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[BGL Ligue] Kevin Holtz : «Quand on voit que même Abreu n’a pas encore été sélectionné…»


Fini le bleu Ettelbruck, Kevin Holtz se met au maillot jaune pour commencer à songer au titre. (Photo : Luis Manngorrinha)

Kevin Holtz a lancé lundi, à Niederkorn, sa deuxième carrière après plus de deux décennies sous le maillot ettelbruckois. Et forcément, comme début, il aurait pu rêver mieux que cette reprise sous Covid.

Le désormais ex-meneur de jeu excentré d’Etzella a fait la route dès samedi avec Yannick Bastos, simplement pour s’assurer qu’il n’était pas porteur du virus. Belle entrée en matière pour un garçon qui aspire à passer un cap en changeant de crèmerie après de longues années de fidélité au Nord.

C’était comment, samedi, les tests en laboratoire ?
Kevin Holtz : Bizarre. J’aurais aimé voir du monde mais beaucoup de coéquipiers avaient rendez-vous aux alentours de 8-9 h. Yannick et moi, on était les seuls à se présenter à midi. Je me suis retrouvé avec une dame en blouse d’infirmière et avec un masque, et cela a été dix secondes un peu « dégueulasses ». Le coton-tige reste coincé. Dire qu’il va falloir faire ça toutes les semaines, je sens que je ne vais pas aimer. Franchement, c’est plus dur qu’un entraînement de deux heures sans ballon.

Et puis ça fait loin d’Ettelbruck de faire ça tous les vendredis, pendant dix petites secondes…
Oui, c’est vrai que la majorité de mes coéquipiers habitent dans le sud, mais moi, les vendredis, je bosse. Il va falloir que je me libère même si, apparemment, les prochains tests nous pourrons les faire dans un labo du nord du pays, Yannick et moi.

Cette histoire vous pourrit-elle un peu ce moment de transition ? Ce passage à un projet plus ambitieux ?
Oh non, je suis heureux. Cela fait combien de temps qu’on n’a plus joué au foot ? Trois mois ? J’ai arrêté de compter. Alors même si on est à trois dans le vestiaire, qu’on doit arriver avec un masque, qu’on ne peut pas faire de duels, que tout est bizarre, pas grave. De toute façon, j’ai déjà retouché le ballon avec des potes d’Ettelbruck. Techniquement, le ballon, je pense que ça va aller.

C’est dur de passer à autre chose, même quand on sait qu’on vient de faire un choix très logique ?
J’ai commencé le football à Ettelbruck à l’âge de six ans. Cela fait vingt-et-un ans quand même. Je suis un peu triste mais heureux de pouvoir jouer l’Europe, un titre…

Je me suis retrouvé avec une dame en blouse d’infirmière et avec un masque, et cela a été dix secondes un peu « dégueulasses »

Il y a un passage presque obligé – même s’il est un peu tiré par les cheveux – dans les interviews de joueurs débarquant dans un club du standing du Progrès, désormais : pensez-vous que cela peut vous offrir une opportunité, même minime, de revenir en sélection ?
Difficile, mais pas impossible. En fait, mes chances seront plus élevées ici qu’à Ettelbruck même si je joue aussi bien. Mais quand on voit que même Artur Abreu n’a pas encore été sélectionné…

Ah parce que ça vous interpelle aussi ?
J’ai cité son nom parce que c’est l’un de ceux dont on a le plus parlé, mais on pourrait nommer dix autres gars dans le même cas. C’est juste que quand on voit le nombre de places occupées désormais par des joueurs évoluant en pro, il n’en reste plus beaucoup pour ceux qui sont ici, au pays.

Roland Vrabec pourra peut-être vous y aider ?
Mon père avait l’air assez positif avec mon choix. Moi, je n’ai fait qu’échanger quelques messages avec le coach, pas plus. Je sais juste qu’il me voulait et c’est le plus important. Dans un premier temps, mon but, ça va être de jouer. Je pense qu’il me voit dans une position plus centrale que celle que j’occupais à Ettelbruck mais je suis polyvalent sur trois postes. Donc je vais attendre de voir. Mais je suis sûr que je vais franchir un palier parce que j’aime avoir la balle et que cela sera plus évident ici qu’à Ettelbruck.

Quand il était (très) jeune, votre père a joué dans l’un des clubs ennemis de l’époque, les Red Boys. Ça vous avait effleuré ?
Non et lui non plus puisqu’il ne m’en a pas parlé (il rit). C’était il y a quoi ? Vingt-cinq, trente ans ? Il n’y est même pas resté longtemps. Je n’étais même pas né et je ne suis même pas sûr que ça l’ait énormément marqué.

Entretien avec Julien Mollereau