L’attaquant du Fola a encore quatre matches pour faire mieux que les 32 buts de Dave Turpel, référence absolue dans ce siècle. Ah oui, et aussi pour devenir champion…
En 75 années depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le club des joueurs à plus de trente buts sur une saison est extrêmement sélectif. Il y a bien moins d’un élu par décennie en moyenne et ils ne sont que six, depuis 1946, à avoir atteint cette marque assez légendaire.
Mais les générations actuelles dépoussièrent sérieusement le mythe, puisque ce week-end, un doublé contre Rodange pourrait permettre à Zachary Hadji de rejoindre Pierre Piskor (2009, 30 buts) et Dave Turpel (2018, 32 buts) au panthéon des flingueurs les plus prolifiques de BGL Ligue. Voir un gamin de 24 ans entrer dans l’Histoire par la très grande porte est aujourd’hui une perspective très crédible : sur ses vingt derniers matches, le Français n’en a fini que quatre sans marquer et il s’est fendu cette saison de sept doublés et trois triplés.
Ces prochains jours et semaines, certains redresseurs de statistiques au cynisme consommé s’amuseront sûrement à minimiser l’exploit sur le point de s’accomplir en rappelant que l’avant-centre du Fola aura bénéficié, pour monter sur les épaules des géants, de la première saison de l’histoire à 16 clubs. Et donc de trente matches. «Oui, bon, il a mis 28 buts mais n’a joué que 24 matches», rappelle son coach, Sébastien Grandjean.
Point de référence de ce siècle, Turpel, alors à Dudelange, avait lui joué l’intégralité des rencontres de son club, soit 26 apparitions. Hadji, dans le meilleur des cas, en disputera 28 cette saison, ce qui permettra tout de même de fixer assez facilement son niveau de performance, de le comparer au boss du XXIe siècle.
Les joueurs des années 50, 60 et 70… effacés
En attendant, la litanie des noms qu’il a effacés, ou va effacer, s’égrène gentiment. Mercredi, contre Hostert (5-2), Hadji a dépassé les 27 buts de Jules Gales (Spora, 1951), mais aussi de Johnny Grettnich (Etzella) et Jean-Pierre Hoffmann (Jeunesse) en 1973. Il a rejoint Rainer Schönwälder (Union, 1968) et peut égaler dimanche Mikhail Zaritski (Mertzig, 1998) en se contentant d’un petit but contre Rodange.
Dépasser les 29 buts le ferait déjà entrer dans les annales de son propre club, puisqu’il dépasserait aussi Jean Schumacher, meilleur buteur du championnat 1955 et référence absolue du Galgenberg. «C’est tout ce que je lui souhaite, s’enthousiasme Grandjean. J’espère même qu’il pourra aller déloger Turpel.» Il lui faudrait pour ça inscrire au moins quatre buts sur les quatre dernières rencontres du club d’ici à fin mai. Et c’est loin d’être impossible. D’autant qu’à Rodange, Nedzib Selimovic s’en fait un peu après deux «matches références» lors du derby contre Pétange (0-1) et du nul arraché à Niederkorn (1-1) : «Contre le Progrès, on a continué à jouer avec nos armes du moment : bas. On ne peut pas se permettre de jouer autrement et ces derniers matches, on arrive à protéger la profondeur. Mais tout ça, on risque de le payer ce week-end au niveau de la fatigue. On ne peut pas changer les cartouches, nous, et eux seront très, très sérieux.»
Une grosse proposition sur la table
L’Histoire est donc en salle d’attente et le staff du Fola convaincu que la mentalité du joueur – qui aurait pu inscrire un doublé contre Hostert, mais a préféré la jouer altruiste en offrant un but à Sinani en fin de rencontre – sera récompensée par quelque chose d’immense.
Forcément, ses dirigeants ont fait leur job, de leur côté. Hadji a, sur la table, une offre de prolongation à la hauteur de son nouveau statut de star de la BGL Ligue. Il paraît qu’elle le satisfait, mais vu son rendement actuel, ses agents (très implantés en Belgique et aux Pays-Bas) ne feraient pas leur boulot en ne sondant pas l’étranger. Il ne partira toutefois pas pour un projet au rabais, dans une D2 batave ou autres. Mais plus il scorera, plus il intéressera…
Julien Mollereau