Si Carlos Fangueiro, le coach du F91, avait su qu’Hassan Nader n’avait absolument rien fait physiquement pendant cinq mois durant l’arrêt du foot au Portugal, au printemps dernier, il ne l’aurait pas recruté. Vu son niveau du moment… il aurait eu tort.
Le 29 juin 1994, Hassan Nader a marqué le seul but de la sélection nationale marocaine contre les Pays-Bas de Dennis Bergkamp (2-1) devant 60 578 spectateurs, lors du troisième match de la phase de poules de la Coupe du monde américaine.
Il vous semble encore avoir fière allure, vingt-sept ans plus tard, le Hassan Nader du F91 qui a du feu dans les jambes en cette fin de saison et vient d’inscrire six buts et de donner deux passes décisives sur les sept dernières rencontres de championnat ? C’est sans doute parce que ce n’est «que» le fils de l’ancien international marocain, auteur en son temps de 162 buts en 407 matches professionnels, majoritairement de Primeira Liga, avec notamment un passage de deux saisons au Benfica Lisbonne.
À dire vrai, on s’est longtemps demandé quel était le lien de filiation. Le Hassan Nader (prénom Mohcine) qui a débarqué l’été dernier à Dudelange était plus inquiétant qu’ébouriffant, ne mettait pas un pied devant l’autre. Mais au moins Carlos Fangueiro, son coach, sait-il pourquoi cela a pris tellement de temps à son attaquant avant de redevenir celui qui avait planté 17 buts en D3 portugaise avec Olhanense la saison passée : «Et c’est une chose qui m’a beaucoup dérangé ! J’étais très attentif à lui depuis quelques années, je suivais ses matches, et quand il est arrivé ici, il m’a étonné négativement en m’avouant qu’à cause du Covid, il n’avait rien fait du tout pendant cinq mois ! Rien ! J’ai eu envie de lui casser la tête direct et je lui ai dit bien en face que si j’avais su ça, je ne l’aurais jamais fait venir.»
Six buts et trois passes en sept matches
Une fois son contrat de deux saisons signé, il n’y avait plus qu’à remettre physiquement sur pied le Lusitano-Marocain, qui se sent plus à l’aise en anglais qu’en français et n’a vraiment enfin sorti la tête de l’eau qu’à Rosport (0-4), le 10 avril dernier. Le déclic. Entré à la 64e minute, il sort du terrain avec un bilan de deux buts et une passe décisive. Depuis, en six rencontres, il a rajouté quatre pions et deux passes. Ainsi, sur le dernier mois de compétition, Hassan est impliqué dans 40 % des buts d’une équipe qui a reconquis sa place de leader. «En ce moment, c’est un monstre, se réjouit Fangueiro. C’est impossible de l’arrêter tellement il va vite. À moins de faire faute.»
Le joueur de 26 ans, devenu l’arme de destruction massive du F91, se réjouit d’avoir accepté ce challenge, malgré la difficulté de lancer sa saison dans un football «plus physique et plus agressif». Heureux d’être européen, il espère «mettre le double de buts l’an prochain» et, bien évidemment, jouer «la Champions» cet été. Histoire de dépasser au moins son père sur un point, lui qui a joué sept matches continentaux pour deux buts, dans les années 90 : «Mon père, de toute façon, il est heureux si je suis heureux. Et en ce moment, je suis TRÈS heureux !»
Julien Mollereau