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[BGL Ligue] Gonçalo, défenseur de la nation dans les rues


L’ailier du FC Differdange passe désormais aux tacles les deux pieds décollés, pour que les contrevenants comprennent bien que les sorties sont encadrées. (Photo Editpress/Julien Garroy)

Imprévisible sur le terrain, l’ailier differdangeois Gonçalo Almeida, policier dans le civil, ne fait plus de passements de jambes, mais des verbalisations.

Plus de protège-tibias mais des gants et un masque. Gonçalo Almeida, « Gonzo» pour le monde du football, continue de se protéger. Avant que l’état d’urgence ne s’installe partout en Europe, c’était les coups des défenseurs, désormais, c’est du virus. Car lui est resté aux premières loges, pendant que les autres footballeurs du pays restent à la maison, à guetter la fin de ce cauchemar.

Lui voit ça de près. De très près même : «Depuis que ça a commencé, on a énormément de travail, on fait beaucoup de contrôles. Les gens sont inconscients, ils ne respectent pas vraiment les consignes du gouvernement. On a croisé des gens qui ont tout simplement pris leur voiture pour aller se promener, pour « passer le temps » comme ils disent.» Jusqu’à hier, ses interventions n’étaient que préventives. Aujourd’hui, on passe aux tacles les deux pieds décollés, pour que les contrevenants comprennent bien : «Cela va effectivement devenir plus cher de faire n’importe quoi. Je ne comprends pas pourquoi le confinement n’est pas respecté. C’est quand même pour notre bien!»

«Pas facile d’aller courir quand on rentre à 22 h»

Ce soir, dans un monde idéal, Gonçalo Almeida aurait dû préparer un déplacement crucial pour l’Europe du côté de Pétange. Au lieu de ça, il va patrouiller pour mettre au pas les derniers insouciants, loin de toute idée de jeu et de football. «Ça me manque, reconnaît-il, mais on a un tas de choses à faire en ce moment. J’essaye d’aller courir, mais ce n’est pas facile quand on rentre à 22 h du boulot.»

Il n’en a pas beaucoup parlé à ses coéquipiers – exception faite de Kenan Avdusinovic – qu’il estime assez «sérieux» pour rester à la maison, même «Geoff (Franzoni), un peu fou, mais respectueux! Un homme marié et qui a un enfant», mais ses parents sont inquiets. Lui aussi, un peu. Il voit bien ce qui se passe en Italie «et ce n’est pas beau à voir».

Seul point positif, relayé par un autre flic de la DN, Dino Ramdedovic : «On a l’impression que les gens n’ont plus envie de sortir de chez eux pour porter plainte à propos de choses qui n’en valent pas la peine.» «On a l’impression effectivement qu’il y a moins de boulot à côté du coronavirus, confirme Gonçalo. Et on ne fait encore pas trop d’heures supplémentaires.» Vivement le moment, tout de même, où il n’aura plus le souci du virus et où il pourra repenser au ballon…

Julien Mollereau