Le club nordiste a payé un lourd tribut humain à la pandémie. Et il souffrait qu’on envisage de le faire jouer dans ces conditions. Heureusement, c’est annulé.
Il est un peu dommage, comme trop souvent, qu’il faille attendre les injonctions non négociables du ministère de la Santé pour que la logique prévale dans le football luxembourgeois. Mais le FC Wiltz ne s’en formalisera pas puisqu’il avait l’impression, ces 72 dernières heures, qu’on avait du mal à reconnaître son statut de cluster majeur : sur intervention des instances gouvernementales, ses matches contre Differdange dimanche et le Fola, mercredi prochain, ont été annulés après que l’intégralité de l’équipe et du staff a été mise en quarantaine.
La situation était devenue hors de contrôle et huit cas de Covid étaient recensés depuis vendredi matin, après le test positif d’Éric Kaba. Le reste des touchés : Dachelet, Kovacevic, Ibrahimovic, Pita, Vaccaro, Schroeder et Timmermans. On oscille entre cinq et six titulaires indiscutables, dans un effectif déjà sérieusement entamé par les blessures, ce qui n’est qu’un détail de l’histoire. Qu’on ait envisagé de jouer malgré tout avait un peu agacé, dans un club qui a déjà payé un très lourd tribut à la pandémie, deux de ses bénévoles ayant perdu la vie ces derniers mois, dont le père du troisième gardien, Joé Scholzen.
Forcément, au moment où le ministère de la Santé puis la FLF ont officialisé l’information du report, Dan Huet a poussé un ouf de soulagement teinté d’amertume bien compréhensible : «Qu’on me dise qu’on risque désormais de ne pas pouvoir finir la saison, ou qu’on me parle d’Europe, mais c’est le moindre de mes problèmes. Aujourd’hui, j’ai des gars qui sont au lit, fort touchés, incapables de se mettre debout et j’ai au club des personnes vulnérables. Alors ce report, c’était le seul verdict raisonnable. La façon dont la saison va se poursuivre quand on aura récupéré tous nos malades, ce n’est pas ma priorité.»
On est épuisés, vidés !
Dans cette tirade d’un coach agacé, il y a toutes les problématiques du moment. Déjà le fait que le coronavirus tire un trait définitif sur les ambitions que l’on voulait inventer au promu (qui ne les revendiquait plus depuis peu) puisque quand il faudra s’y recoller, dimanche prochain, contre la Jeunesse, à supposer qu’il n’y ait pas entretemps de nouveau cas répertorié, c’est tout un effectif qui sera tout juste de retour à l’entraînement et enchaînera ensuite jusqu’à la fin mai d’étouffantes semaines anglaises. Il y a aussi que mercredi soir, quand la 22e journée sera passée, les Nordistes auront trois journées de retard sur le reste de la division. Alors qu’il reste très exactement… trois journées de report : les 5, 19 et 26 mai.
Au moindre contretemps supplémentaire, Wiltz ne pourra donc plus finir sa saison et il faudra en passer par le système édicté par la FLF, visant à recalculer les points au prorata du nombre de rencontres disputées. Cela aussi, Wiltz s’en moque. «On veut juste ne plus avoir de malades et se concentrer de nouveau exclusivement sur le jeu», plaide Dan Huet. Son directeur sportif, Robert Janssen, est autrement plus définitif : «On est épuisés, vidés! Cette épidémie nous a usés jusqu’à la corde. Vivement que cette saison se termine.»
Julien Mollereau