Julien Cétout, treize ans de professionnalisme derrière lui, débarque à l’US Mondorf. Il va y apporter une expérience dingue, acquise au contact de joueurs comme Olivier Giroud ou Clément Lenglet.
Julien Cétout, 33 ans, débarque en Division nationale avec un CV long comme le bras. C’est Mondorf qui va en profiter durant au moins quatre mois, le temps de voir si les deux parties se plaisent. En attendant, ce garçon passé par près de 300 matches professionnels, majoritairement en Ligue 2 à Tours et Nancy, qui a disputé une saison de Ligue 1 avec l’ASNL, a recommencé à jouer au foot au stade John-Grün flanqué de l’humilité qui assure généralement aux anciens pros une réussite concrète en BGL Ligue. Son coach, Serge Wolff, ne l’envisage pas au poste de substitution d’arrière droit qui a parfois été le sien au fil de sa carrière, mais bien au cœur du jeu, devant la défense.
Vous n’avez plus rejoué depuis le mois de mars, avec Béziers. Le coronavirus a flingué votre fin de carrière?
Julien Cétout : Non, du tout! En fait, j’étais arrivé en janvier 2019 à Béziers, où j’avais signé pour un an et demi, même si la prolongation de l’aventure était liée au maintien du club en Ligue 2. On ne s’est pas maintenus et ils voulaient quand même que je prolonge mais certains problèmes au genou ont fait qu’il commençait à devenir dur de conserver ce rythme professionnel. Alors j’ai mis un terme à ma carrière. Mais en restant prêt pour un dernier challenge. Il fallait juste que mes genoux se reposent car ça devenait vraiment limite.
Le coronavirus était donc finalement une aubaine. Comment vont vos genoux, près d’un an plus tard?
Ils sont reposés. Toutes les blessures que j’ai pu avoir dans ma carrière, à chaque fois, ce sont mes genoux qui ont pris. Ils sont dans un sale état, ils avaient besoin de souffler. Surtout que j’ai fait énormément de synthétique dans toute ma carrière, qui a commencé à 13 ans en centres de formation. Et les synthétiques, ça n’aide pas.
C’est une vie de camaraderie. Mon souci, c’est de ne pas décevoir ceux qui m’ont fait confiance
Vous avez en plus joué très longtemps à Nancy sur un synthétique, non?
Je suis arrivé en 2014 et ils devaient changer la surface l’année suivante mais finalement, ça a traîné (NDLR : elle le sera finalement en 2017). Passer trois ans à jouer dans ces conditions ne m’a pas aidé.
Quel est le plan à Mondorf?
Sur ces quatre petits mois, d’ici à la fin de saison, ce sera d’apporter ce que je peux en termes d’expérience, de conseil. Et essayer de maintenir le club. On verra en fin de saison, pour savoir comment va ma santé et si on est content de moi.
Que connaissez-vous du football luxembourgeois qui puisse garantir que vous saurez vous adapter en aussi peu de temps?
Je le connais via des amis qui jouent ici. Aniss El Hriti (NDLR : l’ancien latéral du F91) est un copain d’enfance. Je suis aussi proche de garçons comme Mabella et Dembélé (NDLR : du RFCU). Ils m’ont expliqué comment ça fonctionnait. L’obligation du nombre de joueurs luxembourgeois sur la feuille de match, etc. C’est un championnat moins physique que la Ligue 2 mais avec de bons petits joueurs, bien techniques. C’est un bon niveau, il ne faut pas croire que ça ira rien qu’en marchant. Mais c’est vrai qu’il existe toujours le risque de ne pas pouvoir s’adapter. Il faut s’imprégner d’une autre forme de travail. J’ai les capacités de me dire que je dois faire le maximum dans ce cadre différent, où les joueurs ne sont pas concentrés 24 heures sur 24 sur le football. C’est une vie de camaraderie. Moi, mon souci c’est de ne pas décevoir ceux qui m’ont fait confiance. Ce n’est pas parce qu’on a un nom qu’on doit se prendre pour ce qu’on n’est pas. Je veux être l’égal de mes partenaires.
Je commence seulement à rattraper le temps perdu avec mes enfants
Donc travailler. Avez-vous commencé votre reconversion?
J’ai commencé ma reconversion bien avant ma fin de carrière, je suis dans l’immobilier… au Luxembourg. Ma compagne est de Villerupt. Alors on est revenus. Finalement, c’est un beau hasard. Au Grand-Duché, je peux reprendre le foot amateur dans un milieu qui est quand même assez professionnel. Cela me permet de faire la bascule que je n’aurais pas pu faire ailleurs.
Vous allez rencontrer un flot de jeunes joueurs, en DN, qui rêvent encore de professionnalisme. Que leur conseilleriez-vous?
Je ne voudrais pas leur raconter du pipeau. Jouer en Ligue 1, c’est exceptionnel à un point que vous ne pouvez pas vous imaginer. Mais il faut bosser comme un acharné. Quand vous aurez joué trois, quatre ou cinq saisons à un tel niveau, alors vous pourrez commencer à profiter du fruit de votre travail. Mais d’ici là, ne comptez pas vos heures. Moi, je n’ai pas eu de relation avec mes enfants parce que j’étais vraiment axé foot. J’ai fait des sacrifices que je ne regrette pas. Mais je commence enfin, depuis quelques mois, à rattraper le temps perdu avec eux.
Cela vous aura permis de jouer avec quelques joueurs d’un sacré niveau. Des Olivier Giroud, Laurent Koscielny ou autre Clément Lenglet…
Je suis content pour eux de la carrière qu’ils ont faite. Ce sont tous de super mecs. Je suis fier d’avoir joué avec eux. On sentait qu’ils avaient quelque chose en plus. Mais de mon côté, j’ai peut-être manqué de professionnalisme. Je suis un bon vivant et je n’ai pas fait tous les efforts au bon endroit et au bon moment. Et puis je me suis fait deux fois les ligaments croisés à des périodes charnières. Vous savez, je suis d’origine antillaise. On aime bien faire la fête et bien manger. On n’est pas assidus sur tout. Si je l’avais été, j’aurais peut-être pu faire plus d’années en Ligue 1.
Entretien avec Julien Mollereau