Le Fola, en supériorité numérique pendant une heure et menant au score, a lâché deux points dans le Nord. Le F91 revient à quatre longueurs.
Gros coup de pompe pour le Fola, accroché par une lanterne rouge en infériorité numérique. (Photo : Julien Garroy)
Jeff Strasser a fait comme d’habitude : au coup de sifflet final, il a réuni ses joueurs dans le rond central du petit terrain pourri du Getzt, rattrapant même par la voix certains déçus qui s’étaient déjà engouffrés dans le tunnel, oublieux de la tradition du club. Mais ce qu’il avait à leur dire, hier, devait être nettement moins gentil qu’à l’ordinaire puisque leur ordinaire, aux Folamen, justement, se nourrissait depuis fin octobre de sept succès consécutifs en Division nationale. Après avoir rompu le cercle avec une tête d’enterrement, le coach a lâché le strict minimum : «Quand tu penses, à un moment donné, que tu peux faire le minimum parce que l’adversaire est à dix contre onze, il arrive que tu sois puni. Ce qui s’est passé aujourd’hui, ça ne doit pas arriver, ça ne doit JAMAIS arriver.» Mais c’est arrivé. Contre le dernier de la classe, le Fola, qui menait 1-0 – grâce à un penalty de Souto consécutif à une faute de Sène en position de dernier défenseur (et expulsé pour ça) – n’a pas pris les trois points, permettant au F91 mais aussi à Differdange de recoller. À son échelle, une faute professionnelle.
Il paraît que c’est piégeux, le Nord. Même quand Wiltz est lanterne rouge, c’est le genre de clichés qui a la vie dure. Le Fola s’est rappelé pourquoi, hier. Il n’en est pas revenu avec la même impression de facilité que celle qui traverse tout son début d’année 2015, mais avec des occasions de but quand même. Il y a eu un dégagement de Doyennel dans les talons d’Hadji qui a failli surprendre un Ruffier vigilant (11e), un essai de Françoise au ras du poteau (16e), une tête à bout portant mais sans puissance de Hornuss (24e), une tête décroisée d’Hadji à quelques millimètres du montant (53e), une reprise de Lukic sur la barre (75e), et une dernière tentative d’Hadji qui frôla le cadre (90e). Bref, de la matière pour tuer le match bien plus tôt.
> Un petit chef-d’œuvre signé Verbist
Mais à la limite, même en manque de réussite, il y avait aussi les moyens pour les Eschois de se contenter de ne pas perdre deux points dans leur périple. Au rythme où va le F91 et puisque leur duel avec le champion en titre, avec le retour à la normale dans la hiérarchie de la DN, va redevenir le maître-étalon des conversations de fin de saison, les hommes de Jeff Strasser auraient dû sentir le vent souffler.
En première période, Keita a enlevé du bout du crâne une balle de but à Verbist. Et juste avant la pause, le défenseur central s’est aidé de la main pour détourner du but une tentative de Mersch. Sans penalty ni carton rouge, lui… Le Fola n’a rien changé en deuxième période. Ni son manque de réalisme, ni certaines petites largesses ponctuelles. Sur une touche anecdotique, le Belge Verbist en a profité pour passer un sombrero à Keita et enchaîner sur un lob qui bat Hym (1-1, 56e).
Recroquevillés, hargneux, héroïques ou plus humblement «plein de cœur» comme ils diront, les Wiltzois s’accrochent à ce point au goût d’exploit. S’arrachent même les cheveux quand Jans se fait chiper un ballon aux alentours de sa surface par le même Verbist, mais qui bute cette fois sur Hym (80e). Eux n’auraient pas craché sur les trois points. Avec les succès du CSG et de Mondorf, mais aussi le nul de Canach, se permettre ce petit coup de folie est plus que bienvenu. Avant le choc des mal classés, dimanche, précisément à Canach, qui sera une dernière chance, il sera question de sauver sa peau et d’y mettre autant de volonté. Trois jours plus tôt, les gars du Fola seront revenus à leur vie de tous les jours : lutter pour le titre, malgré ce petit caillou douloureux dans leur chaussure…
De notre journaliste Julien Mollereau