de question qu’elle reparte à la bataille sans renfort au milieu et devant, tandis qu’Etzella et Rosport cherchent encore.

Bref ça va bouger. Cependant, une tendance forte se dégage déjà de ce mercato minimaliste mais costaud et on parierait que les dernières opérations suivront ce canevas fascinant : c’est du professionnel qui débarque et presque uniquement du professionnel.

Plus de moyens, des sphères plus élevées

La tendance est lourde. Avec ces effectifs qui gonflent inexorablement (en moyenne, un club de DN compte aujourd’hui 27,5 joueurs en équipe 1, soit un de plus qu’il y a cinq ans et trois de plus qu’il y a dix ans), le nombre de joueurs ayant fréquenté le monde pro ou ayant été formés dans un club pro est lui aussi en énorme croissance. Mais les deux courbes ne se suivent pas de près, loin de là : +4 % d’augmentation en cinq ans pour le nombre de joueurs sous contrat contre… +72 % sur la même période pour les joueurs ayant goûté au professionnalisme (ils comptent actuellement pour 19,7 % du contingent de joueurs de DN) ou à ses centres de formation (21,8 %).

Il ne s’agit donc pas d’un effet mécanique dû, tout bêtement, à une hausse du nombre de joueurs, mais bien une tendance lourde. On y met plus les moyens, on nage dans des sphères de plus en plus élevées. Le paysage a ainsi complètement changé : plus 202 % d’augmentation du nombre d’ex-pros ou ex-stagiaires pro en BGL Ligue sur les quinze dernières années.

Des joueurs de L1 et L2

Ils sont aujourd’hui 160 sur 385 à posséder l’une de ces caractéristiques généralement gage de qualité, soit… 41,5 % de la DN. Dit autrement, on s’approche tout doucement d’une réalité distrayante pour un championnat considéré comme amateur : près de la moitié des joueurs du championnat a justement touché de près à un monde non amateur.

Mais en ce mois de janvier 2020, on passe la surmultipliée. Deux nouveaux garçons ont connu la Ligue 1 française (Dembélé au RFCU, Lempereur à Differdange), deux autres se sont ébroués en Ligue 2 (Nanizayamo à Pétange, Omrani au RFCU). Les autres (Betorangal à Strassen, Njo-Léa et Larrière à Rodange, Tietz à Differdange, Duque à Pétange) ont aussi un «passif» et ont vécu, à un moment ou à un autre, du football.

Merci le F91, le Progrès,  le Fola, la sélection nationale

Cela dessine une toute autre compétition. Quand Dylan Lempereur, dans notre édition d’hier, affirme que c’est «de plus en plus possible de partir du Luxembourg pour retourner vers le monde pro», plus personne ne rit. Il aurait prononcé cette phrase il y a quinze ans, ç’aurait été le cas. Car autour des clubs se sont développés des réseaux vertueux (au moins pour le niveau général du championnat) de coaches, de directeurs sportifs, d’agents, qui viennent aussi d’autres horizons et profitent tous de l’image générale du pays. Merci le F91, merci le Progrès, merci le Fola, merci la sélection nationale…

Les petites ou grandes victoires des dernières saisons ont sans doute escorté de près l’exigence plus élevée de nos dirigeants et il faut se rendre à l’évidence : au rythme où le football luxembourgeois va, dans ce XXIe siècle, ceux qui n’ont vécu que d’amateurisme seront bientôt minoritaires dans les équipes de BGL Ligue.

Julien Mollereau