La concurrence s’effondre. Le rythme fou soutenu par le Fola, le F91 et le Swift depuis la reprise a pratiquement bouclé l’affaire du podium. Reste une place européenne à conquérir. Par qui ?
C’est un train d’enfer que mènent ces trois-là. En l’espace de trois semaines anglaises, le début d’année 2021 a dessiné le podium au point qu’on a du mal à se dire qu’il pourrait encore changer d’ici à la fin de la saison, même avec quatorze matches restants. Le bilan comptable en dit long : 19 points sur 21 possibles pour le Fola avec un goal-average de +13; 15 points sur 24 pour le F91, qui s’en sort avec un honorable +8; 22 points sur 24 pour le Swift, qui décroche la timbale : en huit matches, il s’est fendu d’un bon gros +17.
Derrière, ça ne peine pas à suivre, non : cela semble avoir déjà renoncé. Mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle totale puisque l’annulation de la Coupe, il faut dire, a créé de toutes pièces un accessit pour le 4e, qui se qualifiera pour la toute première Conference League. En désespoir de cause, il faudra sans doute se rabattre là-dessus et la 16e journée est symptomatique de cet abandon qui semble définitif de l’ambition de monter sur la boîte.
Differdange a réussi l’exploit de se faire battre à Rosport alors qu’il menait 0-2 à la pause contre la pire équipe jusque-là de l’année, Wiltz s’est fait accrocher au Cents par le RM Hamm Benfica, la Jeunesse s’est faite fesser à Hesperange, le RFCU, très bon, a perdu un match qui aurait pu basculer dans son sens… mais ne l’a pas fait. Finalement, seul le Progrès a (encore) fait le job pour se maintenir à flots mais lui part de tellement loin et compte encore tellement de blessés – ce qui rend son évolution très aléatoire –, que c’en serait presque une demi-information.
Le Progrès peut-il revenir ?
Aujourd’hui, le Swift, troisième, compte huit points d’avance sur Differdange, son plus proche poursuivant. Il en a neuf sur Wiltz. Onze sur la Jeunesse et ainsi de suite. Comment imaginer une seule seconde que les postulants à l’Europe, déclarés ou pas, puissent revenir à l’heure actuelle ? Car le rythme de ceux qui peuvent encore espérer finir à la quatrième place n’est pas vraiment rassurant.
Differdange ? Il a pris 7 points sur 21 possibles et galère offensivement depuis que Buch se retrouve esseulé en pointe à la suite de la blessure de Joachim. Wiltz ? 8 sur 21 avec de sérieuses difficultés à voyager. La Jeunesse ? 11 sur 21 avec ce qui ressemble à une sérieuse dépendance à son nouvel attaquant, Moussa Maazou, sans qui son nouveau système de jeu perd en crédibilité. Le RFCU ? 12 sur 21 avec cette fâcheuse tendance à montrer qu’il a du fond, mais qu’il lui manque parfois la forme, notamment devant le but. On le voit bien, à une semaine de la trêve internationale qui va permettre à tout le monde de se ressourcer physiquement et moralement, le rythme n’est pas du tout le même. Il y a le top 3 et les autres.
Le Progrès, lui, peut-il revenir ? Poser la question, c’est un peu y répondre. Les Niederkornois, grands déçus du moment, remontent aujourd’hui de manière inexpliquée au classement. C’est au moment où il est le plus démuni en termes d’effectif qu’il commence enfin à trouver le rendement qu’il aurait dû avoir dès le début de la saison. Il a lui pris 15 points sur 24 en les arrachant souvent avec les dents, en dépendant beaucoup du rendement de Bilal Hend et Ryad Habbas. Stéphane Leoni, son coach, a reconnu que les chiffres du moment revêtaient une forme de «miracle».
On saura vite si ce miracle peut durer : samedi, le Progrès va défier le F91 au Nosbaum. Trois heures trente plus tard, le RFCU recevra le Swift. Si la tendance se confirme après ces deux nouveaux chocs, il faudra se rendre à l’évidence.
Julien Mollereau