Triple finaliste de la Lige des champions africaine, monté en L1 avec Angers, en L2 avec Rodez et passé tout près du Barça, le nouvel attaquant d’Hostert débarque au pays… pour l’amour d’une femme.
Ils avaient 17 ans quand ils se sont connus et après treize années à vivre chacun de leur côté, Monsieur et Madame Ayari ont décidé d’arrêter l’avion. Marié l’été dernier, Khaled est un footballeur qui ne fait plus passer sa carrière avant sa vie de famille : «Ma femme est installée au Luxembourg depuis 4 ou 5 ans et on voulait enfin de la stabilité. Et comme pour les experts comptables (NDLR : la profession de son épouse), le Luxembourg, c’est un peu ce qu’est la Ligue 1 aux footballeurs…».
Je n’aurais rien accepté à plus de deux heures de voiture
Entre les lignes, il a décidé de dire stop à ce rythme infernal d’un club pro tous les deux ans environ. Deux jours avant de signer à Hostert, l’attaquant de 30 ans a pourtant encore reçu une offre intéressante dans l’Hexagone. Trop loin, il l’a déclinée. «Ma femme s’est longtemps concentrée sur son travail, moi sur le foot. Mais au bout d’un moment, si vous voulez fonder une famille, avoir des enfants, il fallait que je la rejoigne. Je n’aurais rien accepté à plus de deux heures de voiture».
Il faut dire que Khaled a eu le temps de s’amuser en dix ans de carrière. Et il n’a même pas eu à attendre bien longtemps puisqu’en quatre ans à l’Espérance Tunis, l’attaquant a conquis la bagatelle de huit titres, remportant une de ses trois finales de Ligue des champions africaine. Deux défaites contre les Congolais du Tout Puissant Mazembe en 2010 et les Égyptiens d’Al Ahly en 2012, peut-être, mais entre les deux, en 2011, un succès contre les Marocains du Widad Casablanca. «Je ne peux pas vous décrire la joie à Tunis. Cela faisait vingt ans que l’Espérance n’avait plus remporté ce trophée. Il m’arrive encore de recevoir des notifications Instagram». C’était toutefois, déjà, l’occasion de mesurer à quel point le foot peut séparer deux êtres : «À un moment donné, en Afrique, les femmes n’étaient pas autorisées dans les stades, malheureusement. Cela s’améliore doucement. Mais j’ai pu fêter ça avec ma femme… à la maison»
Il aurait même pu fêter ça avec Lionel Messi, tiens ! Le 11 décembre, Ayari et ses coéquipiers sont effectivement au Japon pour le Mondial des clubs. Pour espérer aller défier le FC Barcelone en demi-finale, il faut à l’ES Tunis éliminer les Qatariens d’Al Sadd. Menée 2-0, l’Espérance revient au score à l’heure de jeu et à la 90e minute, Ayari égalise à la retombée d’une déviation de la tête d’un coéquipier, sur coup-franc. Alors qu’il commence à exulter, l’arbitre chilien le déclare hors-jeu. «J’ai revu la vidéo plusieurs fois, je ne l’étais pas. C’est le destin. Il y a des jours où on ne te laisse pas passer». Tant pis pour Messi, Iniesta, Puyol et les 66 000 personnes réunies à Yokohama pour la demi-finale, qu’Al Sadd va perdre 0-4.
Je veux aller haut au Luxembourg et si c’est avec Hostert, tant mieux
Deux ans plus tard, notre attaquant (pas franchement) frustré débarque en Europe, au SCO Angers. Mademoiselle est alors à Londres, pour ses études. L’accomplissement de ces trois années complètes en Anjou : une montée en Ligue 1, qu’il ne fréquentera pourtant jamais. «Je ne veux pas rentrer dans les détails. J’étais mal conseillé. Il y a eu des choix que j’ai fait…» Mais on apprend de tout et un choix, il en fera un autre, bon, tout récemment : aller à Rodez, en National. Au bout de deux ans ? Montée en Ligue 2 !
Cet homme porte chance et après 33 buts en 179 matches professionnels, c’est Hostert qui va en profiter. Et si l’on suit la logique qui veut qu’un footballeur est toujours meilleur quand il est entouré des siens, ce touchant rapprochement familial devrait le rendre encore meilleur, non ? «J’espère, sourit-il. C’est vrai que la plupart des footballeurs se marient très tôt pour avoir de la stabilité. Moi je n’ai pas eu cette chance mais aujourd’hui, ne penser qu’au foot, oui, ça peut faire du bien. Cette absence de ma femme toutes ces années, oui, ça a été pesant mais pour réussir, il faut faire des sacrifices. Mais ça y est, j’en ai assez fait. Attention hein, j’ai 30 ans, je n’en ai pas fini. Je veux aller haut au Luxembourg et si c’est avec Hostert, tant mieux. Mais je dois rester pro, ne pas me dire que ce sera facile». Un peu comme pour le mariage quoi.
Julien Mollereau
Matches amicaux
Samedi
15h : Swift – Fola
16h : Etzella – Hosingen
Grevenmacher – Rumelange
Hostert – Wiltz
17h : Steinsel – Mühlenbach
Dimanche
15h : Hamm Benfica – Rodange