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[BGL Ligue] Hamm, la réunion qui a tout changé


Andrade, Souto, Inacio, Bukvic : 50% du recrutement hammois sur une seule et même photo. Autant de paris que de réussites. (photo Julien Garroy)

Le club benfiquiste, surprenant troisième aux moyens limités, est parvenu en quelques mois à réorienter totalement sa politique sportive. Et, depuis trois mois, en tire d’incroyables bénéfices…

Le 16 juin au matin, Carlos Da Costa, le directeur sportif benfiquiste, est réveillé de très bonne heure par une excellente nouvelle. Après lui avoir annoncé la veille que non, finalement, il ne viendrait pas parce que Rumelange avait fait la contre-offre qu’il fallait, Inacio Cabral revient vendre ses services alors que le club court après lui depuis deux ans. Il est 7h30. Da Costa saute dans son pantalon et donne rendez-vous au défenseur central dans ses bureaux d’Art Thermic, à Niederkorn, pour signer tout ce qui doit l’être avant la fin du marché des transferts, le soir même. Fin, en catastrophe mais en apothéose, de quatre mois et demi d’un boulot de dingue.

Le 23 avril, après une défaite 1-2 à domicile contre Käerjeng qui renvoyait Hamm à une position de relégable à quatre journées de la fin, quelques membres du comité suggèrent pourtant à Dan Santos qu’il serait bon de commencer à préparer l’équipe pour la relégation en PH. Ceux-là ne devaient pas le savoir mais plus d’un mois et demi plus tôt, dans les locaux d’Art Thermic, avait eu lieu une réunion en très petit comité assez cocasse. Ce soir-là, Carlos Da Costa a rendez-vous avec son entraîneur, Dan Santos. Au moment de s’asseoir, chacun dégaine un listing, préparé de longue date. Dessus, à peu près quinze noms chacun. Et une belle surprise : «80% des noms qu’on avait étaient exactement les mêmes !», glisse Da Costa dans un grand éclat de rire. Et ce ne sont pas des joueurs de PH…

«Certains pensent qu’ils sont CR7»

Faire le constat qu’il faut moins de jeunes, plus de leaders, plus de muscles au Cents est alors à la portée de tout le monde. Tomber exactement sur les mêmes noms pour y remédier et faire fi de leur pedigree en se disant que c’est possible de les attirer, avec peu d’argent et alors que le club lutte encore (et luttera jusqu’au bout) pour sa survie, ça, c’est culotté.

«Pourtant, on a réussi à avoir tous nos premiers choix», s’étonnerait presque Da Costa. Hormis deux, qui lui auraient pourtant tenu à cœur : le rosportois Steinbach, qui a filé à la Jeunesse, et le Differdangeois Sinani, parti à Mondorf. Cet hiver, la quête d’un numéro 10 sera d’ailleurs le grand chantier.

Mais après la «réunion listing», le boulot est titanesque. Da Costa et Santos passent des heures chaque jour sur leur téléphone. Le premier a déjà pu se rendre compte par le passé que nombre de sélectionnables, désormais, «pensent qu’ils sont CR7 et estiment valoir des fortunes». Alors lui et Santos ont ciblé des «gars en retrait», des «revanchards», «ceux qui n’ont plus leur chance». En France, Angers fonctionne comme ça et cela lui réussit plutôt bien.

C’est devant que cela débarque en premier. Mokrani, «qui renaît chez nous», se félicite le président Zinsmeister. Et Yao, «en qui Mondorf ne croyait plus et on ne savait pas pourquoi, avoue Dan Santos. Mais on ne voulait pas le savoir.»

Le technicien refuse de l’admettre, mais il doit avoir un truc avec les laissés-pour-compte. La saison passée, Bertino et Menèssou avaient débarqué avec des étiquettes d’ingérables. Après neuf mois, ils sont tous les deux repartis plus «haut», au F91 et à la Jeunesse.

«Souto et Inacio n’étaient pas prévus»

Arantes, bras droit du coach sur le terrain, serine pendant trois mois Souto, qu’il connaît pour avoir travaillé avec lui à la Provençale, pour lui demander de rempiler plutôt que de prendre sa retraite. Le milieu signera finalement 24 heures seulement avant Inacio, une semaine seulement après Bukvic, que Hamm a galéré pendant des semaines à joindre. «Souto, avec qui on a eu au moins dix réunions, et Inacio n’étaient pas prévus du tout, on n’y croyait pas, concède Santos. Mon boulot à moi, c’était de convaincre les joueurs de gagner moins qu’ailleurs, mais pour le plaisir.»

Au bout d’une énorme dernière semaine de stress, Hamm a rebâti un effectif de fond en comble et hormis Deligny (F91), en retrait, ne s’est trompé sur personne. Cinq mois plus tard, il est troisième de DN et solide à pleurer. Il a suffi d’une réunion en plein marasme pour ça.

Julien Mollereau