Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Alors que la FLF a désormais le droit de boucler la saison fin juin, la plupart des joueurs s’inquiètent : ils avaient, eux, prévu (et payé) leurs grandes vacances…
Guinée, Mali, Côte d’Ivoire. Le défenseur d’Etzella Losseni Keita devait retourner voir ses pays d’origine, au mois de juin. Mais l’annonce de Paul Philipp, hier, concernant l’éventualité de repousser la fin de la saison de DN jusqu’au bout du bout de l’année scolaire, l’a poussé à agir en urgence et à se heurter à la réalité du moment : «Les lignes des compagnies aériennes sont surchargées, il faut parfois attendre 45 minutes avant de parvenir à joindre quelqu’un par téléphone et procéder à une annulation.»
Le solide Nordiste n’est pas le seul à essuyer une larme en ce moment. En fin d’année dernière, plusieurs présidents de club avaient haussé le ton quand l’état des terrains n’en finissait plus d’entraîner des reports qui menaçaient les vacances d’hiver de leurs joueurs, assénant que ces derniers étaient payés et qu’ils devaient donc rester à leur disposition.
Mais le mois de juin, c’est LA période estivale incontournable des joueurs de BGL Ligue et tous ont pris une claque, car le créneau est minuscule et qu’il ne faut pas le rater. Jeff Lascak par exempl : l’attaquant rosportois devait, lui, partir visiter le Brésil sitôt la dernière journée de championnat bouclée. Ses vols et ses hôtels étaient payés, l’investissement financier conséquent. Et les embrouilles ne font que commencer : «Si on doit jouer plus longtemps, pas le choix, il faut que je reste. Le foot me paye, je ne peux pas faire n’importe quoi. Je devais partir avec ma copine. Elle est ravie… On n’a pas encore trop parlé de tout ça, c’est un sujet délicat.»
Cette épidémie et ses conséquences vont en créer, des crises de couples. Pas mal de femmes de footballeurs luxembourgeois vont sillonner le monde sans Monsieur, en maudissant la BGL Ligue.
Quant aux trous de trésorerie… «Qui va me rembourser mes vacances, s’étrangle le milieu de terrain rodangeois Dino Ramdedovic. On est pas mal en DN à en avoir pris, c’est une évidence. Ils n’ont qu’à annuler le championnat, comme au basket!»
Si du côté du promu on s’autorise à dire qu’on ferait mieux de ne pas continuer à jouer, c’est aussi qu’on est menacé de relégation et qu’on a une solution en or pour régler le problème : «On en a déjà parlé entre joueurs : tu fais monter les deux équipes de PH actuellement les mieux classées et tu joues la saison prochaine à seize équipes, avec trois relégations à la fin.»
Facile, mais on sait d’avance que cela ne sera pas aussi facile. Et l’on sous-estime aussi peut-être l’envie des joueurs eux-mêmes d’aller au bout de la saison. «Vu la passion que j’ai pour le foot, reprend Losseni Keita, mes vacances, tant pis : je les annule.»
Lui qui rentabilise depuis quelques jours la petite salle de musculation qu’il a fait installer chez lui, rit un bon coup : «On finira le championnat et après on grattera bien quelques jours de repos supplémentaires! C’est pour ceux qui devront jouer la Coupe d’Europe que ça va être très compliqué.»
A priori, le Victoria ne sera pas concerné non plus par l’Europa League, mais Lascak a quand même un peu de mal à déglutir. «Je me demande si les clubs ou la fédération vont faire un geste» pour faire passer la pilule de l’annulation des congés. Des camps de vacances à Mondercange all inclusive?
Julien Mollereau
