Remis avant l’heure de sa grave blessure au genou, Kévin Quinol a fait gagner le Fola sur le fil, dimanche contre Mondorf (15e journée). Entretien avec un buteur heureux… et confiant pour 2024.
Il est coutume, en France, de répondre «comme un lundi» lorsqu’on vous demande «comment ça va?» en ce jour maudit de sortie de week-end et de reprise du train-train professionnel.
Kévin Quinol n’est plus un salarié lambda : depuis cet été, l’attaquant de 26 ans vit du football, mais s’il alliait encore travail et ballon rond, comme c’était le cas lors de ses six premiers mois au Fola, il aurait eu environ mille fois plus de plaisir à répondre à la question hier que les seize lundis précédents.
Et pour cause : écarté des terrains depuis le 20 août et cette grave blessure au genou contractée lors du derby d’Esch (4-1 pour la Jeunesse, 3e journée) et dont on a un temps craint, au sein du club doyen, qu’il s’agissait d’une rupture totale – elle n’était que partielle – des ligaments croisés du genou, le Folaman a enfin refoulé les pelouses de BGL Ligue, dimanche contre Mondorf, alors qu’on lui prédisait une indisponibilité d’au moins quatre mois.
Mieux : vingt grosses minutes après son entrée, il a offert sur le gong au Fola, toujours lanterne rouge, un succès (3-2) qui lui permet de boucler la phase aller sur une note d’espoir. Avant de rentrer, dès aujourd’hui, dans la région lyonnaise pour les fêtes de fin d’année, l’avant-centre a pris le temps hier de revenir sur ce happy ending, dont il espère qu’il en appellera un second, le maintien, en mai.
On imagine que le moral est au beau fixe, en ce lundi…
Kévin Quinol : C’est clair! On a fini de la meilleure des manières. On a eu quelques soucis durant cette phase aller, mais on a quand même réussi à accrocher quelques équipes et aujourd’hui, on est satisfaits. On va pouvoir préparer au mieux la deuxième partie de saison.
Dans quel état d’esprit étais-tu au moment de ton but vainqueur de la 94e minute?
Sur le moment, c’était un peu flou (il rit)! D’abord parce qu’il y a eu un doute sur le fait que je sois hors-jeu ou pas puis, dans un second temps, parce que tous les joueurs sur le terrain et le banc étaient réunis autour de moi. J’étais heureux, tout simplement. À présent, je vais me ressourcer auprès de ma famille et bien me reposer en vue de la reprise de janvier. Il faudra reprendre différemment de cet été.
Te revoir sur les terrains en 2023 était quelque chose d’assez inattendu.
Les médecins avaient prévu quatre mois complets d’absence, mais je n’ai pas eu d’opération donc j’ai pu vite reprendre les séances de kiné, l’entraînement et la préparation et, à titre personnel, c’est une victoire d’avoir pu réintégrer le groupe si vite.
Une rupture partielle du ligament croisé, ça ne se soigne pas vraiment : comme c’est partiel, le ligament tient toujours, mais il ne tient à rien. Il faut donc renforcer les muscles et continuer à jouer comme ça. Rejouer avant la trêve, marquer et gagner, c’est une belle performance! Je suis content, pour moi et le club.
N’y avait-il pas un risque à jouer dès ce dimanche sachant que derrière, tu avais deux mois supplémentaires pour parfaire ta préparation?
Il y a toujours une prise de risque, d’autant qu’avant cela, je n’avais joué que 30 minutes avec la réserve. Mais aux entraînements, je n’avais pas de douleurs, pas de gêne, alors le coach (Stefano Bensi) s’est dit : « pourquoi pas? ».
De l’appréhension? Dans la tête, ça dure cinq minutes, mais une fois sur le terrain, il n’y a plus d’appréhension. Et puis moi-même, je me sentais prêt, je l’avais dit au coach.
Le fait d’être désormais 100 % focus sur le football a-t-il facilité ce retour accéléré?
C’est sûr que ça change! J’ai un mode de vie différent, j’ai plus la tête au foot et moins aux autres préoccupations du quotidien. C’est mieux. Chaque jour, je pouvais aller chez le kiné, et j’avais un programme à faire chez lui, c’était beaucoup plus facile.
Maintenant, je dois rendre au club cette opportunité qu’il m’a donnée. À titre personnel, j’aimerais faire mieux que la saison passée (7 buts en 16 matches), mais pour être honnête, tout ce que je veux, c’est qu’on se maintienne.
Si je fais le calcul rapidement, je pense qu’on a perdu dix-douze points sur la phase aller
Comment as-tu vécu cette phase aller loin des terrains?
Au début, c’est dur de se dire qu’on ne peut pas aider l’équipe mais après, on a un autre rôle. Étant tous les jours au club, je passe plus de temps à regarder l’équipe, je peux plus facilement voir les petites erreurs des autres et leur parler après l’entraînement.
Je peux aussi, avec les autres cadres, dire ce que je ressens. J’ai essayé d’aider l’équipe au mieux.
Quelle analyse fais-tu de la première partie de saison de tes équipiers sans toi?
J’ai vu une équipe qui a envie, une équipe qui se bat toujours pour tirer le meilleur, mais une équipe jeune, qui doit encore apprendre pour ne plus laisser filer de points. Il y a des matches qu’on aurait dû gagner, et d’autres qu’on n’aurait pas dû perdre. Si je fais le calcul rapidement, je pense qu’on a perdu dix-douze points sur la phase aller.
Avec 12 points de plus, vous seriez aujourd’hui cinquièmes…
Je sais… Mais on fera mieux sur la deuxième partie de saison, j’en suis sûr. On va montrer qu’on a des qualités, qu’on a une belle équipe et qu’il ne faut pas nous voir trop vite en PH.
À quel point ce succès contre Mondorf change-t-il la donne dans la course au maintien?
Dans tous les cas, on va devoir gagner beaucoup de matches pour s’en sortir. On est satisfaits, contents de nous, on recolle un peu, mais on sait qu’on devra faire beaucoup mieux durant la deuxième partie de saison.