bLe directeur sportif du Titus Pétange, Laurent Libert, fait autant profil bas que son staff et ses joueurs alors que le club grimpe à la troisième place.
Commençons par un petit jeu. Complétez la phrase suivante : voir le Titus Pétange 3e aujourd’hui, c’est…
Laurent Libert : Pfiou… C’est… surréaliste ?Je dois être très honnête, je suis assez surpris.
Et si on vous dit qu’on ne vous a plus vus mauvais depuis un certain temps et qu’au contraire, cela semble assez logique ?
Oui, vous avez raison. On a effectivement toujours été bons. Mais quand je vois tous nos départs cet été, le fait que l’on évolue avec un effectif désormais bien plus réduit, on ne savait vraiment pas où se situer il y a trois mois. Mais en ce moment, on prend beaucoup de plaisir à aller au stade et à regarder jouer cette équipe.
Mais cela se fait-il vraiment avec moins d’argent, comme vous l’aviez postulé il y a un an et demi, en changeant de projet ?
Déjà, par rapport au Titus qu’on connaissait avant, il y a eu moins de mouvements que fut un temps. Mais on ne s’est trompés sur aucun joueur et on ne pouvait de toute façon pas. Quand le budget est plus petit, on doit faire très attention, tout optimiser bien plus attentivement.
J’ai l’impression qu’on a bien bossé. Je ne dis pas que la masse salariale est forcément de beaucoup inférieure à avant, mais on a en tout cas quatre à cinq joueurs de moins dans l’effectif.
Kempes Tekiela, est-ce votre plus gros coup ?
Pour moi, non. Mais c’est ce que vous pensez ?
Par rapport à la place qu’il prend dans le secteur offensif et le fait qu’il décharge un peu Artur Abreu de ses obligations…
Ah, oui, c’est vrai, entre lui et Kai Merk, on est effectivement moins dépendants d’Artur. Moins prévisibles aussi, du coup. Mais si je vous dis qu’on a peut-être fait mieux cet été, c’est peut-être parce qu’avec ce qu’il avait déjà montré dans le passé avec le Progrès, il était attendu à ce niveau. D’autres ne le connaissaient pas du tout.
Pétange 3e, aujourd’hui, c’est… surréaliste?
Après tout, la meilleure recrue de l’été, c’est peut-être Yannick Kakoko, coach de 32 ans qui est en train de brouiller les cartes.
Oui, hein! On en est très contents. C’était une prise de risque calculée. Il n’a pas beaucoup d’expérience dans ce milieu, mais on sait qu’il connaît le football. Oui, quand je vois les autres entraîneurs de BGL Ligue, ils ont tous dix ans d’expérience en plus. Mais on voulait rester sur la ligne de la jeunesse à tous les niveaux.
Joueurs, staffs… même moi je ne suis pas très vieux, j’ai 39 ans. Mais c’est aussi pour ça qu’on lui a donné un contrat de trois-quatre ans. Pour trouver de la stabilité avec lui. On ne veut plus voir écrit dans votre journal qu’on est un exemple d’instabilité!
Un coach d’à peine 30 ans qui brille à ce point, cela va attirer la convoitise de clubs plus huppés.
C’est sûr, Kakoko ne passe pas inaperçu, on sait. Mais il sait que chez nous, il va trouver de la stabilité. Il ne l’aura peut-être pas ailleurs.
Ce serait plus simple de retenir un bon coach en devenir avec un projet qui colle à la réalité du moment plutôt qu’à celle vendue par le staff dimanche, alors que vous venez de monter sur le podium : le maintien et rien d’autre.
Ah, mais je les rejoins complètement! Vite, les 35-36 points et on verra après. On a bien tremblé la saison passée et le staff et les joueurs étaient nombreux à être déjà là. Mais là, ça commence déjà à sentir bon, oui. Je m’interdis de dire quoi que ce soi d’autre. Mais notre objectif, ce n’est pas de voir l’Europe. No stress!
Mais cela ne pourrait-il pas devenir une perspective crédible assez rapidement ?
L’Europe? On est beaucoup trop loin pour se projeter. Et si ça arrive, on sait que c’est un boulot énorme derrière.
Mais si vous finissez l’année 2022 contre Strassen et Mondercange avec deux victoires à domicile, cela va vite devenir votre seul souci : terminer le plus haut possible. Non?
Avec des « si« … Si on gagne nos deux matches, on aurait combien? 30 pts? Pfff… oui, mais moi, vous savez, même avec un quatre sur six pour finir l’année, je pourrais vivre. Pour nous, il reste plus simple de gérer des chocs contre le Swift ou le F91 que ce genre de matches pièges.